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Grande-Bretagne : une austérité plus longue que prévue

Le ministre des Finances britannique, George Osborne(g) et Danny Alexander (d), secrétaire en chef du Trésor, le 5 décembre 2012 à Londres [Andrew Winning / AFP] Le ministre des Finances britannique, George Osborne(g) et Danny Alexander (d), secrétaire en chef du Trésor, le 5 décembre 2012 à Londres [Andrew Winning / AFP]

Le ministre des Finances britannique George Osborne a été forcé d'admettre mercredi que le pays allait être soumis à une cure d'austérité plus longue que prévu, un revers pour le gouvernement qui a imposé un tour de vis impopulaire sans précédent depuis 2010.

"Nous prolongeons la consolidation (budgétaire) d'un an supplémentaire, jusqu'en 2017/18", a-t-il devant la Chambre des Communes lors de son "discours d'automne", sorte de mini-budget très attendu lors duquel le grand argentier de la Couronne fait le point sur l'état de l'économie et dévoile des mesures correctrices avant la fin de l'année budgétaire fin mars.

Le chancelier de l'Echiquier a également dû admettre qu'il ne tiendrait pas son objectif de réduction du ratio dette/produit intérieur brut (PIB) à partir de 2015/2016, désormais repoussé en 2016/2017, en raison de la dégradation de la conjoncture.

Alors que les prochaines élections se tiendront en 2015, ces annonces constituent un nouvel échec pour M. Osborne et la coalition conservateurs-libéraux démocrates, qui avaient déjà été contraints l'an dernier d'annoncer deux ans de plus de vaches maigres.

"Cela prend du temps mais l'économie britannique est en train de guérir après le plus grand crash financier de notre histoire", a-t-il toutefois assuré.

"Les gens savent bien qu'il n'y a pas de remède miracle", "nous sommes confrontés à une multitude de problèmes venant de l'étranger", s'est-il justifié, en citant le "mur budgétaire" aux Etats-Unis, la crise de la zone euro et le ralentissement de la croissance chinoise.

A peine sortie de la récession au troisième trimestre, l'économie britannique reste en effet fragile et pourrait même de nouveau se contracter au quatrième trimestre, selon la Banque d'Angleterre.

Le ministre des Finances britannique, George Osborne(g) et Danny Alexander (d), secrétaire en chef du Trésor, le 5 décembre 2012 à Londres [Andrew Winning / AFP]
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Le ministre des Finances britannique, George Osborne(g) et Danny Alexander (d), secrétaire en chef du Trésor, le 5 décembre 2012 à Londres
 

Le chancelier a donc annoncé en outre une révision en forte baisse des prévisions de croissance officielles, mises au point par l'organisme indépendant OBR.

L'économie du pays devrait se contracter de 0,1% cette année, contre une précédente prévision de +0,8% datant de mars, et enregistrer une croissance de 1,2% en 2013 contre 2% attendu auparavant.

Les prévisions de déficit ont elles été revues en hausse pour les années à venir mais le gouvernement est toujours en mesure, selon l'OBR, de tenir son objectif d'excédent budgétaire ajusté, c'est à dire excluant certains éléments, en 2016-2017.

Malgré ces mauvaises nouvelles - qui, selon nombre d'économistes, mettent en danger le sacro-saint triple A du pays auprès des agences de notation -, M. Osborne refuse de changer de cap.

"La Grande-Bretagne est sur la bonne voie et faire demi-tour serait un désastre", a-t-il martelé devant les parlementaires, sous les huées de l'opposition travailliste qui l'accuse d'avoir tué la croissance.

Parmi les mesures dévoilées ou confirmées mercredi figurent de nouvelles économies dans les budgets des ministères (Santé et Education exclus) afin de financer des investissements, une limitation de la progression de certaines allocations sociales, la hausse d'une taxe sur les banques, le renforcement de la lutte contre l'évasion fiscale et de l'imposition des placements dans les fonds de pension des plus riches.

Afin de ne pas fâcher la classe moyenne, il a en revanche annulé une augmentation prévue de la taxe sur le carburant.

Il a par ailleurs levé le voile sur des mesures de soutien à l'extraction de gaz de schiste afin de faire baisser les prix du gaz comme aux Etats-Unis.

"Aujourd'hui, après deux ans et demi, nous pouvons voir, les gens peuvent ressentir dans le pays, la véritable ampleur de l'échec économique de ce gouvernement", a dénoncé Ed Balls, responsable des questions économiques chez les travaillistes.

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