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Trois questions pour comprendre le Forum économique de Davos

Créé en 1971, le Forum de Davos fête cette année sa cinquantième édition. Créé en 1971, le Forum de Davos fête cette année sa cinquantième édition. [Fabrice COFFRINI / AFP ]

Entre urgence climatique et désordres mondiaux, le Forum de Davos fête cette année son cinquantième anniversaire dans un contexte difficile. Du mardi 21 au vendredi 24 janvier, environ 2.800 participants se réuniront dans la station suisse, parmi lesquels une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Trois questions simples pour tout comprendre à l'événement et son édition 2020.

Tous les ans, la population de Davos, isolée à 1.600 mètres d'altitude à l'est de la Suisse, passe de 11.000 à 30.000 habitants à une période bien précise. Pendant trois jours, des financiers, entrepreneurs et responsables politiques de toute la planète se retrouvent pour discuter de la bonne marche du monde.

Qui y participe ?

Cette réunion annuelle, créée en 1971, est organisée par le Forum économique mondial («World Economic Forum» en anglais, WEF), une organisation à but non lucratif qui siège à Genève, en Suisse. Son fondateur, l'économiste allemand Klaus Schwab, 81 ans, en est toujours le président.

La 50e édition du Forum de Davos devrait réunir environ 2.800 participants venant de plus de 110 pays : patrons d'entreprises, décideurs économiques, scientifiques, activistes écologistes ou humanitaires, ONG... Parmi eux figurent également une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier. Après avoir annulé sa venue l'an dernier pour cause de «shutdown» (la paralysie partielle de l’administration fédérale américaine), Donald Trump sera cette année la vedette du Forum.

Le président américain sera accompagné dans la station suisse du vice-premier ministre chinois Han Zheng, de la chancelière allemande Angela Merkel, du président ukrainien Volodomyr Zelensky, de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du fraîchement élu chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.

Parmi les absents de marque figurent le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Boris Johnson - qui avait décrit le Forum de Davos à la BBC en 2013 comme «une constellation d'égos impliquant de gigantesques orgies mutuelles d'adulation» -, et le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, alors que la tension reste vive entre son pays et les Etats-Unis.

A quoi ça sert ?

Pendant le Forum, Davos devient un lieu d’échanges d’idées entre des personnes venues du monde entier. Le but du rassemblement est de discuter des conflits (principalement économiques, mais aussi géopolitiques), afin de tenter de concilier les intérêts des Etats avec ceux des entreprises. Dans l’article 3 de ses statuts, la fondation précise que sa tâche consiste à «améliorer l’état du monde» grâce aux «collaborations entre public et privé». Plus concrètement, les membres «identifient des problèmes au niveau mondial, régional et industriel, cherchent des solutions et, quand c’est possible, créent des partenariats pour agir».

Le mot d'ordre de cette 50e édition du Forum sera l'appel en faveur d'un monde plus «solidaire et durable», et les participants seront appelés à signer le «Manifeste de Davos» pour un modèle de capitalisme plus inclusif. «Le monde est en état d'urgence et la fenêtre pour agir est petite», a déclaré Klaus Schwab pour justifier ce thème. Le fondateur du WEF faisant ici référence spécialement au réchauffement climatique, placé au sommet des préoccupations des chefs d'entreprise participant au Forum, selon une étude publiée mercredi 15 janvier par le WEF.

Une problématique à laquelle il faut ajouter celle des tensions géopolitiques mondiales : conflit entre les Etats-Unis et l'Iran suite à la mort du général iranien Qassem Soleimani dans un raid américain, brouille entre Washington et Pékin au sujet du géant des télécoms chinois Huawei, banni des Etats-Unis par Donald Trump, multiplication des mouvements de contestation aux quatre coins du monde (Hong Kong, Algérie, Chili, Liban...), désaccords entre Washington et Paris concernant la taxe Gafa française...

Si aucune décision concrète d’importance internationale n’est prise à Davos, des affaires discrètes peuvent s’y conclure. Mais le Forum est souvent critiqué, car ses détracteurs le perçoivent comme un «club des riches» qui n'a pour but que de défendre le modèle capitaliste, mais aussi parce que les conditions qu’il regroupe peuvent favoriser le lobbying. C'est pour changer cette vision que, depuis quelques années, Klaus Schwab a mis à l'agenda de la réunion le climat et les inégalités, conviant désormais des activistes et des ONG. Ainsi, pour cette 50e édition, la jeune militante climatique Greta Thunberg (17 ans) sera présente - comme l'an dernier -, ainsi que Micah White, l'un des initiateurs d' «Occupy Wall Street», un mouvement de contestation né aux Etats-Unis dénonçant les abus du capitalisme financier.

Combien ça coûte ?

Le Forum économique mondial affiche un budget annuel de 200 millions de francs suisses (près de 200 millions d’euros). Un peu plus de la moitié est consacrée à l’organisation des forums, Davos étant le plus important mais pas le seul. L’autre moitié servant à payer le personnel.

La plus grande partie des recettes de la fondation provient des adhésions des entreprises (Total, Google, Sanofi, Veolia, etc.). En effet, pour être membres ou partenaires du «World Economic Forum», et ainsi pouvoir se rendre à Davos, elles doivent payer une cotisation annuelle dont le montant peur varier de 55.000 à 550.000 euros. Plus la cotisation versée est élevée, plus les privilèges des acteurs économiques sont importants : accès à des réunions ou à des dîners privés, possibilité d’envoyer plusieurs représentants au Forum... Pour 400.000 euros, il est par exemple possible d’obtenir le statut de «Strategic Partner». En revanche, le Forum est gratuit pour les participants «officiels», comme les dirigeants politiques ou les universitaires.

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