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Comment réaliser un film d'animation ?

Le court-métrage d'animation Oktapodi réalisé par des élèves des Gobelins a été nominé aux Oscars 2009[capture d'écran Youtube]

La création d’un film d’animation est souvent le fruit de longues années de travail. L’école de l’image des Gobelins nous a ouvert les portes sur le processus de fabrication de ces films atypiques.

Il n’y a pas si longtemps, on l’attendait toute l’année. Le Disney de Noël était le rendez-vous incontournable, l’unique occasion d’aller voir un long métrage d’animation au cinéma. Mais depuis une dizaine d’années, les producteurs de films d’animation se sont multipliés, et avec eux le nombre de films qui sortent chaque année.

S’il existe différentes techniques (dessins, papiers découpés, marionnettes, pâte à modeler, peintures sur verre, 3D…), le film d’animation se définit comme un film créé image par image. C’est une série de photos (24 par seconde) déroulée comme un diaporama en accéléré. Supervisée par un directeur de production qui assure le suivi et la synchronisation de la fabrication, la réalisation d’un film d’animation se déroule en plusieurs étapes.

 

Le scénario

Comme tout film, elle commence par l’écriture d’un scénario qui permet de définir l’univers graphique et ainsi les designs du décor et des personnages. Ces derniers sont dessinés de face et de profil avec une animation en « turn around » qui permet d’en voir toutes les facettes. Pour un film en 3D, les personnages sont réalisés dans une sorte de pâte à modeler avant d’être finalisés numériquement en 3D.

Une fois cette phase préparatoire terminée, le film est dessiné sous la forme d’un story-board, une représentation illustrée du film avant sa réalisation et réalisée à partir du scénario. Le story-board aide à définir les cadrages et le découpage du film plan par plan.

 

 

Première maquette

Le story-board est ensuite filmé (numérisation, montage, son). Cette première maquette du film s‘appelle l’animatic et permet ainsi d’avoir une première idée du film. Là réside la principale différence entre un film d’animation et un film classique, pour lequel le montage représente la dernière étape et s’effectue parfois à partir de cent heures de tournage pour une heure et demie de film. En animation, on ne construit que ce qu’on va garder.

Une fois monté, chaque plan de l’animatic est remplacé par une animation. Pour la 2D, cette réalisation passe par le dessin, la colorisation, puis le compositing, qui consiste à assembler des images de décors et de personnages et à ajouter des effets visuels. Cette étape sera complétée par un «clean up» qui lisse la couleur et réajuste les ressemblances entre les dessins.

Pour la 3D, chaque élément du film est modélisé dans un logiciel, puis animé. La colorisation est remplacée par ce qu’on appelle le rendu, un travail sur l’éclairage et la mise en couleurs.

 

Et les dessins prennent vie

Avant d’animer un personnage, les animateurs rassemblent des références de mouvements à appliquer sur leurs personnages. Parfois, ils se filment en train de jouer la scène. L’animateur dessine sur des feuilles de papier très fin qui, superposées, permettent de voir en transparence les dessins précédents. Ces dessins sont ensuite scannés et visionnés sous forme de séquence animée, grâce à un logiciel de "line test".

La superposition des personnages avec les éléments de décors, le compositing, se fait informatiquement. Un logiciel permet de ne garder que les contours du dessin afin d’agir comme un pochoir pour définir des zones de transparence. Plus le film est sophistiqué, plus il y a de couches à combiner.

 

 

Un domaine en mutation

Selon Moïra Marguin, responsable du département animation des Gobelins, l’école de l’image, "l’arrivée des nouvelles technologies a baissé les coûts de fabrication, ce qui a mis fin au monopole Disney" et multiplié les productions et les styles. La réalisation de dessins animés en 2D reste un travail d’orfèvre, puisque l’animateur doit à chaque fois s’adapter au style graphique du film. Au contraire, en 3D, une fois le modèle fabriqué, il n’y a plus qu’à se concentrer sur le mouvement.

Dans un film en 2D, si le travail de préproduction est assez rapide, l’étape suivante, l’animation, est très longue. Pour un film en 3D, c’est le contraire : la préparation est beaucoup plus longue car il faut tout anticiper, mais l’étape d’animation est beaucoup plus rapide. L’avantage de l’animation 3D est de pouvoir effectuer beaucoup de modifications, quand la 2D nécessite de refaire entièrement les dessins.

L’avenir de l’animation est loin d’être figé et le développement de nouvelles technologies peut encore apporter d’importants changements. L’arrivée des tablettes numériques, entre autres, permet d’envisager la réalisation de scénarios non linéaires avec une nouvelle écriture interactive.

 

Reconnue internationalement, les Gobelins, l’école de l’image, a formé des animateurs qui travaillent désormais au sein de studios tels que Disney, Universal, Pixar, Dreamworks ou Warner Bros. Pictures. Ses plus célèbres anciens élèves sont le dessinateur Riad Sattouf, auteur La Vie secrète des jeunes, et Pierre Coffin, réalisateur du film d’animation Moi, moche et méchant. En 2008, le film de fin d’études d’élèves des Gobelins, Oktapodi, a été nominé à l’Oscar du meilleur court métrage 2009.

 

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