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Chypre : la taxe bancaire refait son apparition

Le porte-parole du gouvernement chypriote Christos Stylianides, le 22 mars 2013 à Nicosie [ / PIO/AFP] Le porte-parole du gouvernement chypriote Christos Stylianides, le 22 mars 2013 à Nicosie [ / PIO/AFP]

D'âpres négociations se tenaient vendredi sur le plan de sauvetage des banques et de l'économie chypriote que Nicosie doit présenter d'ici lundi à ses partenaires européens, l'option d'une aide russe s'étant refermée mais celle d'une taxe bancaire refaisant son apparition.

Chypre est engagée dans d'"âpres négociations" avec la troïka des bailleurs de fonds (UE-FMI-BCE), a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides. "Dans les prochaines heures, nous allons devoir prendre des décisions importantes", a-t-il ajouté dans une brève déclaration.

Mais aucun détail n'a filtré sur les détails du plan qui doit en principe être soumis vendredi au Parlement de l'île méditerranéenne, et l'énervement de ses partenaires au sein de l'UE se faisait de plus en plus palpable.

Chypre doit trouver d'ici lundi 7 milliards d'euros, condition au déblocage par la troïka d'une aide de 10 milliards qui lui éviterait la faillite.

Un employé de la Cyprus Popular Bank manifeste devant le Parlement chypriote le 22 mars 2013 [Patrick Baz / AFP]
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Un employé de la Cyprus Popular Bank manifeste devant le Parlement chypriote le 22 mars 2013
 

La Banque centrale européenne (BCE) a indiqué qu'elle n'apporterait plus de liquidités d'urgences aux banques chypriotes à partir de lundi faute d'un accord acceptable sur le sauvetage de l'île.

L'idée d'une taxe sur les dépôts bancaires refaisait vendredi son apparition. Les deux grandes banques de Chypre, Bank of Cyprus et Popular Bank (Laiki), ont plaidé vendredi en faveur d'une tel prélèvement sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros.

Cette mesure est comprise dans l'accord actuellement négocié avec la troïka, a déclaré une source gouvernementale citée par l'agence chypriote CNA, assurant qu'il s'agissait de la "meilleure solution" dans les circonstances actuelles.

Pour tenter d'éviter la faillite à leur pays, les autorités chypriotes avaient conclu le 16 mars à Bruxelles un accord sur un plan de sauvetage prévoyant une taxe inédite sur tous les comptes bancaires de l'île, allant jusqu'à 9,9%, censée rapporter 5,8 milliards d'euros selon l'Eurogroupe.

Mais cette mesure avait provoqué un tollé et, malgré un amendement en vue d'épargner les petits épargnants, elle a été rejetée mardi par le Parlement. Une telle taxe aurait permis de mettre à contribution les fonds étrangers, notamment russes, déposés dans les banques chypriotes.

Des Chypriotes font la queue devant un distributeur de billets à Chypre, le 22 mars 2013 [Louisa Gouliamaki / AFP]
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Des Chypriotes font la queue devant un distributeur de billets à Chypre, le 22 mars 2013
 

"Il doit être clair pour tout le monde, citoyens, politiques et en particulier les 56 membres du Parlement, que dès lors qu'il s'avère qu'il n'y a aucune autre alternative immédiate, il ne devrait plus y avoir de retard dans l'adoption de la proposition de l'Eurogroupe d'imposer une taxe sur les dépôts supérieurs à 100.000 euros, pour sauver le secteur bancaire", a affirmé le directeur de Bank of Cyprus, Andreas Artemis, dans un communiqué.

La mesure semble d'autant plus inévitable que l'option russe caressée par Nicosie afin d'obtenir une partie de l'aide nécessaire s'est refermée.

Après deux jours de discussions à Moscou avec le ministre chypriote des Finances Michalis Sarris, la Russie, dont les liens économiques avec Chypre sont très forts, a indiqué ne pas être intéressée par les propositions de Nicosie.

M. Sarris avait proposé aux Russes de participer à la création d'une "société publique regroupant les actifs des gisements gaziers", selon le ministre russe des Finances Anton Silouanov. "Ils nous ont aussi proposé d'entrer (dans le capital) des banques. Mais aucun de nos établissements de crédit n'en a exprimé le souhait", a détaillé le ministre russe.

Le Premier russe Dmitri Medvedev a assuré cependant que la Russie "ne fermait pas la porte" à un soutien à Chypre, mais que Nicosie devait trouver avec l'UE une issue à la crise.

Manifestation devant le Parlement chypriote contre le plan d'aide européen, le 21 mars 2013 à Nicosie [Patrick Baz / AFP]
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Manifestation devant le Parlement chypriote contre le plan d'aide européen, le 21 mars 2013 à Nicosie
 

Du côté de l'Union européenne et de la zone euro, dont Chypre fait respectivement partie depuis 2004 et 2008, l'énervement grimpe, en particulier à Berlin.

La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu vendredi matin qu'il ne fallait "pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro", selon des propos rapportés par des députés de sa coalition, à qui elle s'est adressée lors de réunions fermées à la presse.

Dans le cadre de son nouveau plan, Nicosie proposerait l'instauration d'un fonds de solidarité et une législation sur la limitation des mouvements de capitaux.

Le fonds de solidarité utiliserait en particulier les liquidités des fonds de retraites de la fonction publique, et pourrait également être garanti sur les revenus à venir dégagés par l'exploitation, encore à l'étude, des importantes réserves de gaz naturel récemment découvertes au large des côtes de l'île.

 
 

Chypre a besoin de 17 milliards d'euros -- l'équivalent de son PIB annuel -- pour éviter la faillite, mais l'UE et le FMI refusent de prêter à Nicosie plus de 10 milliards d'euros, car ils tiennent à ce que la dette publique de l'île ne dépasse pas 100% du PIB en 2020.

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