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"Le magasin des suicides", un film d'animation au ton grinçant

Patrice Leconte et l'écrivain Jean Teulé devant l'affiche du film "Le magasin des suicides", à Annecy le 5 juin 2012[AFP]

Avec son premier film d'animation "Le magasin des suicides", le réalisateur Patrice Leconte signe une comédie musicale au ton grinçant, qui met en scène une famille dépressive vendant du matériel pour se suicider et dont le quotidien est bouleversé par l'arrivée d'un enfant joyeux.

Projeté lundi soir en 3D en ouverture du festival d'animation d'Annecy, le film est un cocktail d'humour noir et de situations absurdes. Il se déroule dans une ville aux grands immeubles gris, aux rues sales et embouteillées dans une ambiance de fin du monde.

Dans ce monde lugubre, la famille Tuvache tient un magasin aux couleurs criardes dans lequel s'alignent cordes de pendus, lames de rasoir et poisons en tous genres. Leur devise: "Vous avez raté votre vie? Avec nous, vous réussirez votre mort!".

Mishima et Lucrèce Tuvache, avec leurs airs "de garçon coiffeur et de parfumeuse" vendent "les choses les plus horribles possibles", a décrit Patrice Leconte mardi lors d'une conférence de presse.

"Ils sont très commerçants. Et ce que j'aime chez eux, c'est leurs fêlures. Parce que, en fin de compte, ils en ont gros sur la patate. C'est pas qu'ils aient des remords, mais tout ça finit par leur peser", a-t-il ajouté.

La naissance de leur dernier enfant, Alan, débordant de joie de vivre, brise le train-train familial et constitue la trame du film.

Adaptation du best-seller de Jean Teulé, "Le magasin des suicides" a nécessité quatre ans de travail et la collaboration de plusieurs studios d'animation à Angoulême (Charente), Montréal (Canada), Liège (Belgique) et Paris, pour un budget de 11,6 millions d'euros.

"Il y avait une logique à ce que ce soit un film d'animation", a souligné le producteur Gilles Podesta, parlant d'un "roman merveilleux mais inadaptable au cinéma à moins d'être une +major+ américaine".

L'histoire originale a été sensiblement remaniée, Patrice Leconte décidant notamment d'opter pour une fin heureuse, à l'inverse du roman.

"Je ne demande pas aux réalisateurs qu'ils illustrent mon livre. Comme je dis souvent, le livre, je l'ai à la maison", a commenté Jean Teulé mardi, en se disant "soufflé" par ce "très beau film".

"Moi qui ne suis jamais allé au-delà du cannabis, je me suis dit: +Un shoot d'héros, ça doit ressembler à ça+", a-t-il plaisanté.

D'une durée d'une heure et 20 minutes, le film est ponctué de neuf chansons qui lui donnent un "côté opérette", un "ton un peu baroque, un peu étrange", selon le compositeur Etienne Perruchon.

"Avec la crise qui vous défrise, quoi de plus doux qu'une mort exquise", répète le père Tuvache dans la première chanson.

Le film offre aussi des similitudes avec le travail de l'Américain Tim Burton, même si Patrice Leconte assure avoir voulu "se dégager de cette influence terrible".

"C'est un film que Tim Burton aurait pu réaliser en animation ou, mieux, en prise de vue réelle", reconnaît-il cependant.

La sortie du "Magasin des suicides" en France est prévue pour le 26 septembre 2012. Présenté en version française sous-titrée en anglais, le film pourra être doublé si un distributeur américain "de taille importante" s'y intéresse, selon M. Podesta.

Patrice Leconte travaille d'ores et déjà à un nouveau film d'animation, intitulé "Music!" et dont la sortie est prévue pour Noël 2015.

"L'animation, pour une fin de carrière, c'est parfait. Pas de caprices, les acteurs savent leur texte, on ne s'enquiquine pas avec la météo, c'est cool", sourit, à 64 ans, le réalisateur des "Bronzés" ou "Ridicule".

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