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«J'accuse !» : il y a 70 ans, l'Abbé Pierre poussait un cri de colère contre l'indifférence

Il y a 70 ans, l’Abbé Pierre avait prononcé un discours publié en Une du Figaro. [OLIVIER LABAN-MATTEI / AFP]

Il y a tout juste 70 ans, le 7 janvier 1954, l’abbé Pierre poussait un cri de colère dans un nouveau «J’accuse», publié par le Figaro, alors que le froid extrême sévissait en France et touchait de plein fouet les sans-abris.

Mort de froid et d’indifférence, Marc, tout petit bébé, venait de décéder dans un bus désaffecté où vivaient ses parents, n’ayant pas survécu aux conditions hivernales particulièrement difficiles de l'hiver 1954. Une mort de trop pour l’Abbé Pierre qui vivait aux côtés des pauvres, «ses compagnons». En Une du Figaro et publiée le 7 janvier de cette année-là, il avait alors partagé une lettre ouverte destinée au ministre du Logement, Maurice Lemaire, l’invitant à assister à son enterrement. 

«Monsieur le ministre, le petit bébé de la cité des coquelicots, à Neuilly-Plaisance, est mort de froid dans la nuit du 3 au 4 janvier, pendant le discours où vous refusiez les "cités d’urgence". C’est à 14 heures, jeudi 7 janvier, qu’on va l’enterrer. Pensez à lui. Ce serait bien si vous veniez parmi nous à cette heure-là. On n’est pas des gens méchants...» 

Ce même jour, et remuant le couteau dans la plaie, l’Assemblée nationale avait rejeté l’amendement, proposé par l'Abbé Pierre, demandant à ce qu’un milliard de francs, sur les 90 milliards prévus pour reconstruire la France d’après-guerre, soit destiné aux sans-abris.

Le 7 janvier 1954, contre toute attente, le ministre décidait d’assister aux obsèques, et promettait à l’Abbé Pierre l’édification des cités d’urgence.

Un «J’accuse» dont les conséquences tardaient à venir

Les effets de cette promesse furent longs à venir pour l’infatigable homme en soutane. En cet hiver 1954, l’urgence était trop importante. Le fondateur d’Emmaüs, qui avait fait don de sa vie aux sans-abris, était bien déterminé à faire bouger les choses.

«Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l'avait expulsée…» Le 1er février 1954, au micro de la Radio Luxembourg, quelques phrases avaient alors suffi à réveiller les consciences.

L’Appel du 1er février est depuis resté dans nos mémoires, et fut à l’origine d’un déferlement de don. La nuit suivante, aucun sans-abri n’était alors mort de froid.

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