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La Grèce joue son avenir

La dette de la Grèce s’élevait à 312 milliards d’euros à la fin du premier trimestre, soit 175 % de son PIB.[SAKIS MITROLIDIS / AFP]

Que se passera-t-il lundi prochain ? A trois jours du référendum sur le plan d’aide proposé à la Grèce par la troïka (FMI, BCE et Commission européenne), l’incertitude la plus totale régnait hier autour de l’avenir du pays.

 

Si un sondage réalisé par l’institut GPO et publié hier donnait, pour la première fois, le «oui» («nai» en grec) vainqueur avec 47,1 % des voix, contre 43,2 % pour le «non» («oxi»), de nombreux ­citoyens restaient indécis, et les pré­cédentes consultations plaçaient le «non» largement en tête. La fermeture des banques et la mise en place d’un contrôle des capitaux, depuis lundi dernier, semblent toutefois avoir convaincu nombre de Grecs d’accepter l’offre des créanciers.

Mais le gouvernement d’Alexis Tsipras tentera jusqu’au dernier moment de les convaincre que le «non» lui permettrait d’obtenir un accord entraînant moins de sacrifices pour la population. Il compte en effet s’appuyer sur la volonté populaire pour mettre la pression sur ses créanciers.

 

Vers une sortie de la zone euro ?

La réussite de cette stratégie dépendra toutefois de la volonté de ces derniers de revenir à la table des négociations, et de leur inclination à faire des concessions. Et la fermeté dont ils ont fait preuve jusqu’à présent ne semble pas pencher en ce sens.

Si le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a répété hier que son gouvernement souhaitait «désespérément rester dans l’euro», et que son pays n’était de toute façon pas en mesure d’imprimer des drachmes, car «les presses ont été détruites», une ­victoire du «non» rendrait cette position difficile à tenir.

En l’absence de nouvelles négociations, la Grèce se retrouverait  privée de crédits, et pourrait être condamnée au «Grexit», soit une sortie de la zone euro, ce qui constituerait une situation inédite. «Un pays peut sortir de l’Euro s’il le souhaite, mais rien n’est prévu pour une situation dans laquelle les autres pays souhaitent son départ», analyse Eric Lamarque, professeur à l’IAE de Paris. Cela ajoute au flou général».

 

Le gouvernement menacé

La victoire du «oui», quant à elle, comporterait également une forte dose d’incertitude. Yanis Varoufakis a fait ­savoir hier qu’il démissionnerait, et il est probable que l’ensemble du gouvernement en fasse de même. Un tel résultat constituerait, en effet, un véritable désaveu de la part des électeurs. La Grèce se retrouverait, alors, sans dirigeants.

«Il n’y aurait plus d’interlocuteurs face aux créanciers, et l’organisation de nouvelles élections législatives mettrait du temps», estime Eric Lamarque. Or, le ­calendrier est très serré. La Grèce doit rembourser une nouvelle tranche de prêt de 3,5 milliards d’euros à la BCE dès le 20 juillet, et un gouvernement devra donc être en place à cette date. Par ailleurs, un non-remboursement, entraînerait de graves conséquences pour la Grèce : ses banques se verraient sûrement privées des crédits d’urgence accordés par la BCE, ce qui ouvrirait la voie à leur nationalisation.

Enfin, si un accord était entériné, la situation serait loin d’être réglée, alors que la dette de la Grèce s’élevait à 312 milliards d’euros à la fin du premier trimestre, soit 175 % de son PIB.

 

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