Institué en 1802 par Napoléon Bonaparte, l’Ordre national de la Légion d’honneur récompense chaque année près de 2 800 citoyens. Une distinction très convoitée qui revient aussi bien à la société civile que militaire, comme l’explique le grand chancelier, le général d’armée Jean-Louis Georgelin.
Archive – article publié le vendredi 21 janvier 2011
Quel est le sens de la Légion d’honneur au XXIe siècle ?
Jean-Louis Georgelin : Je dirais que son sens n’a pas changé depuis sa création sous le premier Empire. A l’époque, après les troubles de la Révolution française, on a supprimé la noblesse. La Légion d’honneur a voulu remplacer cette distinction de naissance au profit d’une distinction de mérite, qu’on obtient pour avoir rendu des services éminents à la nation.
Comment obtient-on la Légion d’honneur ?
J.-L. G. : Elle ne se demande pas. Les différents ministres soumettent des propositions qui sont examinées par le Conseil de l’ordre que je préside, qui a seul autorité pour proposer au grand maître, c’est-à-dire le président de la République, les heureux élus. Il s’agit de personnes qui ont rendu des services éminents à la nation, qui ont fait rayonner la France. Ce peut être un chef d’entreprise, un chercheur, un membre d’une association qui a exercé une activité altruiste, un artiste, un écrivain, un universitaire.
Chaque année, des sportifs sont récompensés. En quoi font-ils progresser la nation ?
J.-L. G. : Il n’est pas anormal que les sportifs soient distingués. Quand l’un d’eux parvient à se hisser sur un podium après des années d’effort et fait retentir La Marseillaise, tous les Français sont émus. Quelle manière extraordinaire de faire rayonner l’image de notre pays.
Vidéo : L’école pour jeunes filles de la Légion d’honneur
Parmi les légionnaires, les femmes sont assez minoritaires...
J.-L. G. : La Légion d’honneur représente la société française dans sa diversité. La femme doit donc y être représentée à la place qui y est désormais la sienne. Mais dans l’administration, par exemple, des carrières ont été tardivement ouvertes aux femmes. Or, il faut vingt ans de services minimum pour pouvoir être décoré. C’est donc normal si cette évolution a pris du temps. Aujourd’hui, avec la parité absolue imposée par le grand maître, c’est désormais chose faite.
Quels en sont les avantages ?
J.-L. G. : La Légion d’honneur ne doit pas être considérée en terme d’avantage, c’est un honneur et c’est cela qui compte et cela seul. Cela dit, les filles, petites-filles et arrière-petites-filles de légionnaires ont la possibilité de poser leur candidature dans l’une des deux maisons d’éducation de la Légion d’honneur, qui vont de la 6e aux classes préparatoires. Pour être tout à fait complet, les militaires reçoivent une rente annuelle de 6,10 euros par an ! En général, ils la reversent à une société d’entraide.
Un ordre composé de cinq grades et dignités
Chevalier : C’est le premier grade de la Légion d’honneur. La médaille est en argent et le ruban est de couleur rouge. 74 807 personnes la portent.
Officier : La décoration est identique à celle de chevalier, à la différence que la médaille est en vermeil et qu’une rosette figure sur le ruban. 17 029 officiers sont recensés à ce jour.
Commandeur : Troisième grade, la distinction est attachée par un ruban et se porte autour du coup. Ils sont près de 3 000 à la porter, dont Karl Lagerfeld, Jeannie Longo ou Stéphane Hessel.
Grand officier : La décoration de la première dignité est une plaque en argent au centre de laquelle figure le visage de Marianne et la devise de l’Ordre «Honneur et patrie». S’y ajoute la croix des officiers. 306 personnes la portent.
Grand-croix : Suprême distinction de l’Ordre, elle se compose de la médaille de commandeur qui se porte en écharpe ainsi que d’une plaque en vermeil. Elle est conférée de plein droit au chef de l’Etat. Seules 65 personnes en sont décorées.
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