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«La Malédiction : l'origine» : on a vu le dérangeant préquel de la franchise

Dans ce nouvel opus de la saga «La Malédiction», une jeune femme envoyée à Rome pour entrer dans les ordres découvre un complot amenant à la naissance de l'Antéchrist. Novice au long-métrage, Arkasha Stevenson tire le meilleur de ce simple postulat pour livrer une œuvre troublante, aux scènes chocs.

Soyez prêts pour le retour de «La Malédiction». La franchise horrifique, initiée par Richard Donner («Superman», «L'Arme fatale»), revient au cinéma pour un préquel. Autrement dit, son récit se déroule avant celui de son ainé, sorti en salles en 1976.

Dans cette nouvelle itération, le spectateur suit l'arrivée de Margaret, une jeune religieuse américaine, à Rome pour entrer dans les ordres. Mais petit-à-petit, elle comprend que l'Église fomente une conspiration qui mènera à la naissance de l'Antéchrist.

Après «Immaculée» portée par Sydney Sweeney, «La Malédiction : l'origine» confirme un retour en force de la «Nonnesploitation», un sous-genre du cinéma d'exploitation où le personnage de la religieuse est au cœur de productions majoritairement horrifiques ou érotiques. Après avoir connu leur pic dans les années 1970 (on pense aux «Diables» de Ken Russell ou aux «Démons» de Jesús Franco), ces films ont légèrement ressuscité depuis une dizaine d'années, Hollywood n'hésitant plus à s'emparer de l'iconographie ecclésiastique. Là encore, les exemples sont évidents, comme avec les deux films «La Nonne», partie intégrante de l'univers cinématographie étendue de la saga Conjuring produite par la Warner Bros.

Cette fois-ci, c'est la firme Disney - par l'intermédiaire des vestiges de la 20th Century Fox qu'elle a rachetée en 2017 - qui a investi la bagatelle de 30 millions de dollars dans ce projet, soit le plus gros budget pour la franchise «La Malédiction». Un coût justifié par un tournage ambitieux à Rome, reconstituant la société italienne des années 1970.

De l'autre côté du cloître

C'est dans ce décorum visuellement soigné qu'Arkasha Stevenson, néo-cinéaste transfuge de la série TV («Channel Zero», «Legion») américaine, construit une atmosphère pesante et paranoïaque, la lumière d'abord pétante s'assombrissant au grè des troublantes révélations découvertes par la protagoniste.

«La Malédiction : l'origine» se révèle ainsi être un récit autour des entraves faites aux femmes. Dans ce cadre ecclésiastique qui trouve tout son sens, le sentiment de mise à l'ombre est permanent. La réalisatrice fait alors le choix, très politique, de montrer frontalement ces violences, qu'elles soient physiques, psychologiques ou symboliques. Rien ne sera épargné au spectateur, qui doit encaisser de nombreuses scènes chocs, où le glauque côtoie le gore, malgré quelques poncifs (incluant des jumpscares, des «coups d'effroi») inhérents au genre.

Mais ces séquences sont réalisées avec le plus grand soin, Arkasha Stevenson s'autorisant de multiples citations, comme les films «Klute» ou «Les Hommes du président» d'Alan J. Pagula, mais également l'inoubliable «Possession» d'Andrej Żuławski. Derrière cette esthétique léchée, la cinéaste utilise les séquences de terreur comme une arme de dédiabolisation du corps féminin.

Dès lors, ce nouvel opus de «La Malédiction» se présente comme une surprise inattendue, un film d'angoisse pertinent et dérangeant, dont la violence choque par sa brutalité et sa cruauté. Avec son interdiction (logique) aux mineurs de moins de 16 ans, il n'est pas à mettre devant tous les yeux, mais sera l'occasion d'une expérience horrifique qui bouscule.

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