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Les grands vins de Bordeaux ne connaissent pas la crise

Devenus des icônes symboles de luxe à la française, certains premiers grands crus de Bordeaux, portés par une bulle spéculative, devraient continuer à se négocier plusieurs centaines d'euros la bouteille malgré un millésime 2011 en deçà de ses prédécesseurs[AFP]

Devenus des icônes symboles de luxe à la française, certains premiers grands crus de Bordeaux, portés par une bulle spéculative, devraient continuer à se négocier plusieurs centaines d'euros la bouteille malgré un millésime 2011 en deçà de ses prédécesseurs.

Rendez-vous traditionnel des grands crus, la Semaine des primeurs, qui se tient depuis lundi à Bordeaux, permet à 5.000 professionnels, négociants, importateurs, cavistes et critiques de goûter en vue d'acheter du vin près de deux ans avant sa livraison.

Pour le courtier bordelais spécialisé dans les grands crus, François Lévêque, qui ne voit "pas ces très grandes marques redescendre à des prix très bas, le vin reste une valeur refuge même dans un contexte économique très dégradé".

Pourtant, avec un millésime 2011 dont les conditions climatiques laissent présager "des rouges moins homogènes qu'en 2009 et 2010", écrit l'oenologue influent Denis Dubourdieu, une baisse des tarifs est présagée lors de la commercialisation qui débutera en juin.

L'ampleur de cette baisse n'est aujourd'hui pas quantifiable, car dans la panoplie des signes de raffinement, le vin tient une place prépondérante et ceux de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, devancent leurs concurrents.

"Le tournant s'est opéré en 2000, on disait alors qu'on ne reverrait jamais ces tarifs. Mais en 10 ans on a changé cinq fois de tranche de prix", indique M. Lévêque.

Pourtant, la crise mondiale de 2008 aurait pu laisser penser à un tassement des prix des plus grands nectars. Il n'en fut rien, même si le millésime 2007, commercialisé en 2009, a eu du mal à emballer le négoce bordelais qui achète près de 90% de la production des grands crus.

Mais heureux hasard, les conditions météorologiques des récoltes 2009 et 2010 ont fait naître successivement à Bordeaux deux millésimes d'exception.

La conjonction de ces millésimes de grande garde et de la fonction de valeur refuge représentée par le vin quand la confiance sur la Bourse décline a fait grimper en flèche les plus réputés vins de Bordeaux portés par la spéculation de fonds de pension asiatiques ou américains.

Selon un tableau comparatif réalisé par le site internet spécialisé Idealwine, un Petrus à Pomerol, qui se monnayait 538 euros en primeur en 2005, valait 2.457 euros pour le millésime 2010 (+356%). Un Lafite-Rothschild est passé de 490 à 1.037 euros (+111%), un Château Margaux de 600 à 694 euros (+15%), un Latour de 600 à 784 euros (+30%)...

Le vin de Bordeaux est assurément en train de vivre un âge d'or, qui, foi de propriétaires, devrait perdurer.

"Il existe un consensus disant que dans les années qui viennent, la base des consommateurs de Bordeaux, grâce aux pays émergents, continuera à s'élargir et c'est ce qui porte la spéculation", indique Jean-Guillaume Pratts, propriétaire de Cos d'Estournel, un Saint-Estèphe second grand cru classé 1855.

"Il y aura de plus en plus de consommateurs mais ceux-ci seront de plus en plus avisés", tempère Lilian Barton, propriétaire notamment du second grand cru classé Léoville-Barton, pour qui ces acheteurs "sauront dire non" et s'orienteront vers d'autres grands vins de Bordeaux au détriment des plus chers si ces derniers ne consentent pas à baisser clairement leurs prix.

Mais le vin a un atout que les autres produits de luxe n'ont pas, c'est qu'un millésime, surtout s'il est exceptionnel, "n'existe qu'une fois", souligne Mme Barton. "Et au pire, même si les acheteurs ne peuvent pas les monnayer, ils pourront toujours les boire", surenchérit le courtier François Lévêque.

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