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Les chaussures Paraboot misent sur le "Made in France"

Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins [Philippe Desmazes / AFP] Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins [Philippe Desmazes / AFP]

L'entreprise iséroise Richard-Pontvert, fabricant des chaussures Paraboot, a très tôt fait le choix du "made in France", un gage de qualité qui lui permet aujourd'hui de connaître un croissance florissante dans un secteur sinistré par les délocalisations.

Créée en 1927 par Rémy Richard, la petite manufacture familiale a pourtant connu des phases de crise aiguë et a même frôlé la faillite en 1983. "A un moment donné, on hésitait. On s'est demandé s'il ne fallait pas délocaliser pour baisser nos prix", reconnaît sans ambages Régis Feuillet, directeur général de la société.

Par la volonté de ses dirigeants, la société a tenu bon et gardé son coeur de métier en France, ne délocalisant que des productions annexes.

Aujourd'hui, elle affiche une santé insolente: des exportations en hausse de 31% entre août 2012 et mai 2013, un objectif de progression du chiffre d'affaires de 5 à 10% par an et "pas un poil de dette", selon Régis Feuillet. Elle emploie 135 salariés en fabrication et 55 dans les magasins. En 2011/2012, elle a dégagé un bénéfice net de 1,5 million d'euros pour 18,2 millions de chiffre d'affaires.

Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins [Philippe Desmazes / AFP]
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Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins
 

Sur sa lancée du "made in France", Paraboot prévoit même de rapatrier la production de baskets de ville actuellement réalisée au Portugal. Le tout dans un secteur sinistré qui a vu ses effectifs fondre de 62% entre 2003 et 2012 pour tomber à 5.700 employés, selon la fédération de la chaussure. La production française de chaussures est elle passée de 61 millions de paires en 2003 à 21 millions de paires aujourd'hui.

L'Asie concentre désormais 87% de la production mondiale de chaussures.

"Par nos fournisseurs, on souffre indirectement de la crise du secteur", confie Marc-Antoine Richard, directeur de la production.

Par manque de clients, des fournisseurs disparaissent ou cessent de produire certains articles essentiels à la fabrication de chaussures: colle, fils, lacets, oeillet, contreforts. "On est sans cesse obligé de trouver des substituts", souligne Marc-Antoine Richard.

Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins [Philippe Desmazes / AFP]
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Fabrication de chaussures paraboot le 3 juin 2013 à Tullins
 

D'autant que l'entreprise, réputée pour la qualité de ses chaussures vendues entre 250 à 350 euros, s'attache à choisir avec soin ses matières premières. Pour ses cuirs, elle travaille depuis sa création avec la tannerie alsacienne Degermann.

Richard-Pontvert se revendique par ailleurs comme le seul fabricant au monde à réaliser ses propres semelles en caoutchouc, selon un procédé imaginé par son fondateur. Découpe, piquage, grattage du cuir, teinture des bords, rabotage de la semelle, laçage et mise en boite: pas moins de 150 opérations manuelles sont nécessaires pour élaborer une chaussure Paraboot.

"Dans une fabrication standard, il faut 15 à 20 mn pour fabriquer une chaussure. Nous, on met deux heures en moyenne", explique Pierre Colin, directeur commercial France.

"L'Asie cherche du made in France et l'histoire qui va avec"

Des chaussures paraboot alignées le 3 juin 2013 à Tullins [Philippe Desmazes / AFP]
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Des chaussures paraboot alignées le 3 juin 2013 à Tullins
 

Aujourd'hui, produire en France reste un défi, affirment les dirigeants, en citant des réglementations toujours plus strictes et les difficultés à embaucher. Mais c'est aussi un gage de qualité pour une clientèle fidèle. "Il n'y a pas de perversion du produit, c'est toujours le même, on le reconnaît", met en avant Clémentine Colin, directrice générale des magasins Paraboot.

Et à l'export, c'est un atout non négligeable, souligne-t-elle, car "l'Asie cherche du made in France et l'histoire qui va avec".

Depuis 1988, Paraboot dispose en outre d'un réseau de magasins en propre (29 en France, 2 en Belgique) qui lui permet de mettre en valeur son savoir-faire et de ne pas dépendre du bon vouloir des détaillants. "Sans les boutiques, on ne s'en sortirait pas comme ça. Ça a été un choix décisif", se félicite Augusto Gomez, secrétaire du comité d'entreprise de l'usine de Fures.

 
 

Seul bémol: les salaires qu'une ouvrière juge "trop bas". "Il y a encore pas mal de smicards. Pour moi, c'est pas assez payé parce que c'est un travail que j'ai mis longtemps à, apprendre", dit-elle, sans vouloir donner son nom.

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