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Detroit menacée d'une mise sous tutelle

Le gouverneur du Michigan, Rick Snyder, à Detroit, le 1er mars 2013 [Bill Pugliano / Getty Images/AFP] Le gouverneur du Michigan, Rick Snyder, à Detroit, le 1er mars 2013 [Bill Pugliano / Getty Images/AFP]

Les habitants de Detroit, une ville du nord des Etats-Unis devenue un symbole de pauvreté et violence urbaine, pourraient se retrouver sous tutelle, ultime solution pour éviter la faillite.

Le gouverneur de l'Etat du Michigan Rick Snyder devrait nommer un tuteur dans les jours qui viennent afin d'empêcher une faillite du berceau de l'industrie automobile américaine, surnommée "Motor City".

Cette décision d'un gouverneur républicain et blanc de prendre le contrôle d'une ville essentiellement noire et démocrate a généré d'intenses critiques.

"L'Etat du Michigan est-il devenu le nouveau Mississippi?", a indiqué le révérend Wendell Anthony, responsable local de l'Association pour l'avancement des gens de couleur (NAACP), invoquant l'histoire des attaques sur le droit de vote des noirs dans le sud du pays.

Detroit a besoin d'un partenaire "et non d'un superviseur", a-t-il ajouté mardi lors d'une conférence de presse.

Une mise sous tutelle par l'Etat serait fondamentalement anti-américaine, a estimé John Philo, directeur de l'association de défense des droits des travailleurs Sugar Law Center for Economic and Social Justice, qui a intenté des poursuites pour bloquer les mesures d'urgence.

Le gouverneur du Michigan en conférence de presse à Detroit le 1er mars 2013 [Bill Pugliano / Getty Images/AFP]
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Le gouverneur du Michigan en conférence de presse à Detroit le 1er mars 2013
 

Les tuteurs ont le pouvoir de décider unilatéralement de fermer des départements entiers de la municipalité, de modifier les contrats de travail, de vendre des actifs de la ville et de réécrire des législations.

Alors que de tels superviseurs contrôlent actuellement quatre villes du Michigan plus petites que Detroit ainsi que trois circonscriptions scolaires, leur taux de réussite est loin de faire l'unanimité.

Les partisans des mesures d'urgence affirment toutefois que c'est la seule solution.

Pour Sandy Baruah, directrice de la Chambre de commerce régionale, "le rythme des changements doit être beaucoup plus rapide que la structure politique actuelle ne le permet et un gestionnaire d'urgence pourra changer cette dynamique".

"Blocage politique"

Selon le quotidien conservateur Detroit News, la ville fait l'objet d'un "blocage politique et a besoin d'aide. Plus vite Snyder peut nommer un tuteur, mieux c'est". Une position partagée par son concurrent libéral Detroit Free Press.

 
 

Les tensions raciales nées avec le mouvement des droits civiques, notamment des émeutes dévastatrices en 1967, ont généré un exode de la classe moyenne blanche vers la banlieue. Les entreprises ont suivi, privant la ville de l'essentiel de ses revenus.

S'en est suivie une détérioration des services municipaux, incitant toujours plus de gens à partir, avant le coup de grâce: la crise de l'automobile, qui a débouché sur une douloureuse restructuration du secteur ces dernières années, accompagnée de dizaines de milliers de licenciements.

Detroit, entre-temps, est devenue un repaire de gratte-ciels art déco en ruine, d'usines désaffectées et de maisons abandonnées. La criminalité est endémique. L'argent est devenu si rare que les pompiers avaient commencé à acheter leur propre papier toilette... Jusqu'à ce que le Detroit Free Press le dévoile et que des montagnes de rouleaux leurs soient donnés.

Il y a des signes d'espoir. De nombreux artistes et jeunes ont emménagé dans la ville pour bénéficier de loyers bon marché et parfois pour faire revivre ses joyaux architecturaux. Le maire Dave Bing est, lui, salué pour avoir nettoyé la ville là où nombre de ses prédécesseurs corrompus avaient échoué.

Mais la municipalité, surendettée, est à court de liquidités. Elle devrait finir son exercice fiscal avec un déficit budgétaire de 100 millions de dollars et un passif de plus de 14 milliards de dollars.

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