En direct
A suivre

Dr. Martens, les bottines rock’n’roll

La Dr. Martens reste «la madeleine de Proust» des plus âgés. Avec nostalgie, ils se souviennent de leur paire de chaussures, symbole d’une adolescence désormais révolue.[CC/Anders Printz]

Presque cinquante ans après sa création, la bottine Dr. Martens «Original 1.4.60» est toujours l’emblème de la jeunesse rebelle des années punk-rock. Solide, résistante, authentique, la Doc est intemporelle.

 

Archives – Article publié le jeudi 29 novembre 2007

 

Découpées, coloriées, éraflées, décapées, les bottines Dr. Martens traversent les décennies sans prendre une ride. Car les Doc seraient réalisées, selon la marque, «comme aucune autre chaussure sur terre». Chaque adepte crée sa paire à sa manière, au gré des modes et des tendances. Certains les customisent, d’autres les collectionnent. Depuis quelques années, la marque adopte une nouvelle philosophie: «We still make the shoes, you still do the rest.» (Nous continuons à fabriquer les chaussures, vous faites le reste). Phénomène «intergénérationnel», la Doc ou DM’s est devenue avec le temps un accessoire de mode incontournable.

 

La « Doc », une chaussure orthopédique

Rien ne laissait supposer que la mythique bottine deviendrait un jour une icône de mode. L’histoire de la «Doc» débute en 1946, dans la commune de Seeshaupt, en Allemagne. En convalescence, après un accident de ski, dans les Alpes bavaroises, le docteur allemand Klaus Maertens conçoit, avec l’aide de son ami et ingénieur Herbert Funck, un soulier pour soulager sa douleur et faciliter la marche. Ensemble, ils créent une semelle dans un vieux pneu.

Deux ans plus tard, les chaussures sont commercialisées dans le pays de Goethe. La cible, ce sont les personnes âgées à la recherche de confort. Flairant le bon filon, le fabricant de chaussures anglais, Bill Griggs, originaire de Northampton, achète la licence de fabrication Dr. Maertens et anglicise le nom. La chaussure est alors baptisée Dr. Martens.

Afin de s’imposer sur le marché du «workwear» – vêtements de chantier –, Bill Griggs adapte le concept «Airwair». La semelle cousue Goodyear, rainurée et translucide, résiste aux liquides corrosifs et laisse son empreinte inimitable. Languette noire siglée, cuir épais, couture jaune surpiquée sont autant de signes qui deviendront rapidement les particularités de la marque.

Le 1er avril 1960, la première paire de Dr. Martens, baptisée pour l’occasion 1.4.60, est vendue au grand public. Ce modèle à huit trous, rouge cerise, au bout rond dont le talon est amorti grâce à un coussin d’air, offre un confort et un design hors du commun. Les chaussures Dr. Martens ne tardent pas à rencontrer leur public.

 

Les célèbres Dr. Martens « 1.4.60 » [Capture d’écran Youtube]

 

De la classe ouvrière à la culture punk

Destinée à l’origine aux ouvriers et aux agents des services publics britanniques, la chaussure utilitaire devient, au cours des années 1970, un symbole identitaire pour tous les contestataires. Elle marque l’appartenance à un groupe et à des valeurs sociales. Dr. Martens s’introduit dans le milieu punk-rock et fait partie intégrante du style vestimentaire des populations rebelles de l’East End londonien. A l’image du jeune Shawn, gamin des années Thatcher dans le film This is England, tous les adolescents de l’époque exigent de porter des Dr. Martens. Crête à l’iroquoise, blouson en cuir et «Docs» aux pieds, voilà la tenue fétiche des jeunes Anglais.

 

 

Dr. Martens, la paire de chaussure de l’adolescence rebelle [CC/Tarquin]

 

Mode et musique font bon ménage

Du rock au punk en passant par le ska, le gothique, le grunge ou la pop, tous les courants musicaux s’associent à la marque. Pour de nombreux groupes comme The Cure, The Clash ou les Red Hot Chili Peppers, la bottine au design rock’n’roll in- carne les valeurs de la contre-culture : liberté d’expression et créativité. Le bassiste des Sex Pistols, Sid Vicious, et le guitariste des Who, Pete Townshend, l’adoptent.

La Dr. Martens devient le «must» en matière de chaussures dans les années 1980. Elle est portée par les plus grandes stars internationales: Madonna, Elton John, Naomi Campbell, Kate Moss... et même le prince Charles. Rouge, verte, bleue, à fleurs, vernie ou unie, la Doc se démocratise. Les adolescents se l’arrachent et en font l’accessoire indispensable de leur garde-robe, à l’image des jeans, shorts et autres minijupes.

 

Vidéo : la fabrication d’un Dr. Martens

 

 

Le retour des Dr. Martens

La famille reste propriétaire de la marque Dr. Maertens. Quant à la société Griggs Group Ltd, elle fabrique les chaussures. A la fin des années 1990, la firme rencontre des difficultés. Les ventes chutent. De nouvelles semelles plus sportives apparaissent sur le marché et de nombreuses contrefaçons sont commercialisées.

Afin de fidéliser sa clientèle, le groupe innove et lance des campagnes publicitaires originales et attractives. Le succès est au rendez-vous. A l’occasion du quarantième anniversaire de la marque, en l’an 2000, Dr. Martens fait appel aux grands noms de la mode. Les créateurs du monde entier comme Vivienne Westwood, Paul Smith ou le Français Jean Paul Gaultier réalisent des modèles uniques inspirés de la Doc «Original 1.4.60». La marque lance également une série limitée intitulée «Millenium Edition». La Doc est décorée d’un dragon, signe astrologique de l’horoscope chinois.

Six ans plus tard, Dr. Martens fait un pas de plus dans l’univers de la mode. Le groupe lance des modèles customisés à l’effigie de personnalités représentant à travers leur art l’esprit de la marque : les acteurs Scarlett Johansson et Johnny Depp, la chanteuse Zazie, le leader du groupe Indochine, Nicolas Sirkis, ou la styliste Sonia Rykiel. Dr. Martens soutient les figures emblématiques de la scène musicale en signant des partenariats avec les artistes tels que Melissa Mars, jeune talent originaire de Marseille.

Le modèle original 1.4.60 reste l’un des articles de la marque le plus vendu. La Doc est définitivement ressortie du placard ! Phénomène «intergénérationnel», la Dr. Martens reste «la madeleine de Proust» des plus âgés. Avec nostalgie, ils se souviennent de leur paire de chaussures, symbole d’une adolescence désormais révolue.

 

Converse, l’étoile des baskets

Harley-Davidson, born to be wild

Les 8 mots du Rock’n’Roll

Les chaussures Paraboot misent sur le « Made in France »

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités