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Philippe Labro : "Dieu, le hasard ou la chance"

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [© C.Hélie / Gallimard]

Après avoir sorti un beau livre sur l’Amérique, et avant un ouvrage sur les années 1960 pour l’automne, Philippe Labro fait paraître Le flûtiste invisible (jeudi en librairie). A travers trois récits, l’auteur mêle vécu et éléments romanesques, illustrant l’idée qu’une force inconnue dirige nos vies.

 

Le flûtiste invisible, qui est-il ?

Le flûtiste invisible vient d’une phrase d’Einstein : il y a des éléments que nous ne contrôlons pas et nous dansons tous au son d’une musique jouée par le flûtiste invisible. Si on croit en Dieu, on appelle ça la main de Dieu, sinon on appelle ça le hasard, la fortune, la chance. C’est un thème qui m’intéresse parce que toute ma vie personnelle l’a illustré.

 

Est-ce un travail de mémoire ?

La mémoire est un phénomène formidable parce qu’elle agit comme un tamis. Elle ne conserve que ce qu’elle a envie de garder. Elle trie et ensuite elle transforme. On ne sait pas pourquoi elle garde telle couleur, tel détail, telle odeur. Dans l’écriture, ce mélange de mémoire et d’imagination est passionnant.

 

Vous multipliez les références littéraires…

Nous sommes construits par ce que nous avons lu, entendu. Je passe ma vie à prendre des notes. C’est pour ça que j’ai dédié mon livre à Simon Leys. Il a écrit Les idées des autres, livre entier de citations dont je me suis inspiré pour lier les récits entre eux à l’aide de courts textes de transition dans lesquels je me sers de citations de Balzac, de Pascal…

 

Avec ces trois récits, vous évoquez votre séjour aux Etats-Unis, la rencontre avec votre femme ainsi que la Guerre d’Algérie. Pourquoi avez-vous eu envie de partager cela avec vos lecteurs ?

Je pense qu’au bout de vingt livres, j’ai acquis, et j’en suis un peu fier, un nombre de lecteurs qui aiment lire mes ouvrages, mes récits, mon mélange de fiction et de vécu. L’envie de raconter, je l’ai depuis que j’ai six ans. Je suis un conteur. J’ai donc eu envie de raconter ces trois histoires parce qu’elles reposaient sur le même principe que personne ne contrôle complètement sa vie. Nous sommes prédéterminés par des forces que nous ne contrôlons pas. Il nous arrivera des choses non prévisibles et qui changeront notre vie.

 

Le recueil de la parole est important pour un conteur ?

Bien sûr. Surtout pour un journaliste. Une grande vertu de notre métier est aussi la curiosité. Il faut savoir écouter et regarder les autres. C’est comme ça que je commence le troisième récit. Ce qui m’intéressait c’était le regard de ce voisin. On y voit autre chose que ce qu’il y a dans le regard d’un Français moyen. Dans ses yeux, il y a la mémoire de ce qu’il a vécu quand il était gamin dans la Hongrie occupée par les Nazis.

 

La construction de l’ouvrage est assez complexe…

Pas tant que ça finalement. Dans la réalité, je sifflais dans la rue et un homme m’a arrêté, m’a dit quel air je sifflais et a repris son chemin. Dans la fiction, j’ai inventé que ce personnage avait une histoire à me raconter, qu’il me narrait une traversée de l’Atlantique totalement fictive. Je pars d’une anecdote très simple dont je m’inspire pour inventer le roman. Quand le type raconte, c’est entre guillemets. 

 

De quoi parlera le prochain livre ?

Ce sera un travail qui reposera sur une partie de mon vécu dans les années 1960, une vision personnelle de cette époque. Ça ressemblera, dans le ton, à ce que j’ai pu faire dans le beau livre Mon Amérique.

 

Le flûtiste invisible, de Ph. Labro, Gallimard, 17,50 €.

 

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