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Zone euro : Moody's retire son triple A au Mécanisme européen de stabilité

Le logo de Moody's sur le siège de l'agence de notation à New York [Emmanuel Dunand / AFP/Archives] Le logo de Moody's sur le siège de l'agence de notation à New York [Emmanuel Dunand / AFP/Archives]

L'agence de notation Moody's a dégradé d'un cran vendredi le Mécanisme européen de stabilité (MES), de Aaa à Aa1, avec une perspective négative, une décision jugée "difficile à comprendre" par le patron du fonds de secours de la zone euro, l'Allemand Klaus Regling.

Le geste de Moody's est "difficile à comprendre", a réagi vendredi soir M. Regling, dans un communiqué.

"Nous sommes en désaccord avec l'approche de l'agence de notation qui ne prend pas suffisamment en compte le cadre institutionnel particulièrement solide du MES, les engagements politiques et la structure de son capital", a-t-il ajouté.

"Les 17 Etats membres de la zone euro sont pleinement engagés sur le plan politique et financier auprès du MES et du FESF et soutiennent ces deux institutions", a renchéri Jean-Claude Juncker, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, dans ce même communiqué.

La décision de Moody's fait suite à la récente dégradation de la note souveraine de la France, qui a elle aussi perdu son triple A.

L'agence de notation a également annoncé vendredi la dégradation d'un cran du Fonds européen de stabilité financière (FESF), également de Aaa à Aa1, lui aussi assorti d'une perspective négative.

Cela "ne va pas empêcher le MES ou le FESF d'agir de quelque manière que ce soit ou d'émettre" des titres de dette, a affirmé M. Regling.

Outre la dégradation récente de la France, aujourd'hui notée Aa1, Moody's justifie sa décision par la "forte corrélation" en terme de risque de crédit au sein de principaux soutiens financiers du MES et du FESF.

"Le risque et la notation des MES et FESF sont étroitement liés à ceux de leurs principaux soutiens", explique Moody's en rappelant que la France est le deuxième plus gros pays contributeur des MES et FESF.

La part de la France dans le MES s'élève à 20,4%, derrière celle de l'Allemagne, toujours notée Aaa par Moody's, qui est de 27,1%.

L'agence souligne que les MES et FESF restent très bien notés car ils continuent de bénéficier par d'importants capitaux mobilisés par les Etats contributeurs, et les notes élevées de ces Etats dont la note moyenne est Aa1.

La décision concernant le MES a surpris car il bénéficie d'une structure de capital différente de celle de son prédécesseur, le FESF.

Il disposera à terme d'un capital en dur de 80 milliards d'euros, qui lui permet en théorie d'être moins sensible aux changements de notation des Etats de la zone euro. Il s'agit du plus important "capital en dur" pour une institution de prêt multilatérale, souligne le communiqué du MES. Actuellement, ce capital s'élève à 32 milliards d'euros et doit être renforcé jusqu'en 2014.

Le MES bénéficie actuellement d'un triple A, la meilleure note possible auprès de l'agence Fitch. Il n'est pas encore noté par sa concurrente Standard & Poor's.

Principal instrument de sauvetage de la zone euro, il a une capacité de prêts de 500 milliards d'euros, à laquelle il faut ajouter les 200 milliards d'euros restants du FESF, avec qui il doit cohabiter jusqu'à l'été 2013.

Il peut acheter de la dette d'Etat pour faire baisser les taux sur les marchés, et recapitaliser les banques de la zone euro directement, sans alourdir la dette des Etats. Cela ne sera toutefois possible que lorsqu'une supervision unique du secteur bancaire sera en place en zone euro.

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