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Christophe Maé, sur la route du succès

Christophe Maé en 2011[CC/Stinkydogphotography]

Depuis qu’il a été révélé au grand public en 2005 dans la comédie musicale Le Roi-Soleil, Christophe Maé n’en finit pas d’aligner les succès. Portrait d’un artiste qui, depuis ses débuts, n’a jamais cessé de croire en sa bonne étoile.

 

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« Etre sur scène, ça me transcende, c’est une vraie adrénaline. C’est pour ça que j’ai choisi de faire ce métier. Sentir que je fais vibrer les gens, que je les fais voyager avec mes textes et ma musique, pour moi c’est la consécration ». Aujourd’hui Christophe Mae attire les foules, en particulier la gente féminine, avec son joli minois et sa voix haut perchée. Mais le réduire au simple statut de chanteur pour midinettes serait trompeur. Il suffit de le voir sur scène où, en baggy et casquette gavroche, il révèle vite ses talents de musicien et d’interprète avec des titres mi-soul mi-reggae et un enthousiasme communicatif.

« Sur scène, il se passe vraiment quelque chose. Ce qui me frappe, c’est que c’est lui qui “drive” le public. Il l’amène où il veut, il le séduit, puis il entre en communion avec lui. Un peu comme un dompteur avec ses lions », explique son ex-producteur et complice, Dove Attia. Cette présence scénique, le producteur du Roi-Soleil l’avait déjà repérée quelques années auparavant. A l’époque, Christophe Maé était totalement inconnu.

 

Vidéo : « Tombé sous le charme » (2013)

 

 

Identité musicale

« La musique a toujours fait partie de ma vie. Mon père était saxophoniste de jazz et il jouait sans cesse à la maison. J’ai donc commencé très tôt, j’avais 6 ans. Et à 14 ans, je jouais déjà de deux, trois instruments », raconte-t-il. Pourtant le jeune Christophe ne se prédestine pas tout de suite à la musique. Champion de ski (il participe aux championnats de France en super-G), il se verrait bien sportif de haut niveau ou professeur de ski. Mais à 13 ans, ses articulations le lâchent : il est victime d’une polyarthrite chronique qui l’oblige à garder le lit pendant six mois, avec des attelles aux doigts pour éviter qu’ils ne se déforment. C’est à cette époque que naît la vocation : pour passer le temps, Christophe se met à l’harmonica (un des seuls instruments compatibles avec son état de santé) et se passionne pour Stevie Wonder : « J’ai découvert Song in the Key of Life, un album que Stevie Wonder a enregistré en 1976. On peut dire que ça a été une révélation artistique », se souvient-il.

 

Vidéo : « Love’s in Need of Love Today » de Stevie Wonder (1976)

 

 

A l’âge de 17 ans, le jeune homme arrête sa scolarité pour se consacrer à sa passion. Il monte un groupe, Bluesy Fonck, avec lequel il joue notamment des reprises de Tracy Chapman. Pourtant son père, pâtissier à Carpentras, aimerait bien qu’il reprenne sa suite. Christophe s’inscrit à un CAP de pâtisserie et travaille pendant deux ans dans l’entreprise familiale. Mais rien n’y fait, le jeune homme ne rêve que de musique. Il passe finalement un diplôme de culture musicale et instrumentale et joue dans les bars et salles de villages du Vaucluse. Ce sont ensuite dix années de saisonnier, à Courchevel l’hiver, en Corse et à Saint-Tropez l’été. Saint-Tropez, où il fait la manche avec sa guitare avant de se faire embaucher par le patron de la boîte Le Papagayo. C’est là que tout s’accélère, avec une succession de bonnes rencontres.

 

Quand le frère vole la vedette au roi

Au début des années 2000, Christophe a quitté son Sud natal pour tenter sa chance à Paris. Il court les cachets en se produisant dans les pianos-bars de Saint-Germain-des-Prés. « Je galérais dans ma chambre de bonne avec mon petit statut d’intermittent du spectacle. Du coup, j’ai intériorisé une forme de rage », raconte-t-il. En 2002, la chance finit par tourner : l’arrangeur et compositeur Olivier Schultheis qui lui propose de réaliser une maquette, puis par l’intermédiaire de la chanteuse Zazie, Christophe Maé rencontre Yann-Philippe Blanc, directeur de Warner qui lui propose un disque. Mais ce dernier décède subitement dans un accident de moto et l’album est classé sans suite. Le jeune homme ne se démonte pas et assure quelques premières parties de concert – Seal, Cher ou Jonatan Cerrada. « J’étais mort de trouille. Tout seul sur scène en acoustique guitare-voix. Mais ça m’a vachement encouragé pour la suite », avoue- t-il.

La suite, c’est Dove Attia qui la provoque. L’ex-juré de la Nouvelle Star le repère lors d’un concert dans un bar en Corse. Cette première rencontre, il la raconte comme si c’était hier : « Ça a été le coup de foudre total. J’étais dans ce bar avec mes copains, mais je ne les écoutais plus. Christophe avait une puissance scénique, un magnétisme qui faisait qu’il attirait tous les regards. Il captait l’attention, il arrivait à imposer le silence dans un bar bruyant. Ce qui est très rare ». A peine le concert terminé, le producteur retrouve le jeune homme en coulisses et lui propose l’aventure du Roi-Soleil. Il hésite. Lui qui se rêve en Ben Harper de la chanson française ne se voit pas à l’affiche d’un spectacle musical. Il finit par se laisser convaincre, séduit par le côté excentrique de son personnage.

 

Vidéo : Christophe Maé dans Le Roi-Soleil (2005)

 

 

Sous ses airs de poète dans la lune, un brin «bordélique» d’après Dove Attia (« il est incapable de se rappeler les paroles de ses chansons ! »), Christophe Maé est un bosseur. Pour endosser le rôle de Monsieur, frère du roi, il prend des cours de danse, de chant, de théâtre, et regarde en boucle le film Amadeus de Milos Forman, afin de donner un côté impertinent et drôle à son personnage. Le 22 septembre 2005, soir de la première, le frère vole la vedette au roi : Louis XIV, alias Emmanuel Moire, paraît presque terne face aux prouesses de Christophe. S’ensuit une tournée de presque deux  ans et 400 représentations. Christophe devient l’une des vedettes du spectacle et empoche un NRJ Music Award. Fin de la parenthèse «comédie musicale». En 2007, Christophe se lance dans une carrière solo.

 

Le roi en solo

Le Roi-Soleil a laissé du temps au jeune homme pour s’investir dans ses projets personnels : « J’arrivais tous les soirs à 19 heures. Dans la journée, j’avais tout mon temps pour me consacrer à mes chansons », raconte-t-il. Christophe travaille d’arrache-pied et, lorsque le spectacle s’achève, son premier album Mon paradis est presque prêt. « J’ai compris que ma voix devait s’accompagner d’une guitare sèche, d’arrangements dépouillés. Plus je fais simple, plus cela me sied », expliquait-il dans une interview à Paris Match. Le résultat : douze titres chaloupés dans le plus pur style soul-acoustique, des airs de Gérald de Palmas et une voix haut perchée. Le public en redemande. Le premier single « Parce qu’on ne sait jamais » est très vite un tube et tourne en boucle sur les radios.

 

Vidéo : « Parce qu’on ne sait jamais » (2007)

 

 

La parenthèse Roi- Soleil aura été bénéfique à une reconversion solo : après avoir brillé en Monsieur, frère du roi, Christophe Maé réussit l’exploit d’imposer son nom là où on ne l’attendait pas. Avec 1,2 million d’exemplaires vendus, Mon paradis a créé la surprise en 2007 en réalisant la deuxième meilleure vente en France, juste derrière le chanteur Mika. Selon une enquête du Figaro parue en janvier 2008, il arrive en quatrième position du classement des chanteurs les mieux payés de l’année 2007, avec 1,75 million d’euros. Pas de quoi faire tourner la tête de ce jeune papa : « Je n’ai pas la folie des grandeurs. J’ai acheté une petite maison de village près d’Aix. Je vais essayer d’être intelligent. Les bagnoles à 80 000 euros, c’est pas pour moi ».

Quand on lui demande comment il fait pour garder la tête froide, Christophe Maé explique qu’il mène la même vie qu’avant, dans le Sud avec ses copains (les mêmes depuis qu’il a 17 ans) et sa fiancée Nadège qu’il a connue à ses débuts et avec qui il a deux enfants. Dove Attia confirme : son ami n’est pas du genre à avoir la grosse tête, même s’il peut montrer parfois un excès de confiance : « C’est toujours pour masquer. Christophe est quelqu’un qui a très peu d’assurance.» Le succès n’y aurait, paraît-il, pas changé grand-chose : «Lorsqu’il lit un article dithyrambique sur lui, il pense que c’est pour quelqu’un d’autre.» Sur scène, c’est pire : «Il attend toujours la sanction du public, il se dit qu’il a fait quelque chose de mal. Il est très sensible à ce qu’on lui dit. C’est sans doute lié à son histoire.» L’artiste n’est en effet pas le fruit d’une émission de téléréalité, mais plutôt de longues années de galères. Et en musique, les galères laissent des traces.

 

Vidéo : « On s’attache » (2007)

 

 

Des tubes taillés pour les grands espaces

Mené par les tubes « Dingue, Dingue, Dingue » et « J’ai laissé », son deuxième album studio, On trace la route, est fidèle à la patte de l’auteur-compositeur-interprète, tout en sonorités acoustiques et en mélodies entêtantes qui avait déjà fait l’énorme succès de Mon Paradis. Pour l’écriture des textes, le chanteur a fait appel à des amis de longue date (Boris Bergman, Lionel Florence, Florian Gazan...). Mais aussi, plus surprenant, à la rappeuse Diam’s pour deux titres, dont « J’ai vu la vie », un hommage à l’Afrique pour laquelle le chanteur a eu un coup de cœur. Côté musiciens, il s’agit de la même équipe que celle de Mon Paradis, enrichie de quelques nouveaux venus : Manu Katché à la batterie sur deux morceaux ou encore Felipe Salvidia, un musicien chilien issu du hip-hop, qui a signé des lignes de batterie subtiles, apportant à On trace la route une touche afro dynamique.

 

Vidéo : « Dingue, Dingue, Dingue »

 

 

Christophe Maé aura galéré une bonne dizaine d’années, mais il ne regrette rien : « C’est ce qui permet de garder la tête froide. On se rend compte de la chance que l’on a une fois que l’on a atteint ses rêves, alors qu’on les attendait depuis longtemps ». Un brin philosophe, le chanteur continue tranquillement sa route et se voit poursuivre, pourquoi pas, une carrière à la Francis Cabrel ou à la Jean-Louis Aubert. Deux artistes discrets et exemplaires, qui, selon lui, continuent d’attirer les foules grâce à la force de leurs chansons : « Vivre dans le Sud, avoir des choses à dire. Faire un album tous les cinq ans, prendre son temps, laisser l’inspiration venir quand elle le souhaite ». « Je garde les pieds sur terre, je sais que tout peut s’arrêter, que rien n’est jamais acquis. Mais je ne veux pas être là de passage. Je souhaite de tout cœur continuer à faire ma musique empreinte de mélodies et de sonorités africaines», déclare Christophe Maé, bercé depuis son enfance par les tubes incontournables de Stevie Wonder ou Otis Redding.

 

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