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"Romance", roman populaire: la littérature dans tous ses ébats

Une femme lit "Cinquante nuances de Grey" de E.L. James, à Paris le 16 octobre 2012 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives] Une femme lit "Cinquante nuances de Grey" de E.L. James, à Paris le 16 octobre 2012 [Kenzo Tribouillard / AFP/Archives]

Best-sellers à la chaîne pour Marc Levy ou Guillaume Musso, raz-de-marée de la "romance érotique", fouettée par le triomphe de "Cinquante nuances de Grey": la littérature populaire, plutôt méprisée en France par les médias et le monde littéraire, relève la tête et ose de plus en plus s'affirmer.

Signe des temps, le 33e Salon du livre de Paris organise pour la première fois un focus sur la "romance", après la déferlante de la trilogie de la Britannique E. L. James, "Fifty Shades", vendue à plus de 40 millions d'exemplaires dans le monde.

Sorti le 17 octobre en France, "Cinquante nuances de Grey" (Lattès), premier volume de cette saga sadomaso soft, s'est classé en tête des ventes 2012 en France.

La "romance" représente 52% du marché du livre aux Etats-Unis, avec un chiffre d'affaires de un milliard de dollars. En France, le marché est dominé par le géant Harlequin et J'ai Lu. Mais d'autres commencent à être affriolés par le succès de ces sagas romantico-érotiques. Lattès ne s'y est pas trompé.

"Ces archétypes, la secrétaire et le patron, la servante et le maître, l'oie blanche et le milliardaire, et bien sûr les fantasmes érotiques, existent depuis longtemps dans cette littérature, bien avant +Fifty Shades+", relève lors d'un débat au Salon Stéphane Marsan, cofondateur des éditions Bragelonne (fantasy, SF, fantastique), qui ont lancé depuis peu Milady Romance et Milady Romantica.

"Ce qui est nouveau, c'est l'amplification des personnages masculins", poursuit l'éditeur qui publie notamment "80 notes de jaune" de Vina Jackson, pseudonyme de deux auteurs anglais.

"Dans ce roman, l'héroïne choisit la soumission. Il y a du SM mais elle n'est pas une gourde comme chez E.L. James", dit-il, confiant crouler sous les manuscrits de romance érotique dont "beaucoup à jeter !".

Condescendance

L'écrivain Marc Lévy pose avec son roman, "Un sentiment plus fort que la peur", au Salon du livre de Paris le 23 mars 2013 [Eric Feferberg / AFP]
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L'écrivain Marc Lévy pose avec son roman, "Un sentiment plus fort que la peur", au Salon du livre de Paris le 23 mars 2013

Pour l'Américaine Sylvia Day, auteure de la trilogie à l'énorme succès "Crossfire", considérée comme un avatar de "Cinquante nuances" ou son rival, "le sexe est là parce qu'il doit y être mais ce n'est pas du porno et je réfute l'étiquette de +porno pour mamans+". Les deux premiers tomes, "Dévoile-moi" et "Regarde-moi" sont parus en France chez J'ai Lu.

"C'est une histoire de couple, avec un scénario, de l'émotion, ce n'est pas juste fait pour exciter", assure la romancière, qui défend bec et ongle la noblesse de la romance érotique, "lue à 99% par des femmes... totalement accros".

Beaucoup de femmes, aussi, lors d'une rencontre au Salon avec Marc Levy, l'auteur français le plus lu dans le monde avec 24 millions de livres vendus.

"Des critiques ont pu démolir mes livres, les taxant avec condescendance de +littérature populaire, avec une histoire simpliste qui finit toujours bien+. Pour moi, populaire n'est pas un gros mot. Et s'ils les avaient lus, ils verraient que la fin n'est pas toujours heureuse", remarque-t-il.

L'auteur de 52 ans, qui vit à New York, vient de publier son 14e roman, "Un sentiment plus fort que la peur" (Robert Laffont). "Je l'ai écrit pendant 10 jours à la bougie et au stylo, faute d'électricité après l'ouragan Sandy", raconte-t-il.

"Si populaire signifie qu'on vend beaucoup de livres, mes romans sont populaires", affirme-t-il. Aux Etats-Unis, il n'y a aucun mépris pour les best-sellers et "cela commence à changer ici. Et il suffit d'ouvrir le livre d'un autre auteur pour conserver son humilité".

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