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Florange : Hollande justifie ses choix

Le président François Hollande arrive pour rencontrer les salariés d'ArcelorMittal à Florange, le 26 septembre 2013 [Nicolas Bouvy / Pool/AFP] Le président François Hollande arrive pour rencontrer les salariés d'ArcelorMittal à Florange, le 26 septembre 2013 [Nicolas Bouvy / Pool/AFP]

François Hollande a adressé jeudi un message de foi en la sidérurgie lorraine, sur le site mosellan de Florange meurtri par la fermeture de ses hauts-fourneaux, où il a promis l'installation d'un centre de recherches et une visite annuelle.

Le chef de l'Etat était de retour dans cette aciérie d'ArcelorMittal qu'il avait visitée pendant sa campagne présidentielle et dont les salariés se sentaient trahis par la fin d'activité de hauts fourneaux.

Une déception et une colère qui s'est traduite par des sifflets de manifestants réunis par la CGT, à l'arrivée du cortège présidentiel.

"Si M. Hollande vient uniquement nous redire ce qu'on sait déjà et serrer des mains, ça n'a aucun intérêt", résumait Edouard Martin, le charismatique leader local de la CFDT, avant la visite présidentielle suivie par quelque 120 journalistes.

"Il nous a trahis. A la limite, j'aurais préféré qu'il nous mente et qu'il ne vienne pas", lançait Pascal Olivarez (CFDT). Il regrettait l'absence du ministre Arnaud Montebourg, partisan d'une nationalisation temporaire, qui "avait pris le dossier par le bon bout".

"Il a du courage, il revient sur les lieux du crime", a tout de même reconnu Jean Mangin (FO).

Sur place, M. Hollande a rencontré la direction et, pendant plus de deux heures, les représentants syndicaux.

Le président François Hollande et Edouard Martin (d), leader de la Cfdt locale, le 26 septembre 2013 à Florange [Michel Euler / Pool/AFP/Archives]
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Le président François Hollande et Edouard Martin (d), leader de la Cfdt locale, le 26 septembre 2013 à Florange
 

Réunion "franche et respectueuse", a résumé la CGC (cadres). "Un peu hard au début", a-t-on commenté dans l'entourage présidentiel. "Les syndicats voulaient parler d'homme à homme. Après ça s'est détendu".

"Si demain il y a une relance de la demande d'acier, on ne pourra pas y répondre, car nos hauts fourneaux sont à l'arrêt, sans investissement, sans maintenance. On demande que le centre de recherche soit lié à nos hauts fourneaux, aujourd'hui c'est pas le cas", a dit Yves Fabbri (CGT).

Résultat, nouveaux sifflets au départ du chef de l'Etat.

"Je viendrai chaque année à Florange"

 

Entretemps, M. Hollande avait, dans une brève et vigoureuse déclaration sans note, assuré croire "en la sidérurgie", "en la Lorraine", "en la sidérurgie dans la Lorraine".

Florange, a-t-il annoncé, va accueillir un centre public de recherches sur l'acier de demain, à vocation mondiale, doté dès 2014 de 20 millions d'euros.

Il y aura "un comité de pilotage permettant d'associer non seulement les industriels du Bassin de Lorraine", mais également de toute la France, voire même du monde entier". C'est là, a affirmé le président "que seront développées les productions de demain et d'après-demain".

Il a aussi évoqué une "association des partenaires sociaux" qui "pourront juger de la réalité de cette recherche publique et de ce développement.

"Pour être certain qu'une annonce ne vient pas s'ajouter à une autre, je viendrai chaque année ici à Florange pour veiller aux engagements qui ont été pris", a promis le chef de l'Etat.

Après l'arrêt, en avril, des hauts fourneaux de Florange qui a touché 629 des quelque 2.500 salariés du site, FO avait déposé devant l'usine une stèle dénonçant la "trahison" de François Hollande.

Depuis, un accord entre le groupe et le gouvernement est intervenu, selon lequel le groupe ArcelorMittal s'est engagé à investir 180 millions d'euros sur le site sur cinq ans.

Le président, qui avait alors promis de retourner à Florange, est arrivé avec aussi dans son escarcelle un pacte Etat-Région (2014-2016) prévoyant 300 millions d'euros d'investissements pour des projets lorrains innovants. Sur cette enveloppe, 33 millions, dont 15 de l'Etat, seront consacrés au site d'Arcelor pour le développement d'une technologie de production d'acier faiblement émettrice de CO2 baptisée Lis (Low impact steel).

Arnaud Montebourg, qui l'automne dernier avait menacé de démissionner après le refus par François Hollande de son projet de nationalisation temporaire de Florange, est le grand absent de ce déplacement.

Officiellement, le ministre du Redressement productif est retenu par une réunion à Bruxelles. Mais il y a quelques jours, l'intéressé avait indiqué qu'il n'était "pas du tout au courant" de la visite présidentielle, signifiant ainsi qu'il n'était pas invité à accompagner le chef de l'Etat. Une absence qui a "un petit peu stupéfait" Jean-Louis Borloo, président de l'UDI. La ministre de la Culture Aurélie Filippetti, élue de la région, la suit en revanche de bout en bout.

Après Florange, M. Hollande est parti visiter la filière froide d'Arcelor, puis il devait participer à une table ronde à la préfecture avec des élus et des acteurs locaux.

Il devait ensuite se rendre à Pompey (Meurthe-et-Moselle) où une usine du fabricant américain Crown Bevcan (canettes métalliques pour boissons) offre un exemple de reconversion réussie.

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