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Jeanyves Guérin : « Camus est devenu une icône »

Albert Camus en 1957[Library of Congress]

Que représente Albert Camus dans nos consciences ? Comment doit-on se souvenir de l’écrivain disparu le 4 janvier 1960 ? Pour répondre à ces questions, Direct Matin a interrogé Jeanyves Guérin, directeur du «Dictionnaire Albert Camus».

 

Archives – Article publié le lundi 4 janvier 2010

 

Cinquante ans après sa mort, que reste-t-il de l’œuvre de Camus dans la conscience collective ?

Jeanyves Guérin : Camus est devenu une icône. Son œuvre est à la fois classique et moderne. Il est surtout celui qu’aucun de ses écrits n’a déshonoré.

 

Albert Camus semble avoir plus d’audience à l’étranger qu’en France. Pour quelles raisons ?

J.G. : Disons qu’il suscite encore plus de ferveur dans les pays où il a été reçu comme un passeur de la démocratie, dans l’Italie, l’Allemagne et le Japon de l’après- guerre, dans l’Espagne franquiste, dans la Pologne et la Roumanie communistes des années 1960, en Iran et même en Algérie aujourd’hui. Des millions de jeunes ont appris le français en lisant L’étranger.

 

Vidéo : Albert Camus à propos de sa pièce, Les Possédés

 

 

Doit-on le voir plutôt comme un romancier, un philosophe, un écrivain politique ou un journaliste ?

J.G. : Il s’est voulu écrivain, refusant d’être considéré comme un philosophe. Il a alterné romans, pièces, essais. Il a aussi été un grand journaliste. Il lui est arrivé de s’engager, mais sans jamais s’inféoder à un parti.

 

Faut-il rapprocher ou opposer Jean-Paul Sartre et Albert Camus ?

J.G. : Dans les années 1950, Camus et Sartre représentaient deux gauches qui se combattaient, l’un la gauche démocratique, l’autre la gauche ralliée au totalitarisme. L’histoire a tranché en 1989-1991, donnant raison à Camus. Il n’était pas manichéen – si l’être, c’est considérer comme des amis les ennemis de ses ennemis. Tous deux ont en commun de ne pas être libéraux.

 

Vidéo : Discours de réception du prix Nobel en 1947

 

 

Quelle est la postérité d’Albert Camus ? S’il a des «héritiers», qui sont-ils ?

J.G. : Nul ne l’a remplacé. Il n’a pas fondé d’école. Il est la conscience morale qui fait défaut en un temps où les bricoleurs, les bateleurs et les «écriveurs» palabrent et gesticulent dans les médias. Si postérité il y a, on la trouve chez les dissidents.

 

Doit-il reposer au Panthéon, comme le souhaite Nicolas Sarkozy ?

J.G. : Lourmarin est son Colombey. Il n’aimait pas les professionnels de la politique et rejetait les honneurs officiels.

 

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