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Le coup de pompe chinois

Les gratte-ciels de Shanghai.[JOHANNES EISELE / AFP]

Pékin a annoncé hier, jeudi, une prévision de croissance pour 2015 «d’environ 7 %». Signe de la perte de vitesse du pays, et de son besoin de changement.

 

Ce chiffre fait rêver tous les pays développés, pourtant il ­inquiète la Chine. Le Premier ministre chinois Li Keqiang a annoncé hier, lors de la session parlementaire annuelle, que la croissance annuelle du pays avoisinerait 7 % pour 2015.

Un taux ­jamais vu depuis vingt-cinq ans chez le géant asiatique, qui connaissait, il y a encore cinq ans, une croissance à deux chiffres. Ce ralentissement, opéré toutefois depuis plusieurs années, ne semble pas inquiéter outre mesure le gouvernement chinois. Celui-ci semble faire le dos rond, avant de redresser la barre et changer de direction.

 

Une locomotive en panne ?

Le monde va devoir commencer à s’y faire, les années à plus de 10 % de croissance font figure de souvenirs pour la Chine. Une situation qui s’explique notamment par le niveau de ­développement toujours plus important de son économie. D’autant que la crise est passée par là.

«L’économie mondiale connaît une reprise compliquée et semée d’embûches», a rappelé hier le Premier ministre Li Keqiang, justifiant ainsi une baisse dans le rythme des exportations chinoises. Mais ce ­ralentissement s’explique aussi par la politique intérieure chinoise.

 

Moins d'industries polluantes

«Il y a eu trop d’investissements après la crise de 2008, notamment par les collectivités provinciales qui se sont beaucoup ­endettées», ­estime Jean-Joseph Boillot, conseiller au club du CEPII pour les pays émergents. Cet expert de la Chine pointe également du doigt «des énormes ­investissements dans les secteurs lourds comme la sidérurgie, le ciment ou la construction», qui se ­répercutent de façon ­démultipliée dans toute l’économie. 

De plus, le pays a ­engagé, depuis quelques années, une ­véritable guerre contre la pollution qui s’est traduite par l’abandon de ­certaines industries ­polluantes, et la réalisation d’importants investissements dans les énergies renouvelables. Des mesures qui pèsent sur l’économie.

 

Une nouvelle stratégie ?

Ce ralentissement de croissance n’est pas une surprise pour la Chine, qui a pu anticiper depuis déjà quelques années son besoin de changement stratégique. Avec l’arrivée du nouveau président Xi Jinping, en 2013, des mesures ont été prises pour relancer la consommation du peuple chinois.

Les salaires ont été ­légèrement augmentés et la politique de natalité assouplie. Le nouveau chef d’Etat s’est également tourné vers de nouveaux partenaires économiques : les pays émergents, et en particulier le continent africain. Mais sur la durée, c’est toute son économie que la Chine ­souhaite repenser.

Considéré comme «l’atelier du monde», le pays va désormais promouvoir la «montée en gamme de son commerce extérieur», a prévenu Li Keqiang, hier. «La Chine ambitionne de quitter peu à peu les industries de main-d’œuvre pour se tourner vers des secteurs à plus haute valeur ajoutée, de façon à rattraper la Corée et le Japon en termes de sophistication de l’industrie», explique Jean-Joseph Boillot. Une nouvelle stratégie qui ne devrait pas faire perdre au pays son rôle de locomotive mondiale, bien au contraire.

 

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