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Le coup de coeur de Philippe Labro pour les Etats-Unis

Philippe Labro. Philippe Labro.[BERTRAND GUAY / AFP]

A la veille de la présidentielle américaine, Philippe Labro, journaliste, écrivain, parolier, cinéaste et spécialiste des Etats-Unis, publie Mon Amérique.

Dans ce beau livre, exercice auquel il s’adonne pour la première fois, il présente au public sa passion pour cette nation fascinante à travers cinquante portraits d’hommes et de femmes de légende, où textes écrits de sa main et photographies emblématiques se partagent la vedette.

Un véritable retour aux origines pour celui dont la carrière a décollé chez l’Oncle Sam.

 

En quoi les Etats-Unis sont essentiels dans votre histoire personnelle ?

 A l’âge de 18 ans, j’ai obtenu une bourse d’échange. J’ai vécu sur un campus coupé de la France de 1954 à 1956, totalement immergé. 

J’en ai tiré un roman : L’étudiant étranger, qui a eu l’Interallié en 1986. Cette expérience fondatrice a fabriqué mon paysage mental. C’est là-bas que j’ai appris le journalisme, que je suis devenu bilingue, avant de me spécialiser dans l’Amérique au retour.

Pendant au moins dix ans, j’ai couvert l’actualité politique, musicale, cinématographique… des Etats-Unis. Je suis devenu un américanologue passionné.

 

C’est votre premier beau livre…
C’est un projet proposé par les éditions de La Martinière à la suite d’une préface que j’avais écrite pour le livre Sur la route 66. Il y a un texte pour chaque portrait, en accord avec l’agence Getty images.

L’idée était de choisir cinquante Américains parmi deux cents qui représentent l’Amérique que j’aime, aussi bien en littérature qu’en sport, politique, cinéma, musique, ou droit civique.

Ça va de Martin Luther King à Mohamed Ali, de Bob Dylan à Hemingway, de Kennedy à Lincoln, d’Humphrey Bogart à Pocahontas. Cette dernière représente l’indianité qu’il ne faut pas oublier en Amérique. Le sang indien qui a coulé dans la terre américaine est toujours là.

Un fleuve sur deux, une ville sur deux ou presque, possède un nom indien. Cette nation indienne a joué un très grand rôle. Je ne suis pas seulement allé chercher des Américains que je connais, mais aussi qui représentent pour moi le tissu dans lequel ce pays s’est fondé.

 

Dans les textes, vous utilisez souvent la première personne du singulier…
Ça ne s’appelle pas Mon Amérique par hasard. J’utilise la première personne du singulier en parlant de la ségrégation que j’ai connue en Virginie, en parlant de Mohamed Ali que j’ai rencontré avant un combat de boxe, de Kennedy dont j’ai couvert l’élection et l’assassinat.

D’Hollywood où j’ai rencontré John Ford. J’ai vu la première apparition d’Elvis Presley à la télé. J’ai connu Anaïs Nin, la maîtresse d’Henry Miller, qui m’a parlé d’Hemingway comme personne. J’ai rencontré Steve McQueen…

C’est presque comme un journal intime, assez subjectif, sur l’Amérique, et en même temps je raconte sur ces gens-là des choses qu’on ne sait pas, des anecdotes, des moments.

 

Y a-t-il de grands oubliés ?
Je sais que je vais subir quelques reproches. On va me demander pourquoi j’ai choisi Louis Armstrong plutôt que Miles Davis. Humphrey Bogart plutôt que Gary Cooper. Hemingway plutôt que Dos Passos.

Il y a forcément des impasses parce qu’il existe bien plus de cinquante Américains qui, pour moi, représentent l’Amérique que j’aime. Parce que j’ai mis de côté l’Amérique que je n’aime pas.

C’est-à-dire les guerres en Irak, Bush, le capitalisme sauvage, le soutien à certaines dictatures d’Amérique latine. Il s’agit d’un choix éditorial.

 

Quel chemin a pris l’Amérique depuis les années 1950 ?
Comme toutes les sociétés, elle s’est transformée. Il y a eu beaucoup de conflits, d’assassinats politiques. Il y a eu un endettement considérable. L’arrivée sur l’échiquier mondial de l’Asie et la Chine.

Il y a une violence beaucoup plus forte qu’avant, comme en France. Et puis, il y a eu l’extraordinaire révolution de l’Internet, de l’information et de la communication. Les accessoires de transmission ne sont plus du tout les mêmes.

L’Amérique a changé mais elle-même a également fait évoluer la société. Elle est le laboratoire du monde moderne. C’est là que naissent les nouveaux outils. Il y a des erreurs, des failles.

L’Amérique n’est pas innocente, c’est un pays très compliqué. Mais elle conserve encore ses qualités d’ingé­niosité, d’énergie, d’audace, de dynamisme, de capacité de rebondir.

C’est pour ça qu’il ne faut jamais donner l’Amérique perdante.

 

Philippe Labro, Mon Amérique, Éditions de La Martinière, 30 euros.

 

Et sur DirectMatin.fr :

Les grandes figures de l'Amérique par Philippe Labro

 

 

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