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Gilles Lellouche : "Ce fait divers est presque plus fou que la fiction"

Gilles lellouche dans Gibraltar, troisième long mtrége de Julien Leclercq[SND]

Blouson en cuir, traits tirés, Gilles Lellouche  incarne dans «Gibraltar», un indic des douanes françaises trahi par ses employeurs. Une histoire vraie inspirée par la vie de Marc Fiévet que l’acteur, afin de rester objectif, n’a pas souhaité rencontrer pour préparer son rôle. 

 

Quelle est la part de la fiction dans cette adaptation ?

Nous avons résumé 6 ans et demi de vie en 1h45. Il y a donc forcément des raccourcis. Mais pour être honnête nous avons plutôt édulcoré la réalité. Ce fait divers est presque plus fou que la fiction. L’idée n’était pas d’en faire un film pédagogique mais un film de cinéma avec tout ce que ça implique de fiction. Nous avons donc changé certaines choses comme le nom du personnage principal ou le statut d’autres personnages.  Dans la réalité, par exemple, ce n’est pas la sœur de Marc Fiévet qui tombe sous le charme de Claudio Lanfredi, bras droit du grand mafieux Pablo Escobar, mais sa propre fille. 

 

Avez-vous rencontré Marc Fiévet, personnalité qui a inspiré cette fiction ? 

Non, je voulais aborder ce film de façon objective, presque de façon naïve, au même titre que Marc Fiévet est entré naïvement dans cette histoire. Je n’avais pas envie d’être fasciné ou déçu. Je voulais être vierge de tout a priori. En revanche, maintenant que le film est sorti, je vais le rencontrer. Je trouve intéressant de confronter nos points de vues. Je sais qu’il a vu le film et qu’il est en raccord avec ce que j’ai fait.

 

Dès lors, comment avez-vous composé ce personnage ?

Pour un acteur, ce type,  ses cas de conscience, cette dualité  entre le bien et le mal, c’est passionnant. Pour préparer ce rôle, j’ai beaucoup grossi. Je voulais que l’on sente le poids de la vie sur les épaules de ce mec.  Je voulais que l’on sente un certain laisser-aller, qu’il ait un look, qu’il ait  toujours les mains dans les poches, qu’il soit tout le temps un peu ramassé. Après, j’ai réécrit certaines scènes pour être plus à l’aise, peut-être même un peu plus explicatif et d’autres où j’y suis allé de manière instinctive au même titre que Marc Fiévet dans la réalité et Marc Duval à l’écran a été pendant ces 6 ans.

 

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le scénario ?

Ce qui a fait mouche c’est que le film démarre d’emblée avec un personnage qui est au bout du rouleau. La plupart du temps, dans un drame, vous avez, au départ,  un personnage qui est en parfaite santé psychologique et physique et à la fin, un type détruit. Là, Marc Duval  part s’installer à Gibraltar, il espère qu’il va pouvoir refaire sa vie, qu’elle sera meilleure, et finalement Gibraltar qui est censé être un paradis va devenir  un enfer. Il  croule sous les dettes à nouveau, il est dans une impasse. Comme n’importe qui dans l’impasse, il est prêt à croire n’importe quoi.

 

Vous avez eu quarante ans, pensez-vous que ce rôle soit celui de la maturité ?

On m’a dit ça l’année dernière pour "Thérèse Desqueyroux" de Claude Miller. A mon sens, ce qui compte c’est le choix des rôles. Pendant longtemps, j’ai été le mec  sympa, marrant, le meilleur copain et puis après j’ai eu cette volonté d’aller vers des rôles plus dramatiques. Cela correspond aussi à ma vie, à cette  envie d’aller chercher en moi des choses moins faciles, chatouiller une part plus sombre. Dans ce métier, c’est très inhibant et paralysant de s’auto-analyser. Quand je lis un scénario, je me demande, si moi j’irais le voir au cinéma. Je ne calcule pas. Je fonctionne à l’envie du réalisateur, à l’envie des partenaires. Là, j’ai été gâté. Cela faisait longtemps que je voulais tourner avec Tahar Rahim et inversement.  

 

Imaginiez-vous ce qui pouvait se passer au sein des douanes françaises ?

Pas du tout. Ce sont quand même des méthodes délirantes. Il faut remettre ça dans le contexte des années 80. Quand François Mitterrand arrive au pouvoir, l’intérêt et le rôle des douanes sont remis en question. L’Europe est en train de se constituer. C’est le début de la fin pour les douanes. Il faut qu’elles se rachètent une image de marque. Alors les douanes ont passé allègrement le pas de la loi et de ce qui leur était permis.  Dans le film, on explique ainsi que les douanes ont acheté de la drogue, l’ont transportée, revendue à un dealer et ont profité de cette transaction pour arrêter les dealers et se faire un coup de pub. Une pratique qui a coûté cher à Marc Fiévet alors qu’il n’a été qu’un pion.

 

Entre thriller, polar, film d’espionnage, comment définir ce film ?

C’est un film très ambitieux. A la fois polar et thriller psychologique dans la veine du cinéma des années 70 comme Conversation secrète de Francis Ford  Coppola. C’est un film d’infiltration, d’espionnage avec un contexte politique très fort, un genre que l’on n’a pas beaucoup en France. 

 

Premières prises pour le duo Dujardin-Lellouche 

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