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Budget européen : pourquoi ça coince ?

Des figurines posées sur des piles de pièces devant un drapeau européen [Philippe Huguen / AFP/Archives]

Les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'Union européenne se retrouvent jeudi à Bruxelles pour un sommet consacré au budget de l'UE entre 2014 et 2020. Le risque d'échec est grand à l'heure où les Etats recherchent à tout prix à faire des économies et où ils remettent en cause le principe de solidarité entre les pays de l'Union. Décryptage.

 

Ce qui est en jeu ?

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a demandé aux pays de l'Union européenne 1 047 milliards d'euros de crédits pour la période allant de 2014-2020. Des prétentions jugées déraisonnables par les principaux contributeurs nets, c’est-à-dire ceux qui donnent plus qu'ils ne reçoivent, à savoir l'Allemagne (19,7 milliards), la France (18,1 milliards), l'Italie (14,3 milliards), le Royaume-Uni (11,3 milliards), l'Espagne (9,9 milliards). Il faut dire que crise oblige, ces pays les plus riches ne jurent que par une baisse de leurs dépenses. Ils exigent donc que les crédits soient ramenés sous la barre des 1 000 milliards.  Et s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, certains menacent à l'instar de la Grande-Bretagne de poser un véto.

 

Ce qui se trame

Herman Van Rompuy, le président de l'Union européenne a soumis une première proposition avec 75 milliards de coupes réparties sur toutes les politiques, notamment la Politique agricole commune que défend bec et ongles la France, et les fonds de cohésion en faveur des pays les plus pauvres de l'Union. Pour mémoire, la PAC représente 29% du budget européen. Jeudi soir, avant l'ouverture officielle du sommet, chaque dirigeant ira "confesser" ses véritables marges de manœuvre budgétaire. De quoi faire la part des choses entre les "pingres" et les "dépensiers".

 

Et la France dans tout cela ?

Si la France est le deuxième contributeur de l'Europe après l'Allemagne, elle profite au premier chef des aides européennes. Surtout pour son agriculture, grâce à la fameuse PAC (Politique agricole commune). En 2013, elle recevra 9,5 milliards d’euros à ce titre. Or pour pouvoir proposer un budget en dessous des 1 000 milliards Herman van Rompuy a taillé dans les dépenses. Et dans sa dernière proposition de budget, il a fait retirer 22 milliards d'euros de crédit à la PAC, ce qui fait évidemment tousser la France.

 

Pourquoi les anglais bloquent

Le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé son intention de se battre pour conserver le rabais britannique. Depuis 1984, la Grande-Bretagne se voit rendre par l'Union un chèque de 4 milliards d'euros chaque année. Sans ce rabais, les Britanniques, qui profitent moins que la France des aides européennes seraient un plus gros contributeur net de l'Union européenne que la France. Ce qui explique qu'ils défendent cette ristourne avec force.

 

Quels autres pays bloquent

En taillant dans les dépenses comme le pressaient les pays riches, Herman van Rompuy a surtout multiplié les mécontents. Non seulement parce qu'il a taillé dans le budget de la PAC, mais aussi dans les fonds structurels (environ 70 milliards). Or à qui profite cette politique de cohésion ? La Pologne (7 milliards), l'Espagne (4,5 milliards), le Portugal (2,9 milliards) et la Hongrie (2,8 milliards). Autant de pays qui ne veulent pas entendre parler de rabot.

 

Et en cas d'échec ?

Angela Merkel a promis un nouveau sommet début 2013. Mais si les 27 pays ne parviennent pas à s'entendre à ce moment-là, c'est le budget de la période 2007-2013 qui sera automatiquement reconduit en 2014, soit 862 milliards. Une extrémité qui ne dérangerait pas les contributeurs nets puisque de fait, ce budget n'augmenterait pas.

Pour conclure, la dernière fois que l'Europe avait arrêté son budget pluriannuel, c'était en 2006. Tony Blair avait alors parlé d'une épreuve "plus difficile que le retour à la paix en Irlande du Nord".

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