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La Chine, tête de pont de l'EPR

La ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq (C) entourée de memebres de la délégation française et de responsables chinois lors d ela visite du chantier des deux réacteurs nucléaires EPR de Taishan (sud de la  Chine), le 22 janvier 2013. [Ursula Hyzy / AFP] La ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq (C) entourée de memebres de la délégation française et de responsables chinois lors d ela visite du chantier des deux réacteurs nucléaires EPR de Taishan (sud de la Chine), le 22 janvier 2013. [Ursula Hyzy / AFP]

Les montagnes sombres et arrondies tombent à pic dans la baie où sont ancrés une multitude de petits chalutiers cachés par la brume. Un peu plus loin, le long de cette côte du sud de la Chine, surgit le gigantesque chantier des deux réacteurs nucléaires EPR de Taishan.

Le plus gros réacteur du monde par sa puissance, de conception française, devrait faire ses débuts en Chine où les travaux vont bon train depuis la première coulée de béton en 2009. Les premiers essais de Taishan 1 sont prévus fin 2013.

Seuls deux autres de ces réacteurs de 3è génération conçus par Areva sont en cours de construction, l'un en France et l'autre en Finlande. Lancés plus tôt, ils ont pris du retard.

"Nous pouvons bénéficier du retour d'expérience des deux autres chantiers en France et en Finlande", a fait remarquer le directeur général de la Taishan Nuclear Power Joint Venture Company (TNPJVC), Guo Limin, en faisant visiter mardi le chantier à la ministre française du Commerce extérieur Nicole Bricq.

"Nous avons une vitrine et cette vitrine est en Chine", lui a répondu la ministre, ajoutant: "Nous souhaitons du côté français poursuivre cette coopération avec les tranches 3 et 4".

L'immense superficie de 800 hectares, dont une grande partie taillée à l'explosif dans la montagne éventrée, est en effet prévue pour un total de 6 unités, d'une durée de vie de 60 ans.

Pour cette rarissime ouverture à la presse, les prises de vues du chantier ont été interdites par les autorités chinoises durant la visite du chantier. On y aperçoit, sur l'un des deux cylindres massifs, un gigantesque dôme métallique de 240 tonnes, destiné au coeur du réacteur. Posé par une des grues les plus puissantes du monde, il est encore visible, en attendant d'être recouvert de 7.000 tonnes de béton.

Le chantier de Taishan 1 et 2, qui représente un investissement de 6 milliards d'euros et emploie 16.000 personnes, a pour maître d'oeuvre la TNPJVC, une coentreprise détenue à 70% par l'électricien nucléaire chinois CGNPC et à 30% par EDF.

Plus de 80 entreprises françaises travaillent dans le secteur nucléaire chinois, de la robineterie aux pompes diesel de secours.

Un petit immeuble propret loge les nombreux expatriés du site, situé au coeur de la province industrielle du Guangdong, qui compte plus de 105 millions d'habitants.

La Chine, dont la production énergétique est encore dominée à 70% par le charbon, est le pays au monde qui construit le plus de centrales et "le" grand marché potentiel de l'atome.

Elle opère et construit des réacteurs français, américains et russes, ainsi que d'autres qu'elle a elle-même développés. Actuellement, une quinzaine de réacteurs seulement y fonctionnent et une trentaine sont en construction, dont 4 AP1000 de conception américaine, 2 EPR et un réacteur russe.

Le pays a décidé en octobre d'autoriser à nouveau la construction d'un "petit nombre" de centrales, suspendue après l'accident de mars 2011 à Fukushima au Japon. Les nouveaux réacteurs devront être conformes aux normes de sécurité de la troisième génération, celle des EPR et AP1000, avait précisé le gouvernement.

"Il y a une très belle opportunité pour des partenariats avec des entreprises françaises et les joint-ventures vont se développer de plus en plus, à mon avis, si nous montrons bien que nous sommes le partenaire stratégique" et cela "crée fortement de l'activité en France", a estimé Luc Oursel, le président d'Areva, qui participait à la visite.

"Les besoins en énergie sont absolument gigantesques", a renchéri le PDG d'EDF, Henri Proglio, dont le groupe est présent depuis 30 ans dans le nucléaire chinois. Une expérience qui, affirme-t-il, lui a "permis de garder la maîtrise de l'ingénierie nucléaire à un moment où la France ne construisait plus de centrales".

Les transferts de technologie nucléaire vers la Chine posent toutefois question, alors que la deuxième puissance économique mondiale concurrence les pays industrialisés dans un nombre croissant de secteurs.

Suite à des révélations de presse sur un accord entre EDF et CGNPC pour développer un nouveau réacteur, l'Inspection générale des Finances a ainsi été chargée d'examiner les relations entre la filière nucléaire française et ses partenaires étrangers, notamment chinois.

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