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Les syndicats d'Alstom reçus par le gouvernement

L'usine Alstom le 12 septembre 2016 à Belfort [SEBASTIEN BOZON / AFP] L'usine Alstom le 12 septembre 2016 à Belfort [SEBASTIEN BOZON / AFP]

Après le PDG d'Alstom, le maire de Belfort, c'est au tour des syndicats du constructeur ferroviaire d'être reçus mardi par le gouvernement, qui a promis d'aider à apporter «des commandes» pour maintenir la production de trains à Belfort.

Lundi, le président François Hollande a fixé comme «objectif» le maintien de la production de locomotives à Belfort et a sommé son gouvernement de se «mobiliser pour qu'il y ait plus de commandes». «Quand il y a de grandes filières qui doivent être soutenues, nous devons nous engager. En ce moment, c'est le cas pour la filiale ferroviaire avec Alstom», a ajouté le chef de l'Etat.

Le cap avait été fixé dès le matin à l'Elysée, en présence des ministres concernés (Economie, Industrie, Transports). «Le président nous a fixé un objectif, celui de faire en sorte qu'à Belfort les activités ferroviaires d'Alstom soient maintenues», a déclaré Michel Sapin après la rencontre.

L'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron le 12 septembre 2016 à Paris [CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP]
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L'ancien ministre de l'Economie Emmanuel Macron le 12 septembre 2016 à Paris

 

«Je pense que cet objectif est possible (...) c'est la responsabilité d'Alstom de le tenir», a réagi l'ancien ministre de l'Industrie Emmanuel Macron. Il avait promis «zéro licenciement» au printemps 2015 lors d'une visite à Belfort, a répété que la décision prise par le groupe avait été «soudaine, brutale, et inattendue».

Selon M. Macron, "il y a d'autres manières de gérer ces surcapacités et en particulier l'Etat, compte tenu de sa place dans la commande publique, compte tenu de son rôle pour Alstom, est évidement un partenaire indispensable".

Vidalies assure que Belfort restera un site de production 

En début de soirée, le secrétaire d'Etat aux transports Alain Vidalies a assuré que Belfort allait rester un site de production "dans les mêmes proportions qui existent aujourd'hui", en jugeant la décision d'Alstom "d'autant plus incompréhensible que nous sommes dans l'attente de décisions" sur plusieurs appels d'offres.

L'arrêt de la production de trains sur le site historique de Belfort d'ici à 2018, annoncé par Alstom mercredi dernier, est devenu un enjeu national à huit mois de l'élection présidentielle.

Le groupe prévoit de déplacer la production de locomotives vers Reichshoffen (Bas-Rhin), sans fermeture de site ni plan social, en proposant aux 400 salariés concernés des postes dans d'autres usines françaises.

Le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge lors d'une conférence de presse le 11 mai 2016 à Paris [PHILIPPE LOPEZ / AFP/Archives]
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Le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge lors d'une conférence de presse le 11 mai 2016 à Paris

 

Accusé de négligence d'un bord à l'autre de l'échiquier politique, l'exécutif a tenté de reprendre la main en convoquant jeudi dernier le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, pour lui imposer "une phase de négociation (..) avant toute décision définitive".

Après avoir rencontré lundi soir le secrétaire à l'Industrie Christophe Sirugue, le député-maire de Belfort, Damien Meslot (LR), et la présidente de région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS) ont souhaité que "les promesses se transforment rapidement en actes concrets" et ont averti qu'ils allaient "continuer à se battre tant que la direction n'aura pas annoncé le maitien du site Alstom de Belfort". M. Sirugue verra mardi les représentants syndicaux du groupe.

Selon M. Sapin, l'idée est de "travailler avec ceux qui, en capacité de passer un certain nombre de commandes en France, peuvent assurer le plan de charge qui permettra de sauver les activités ferroviaires d'Alstom à Belfort".

«Ca fermera quand même»

«Nous allons simplement expliquer que notre intérêt commun, à la SNCF, à la RATP, aux régions, c'est de maintenir une filière ferroviaire forte», a expliqué M. Sirugue lundi. Un pari délicat alors que ces marchés publics font normalement l'objet d'appels d'offres ouverts à des concurrents étrangers souvent moins chers.

Alstom : structure du capital et droits de vote [Paul DEFOSSEUX / AFP]
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Alstom : structure du capital et droits de vote

 

A Belfort, la mobilisation express du gouvernement n'a pas convaincu les salariés d'Alstom. «L'influence des politiques sur les groupes privés, on voit ce que ça a donné avec Florange», rappelle l'un d'eux. «C'est le moment des élections et ils sont tous pareils. Ils vont tous venir faire les beaux, et finalement, ça va fermer quand même», prédit un autre.

A l'inverse, André Fages, délégué syndical CFE-CGC du site franc-comtois, estime qu'"avoir une réaction aussi claire (…) de François Hollande, c'est quelque chose de positif".

L'Etat, qui détient 20% des droits de vote d'Alstom depuis février, grâce à des actions prêtées par Bouygues, s'est pour l'heure seulement engagé à acheter 30 nouveaux trains Intercités. Mais ces commandes profiteront à d'autres usines d'Alstom, et «ne seront malheureusement pas la solution pour l'avenir de Belfort», avait reconnu vendredi dernier M. Vidalies.

Un bâtiment du site Alstom de Belfort, le 7 septembre 2016 [Sebastien Bozon / AFP/Archives]
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Un bâtiment du site Alstom de Belfort, le 7 septembre 2016

 

Le groupe compte aussi sur le mégacontrat du RER "nouvelle génération", qui doit être attribué avant la fin de l'année par la SNCF et le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif). Un marché crucial pour son usine de Valenciennes, la plus grande en France avec 1.250 salariés.

Alstom espère enfin décrocher de nouvelles commandes pour la 5e génération de TGV, développée avec la SNCF d'ici fin 2017. De quoi peut-être sauver Belfort, si l'usine est maintenue jusque-là.

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