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Le mangaka de légende Leiji Matsumoto "voyage dans le temps"

L'auteur de manga japonais Leiji Matsumoto présente le film "Albator" le 10 juin 2011 à Annecy [Jean-Pierre Clatot / AFP/Archives] L'auteur de manga japonais Leiji Matsumoto présente le film "Albator" le 10 juin 2011 à Annecy [Jean-Pierre Clatot / AFP/Archives]

Légende vivante du manga, le Japonais Leiji Matsumoto célèbre ses 60 ans de carrière au Festival d'Angoulême, où il assure vivre "un rêve, un voyage dans le temps, avec la sensation étrange de me retrouver dans une de mes histoires", dit à l'AFP le septuagénaire.

Silhouette fluette, bonnet vissé sur sa chevelure blanche, le visage mangé par de grandes lunettes et une barbichette, le père de "Capitaine Albator", de "Galaxy Express 999" et de nombreuses œuvres culte, jette, à 75 ans, un regard émerveillé sur les dorures de l'Hôtel de ville d'Angoulême.

"A 18 ans, j'ai dessiné des mangas dont les décors, l'architecture ressemblaient à cette ville", relève en japonais le mangaka, dont les propos étaient traduits par un interprète.

Génie précoce, admirateur du grand mangaka Osamu Tezuka, Matsumoto a publié son premier manga à 15 ans, "Les aventures d'une abeille", après avoir remporté un concours de création.

"Trois ou quatre ans après, j'ai vu le film de Duvivier, +Marianne de ma jeunesse+ (1955). Il m'a impressionné. Le film était en noir et blanc. Aujourd'hui, j'ai l'impresion de le voir en 3D et en couleur. D'ailleurs, j'ai décoré ma maison dans un style français", dit-il avec fierté.

Leiji Matsumoto se souvient de son premier voyage en France. "C'était la première fois que je voyais des pavés, ceux des rues de Paris, la Tour Eiffel, des immeubles anciens en pierre... J'étais émerveillé! J'ai aussi fait plus tard un vol en Concorde jusqu'à Rio, en passant par Dakar, une sacrée sensation, pour moi qui suis fils de pilote".

Prémonitions

"Ce qui est incroyable, c'est que j'avais déjà dessiné tout cela dans mes mangas, avant de l'avoir vécu. Une sorte de prémonition", assure le septuagénaire, passionné par l'étranger, les nouvelles technologies, les supports mobiles et les BD numériques.

"C'est comme la catastrophe de Fukushima, j'ai eu aussi une prémonition. Je l'avais dessinée en 1954 dans un manga". Cela se passait sur Mars. Après un accident nucléaire, toute la planète était contaminée. Les Martiens partaient alors vers la Terre mais comme elle était habitée, ils rentraient chez eux et subissaient les radiations, raconte-t-il.

L'horreur nucléaire, Leiji Matsumoto l'a subie en août 1945. "L'avion qui a lâché la bombe sur Hiroshima est passé juste au-dessus de ma tête. Le deuxième aurait dû prendre pour cible une ville toute proche de Fukuoka où je vivais. C'est la mauvaise météo qui a condamné Nagasaki", se souvient-il.

"Cela m'a traumatisé mais a été une source d'inspiration, comme toutes mes expériences de jeunesse. Quand je faisais les 400 coups, de l'escalade, nageais dans des eaux dangereuses. L'expérience personnelle est essentielle pour un créateur, même de science-fiction", insiste-t-il.

"A Hollywood, j'ai demandé à des Américains de mon âge ce qu'ils pensaient d'Hiroshima. +Inhumain+, m'ont-ils répondu. Cela m'a rassuré".

Aucun mangaka n'a jusqu'ici reçu le Grand Prix d'Angoulême, alors que la France est le deuxième marché du manga au monde, après le Japon. Cela le chagrine-t-il? "Pour moi, c'est une question de différence de sensibilité des jurés", dit-il avec indulgence. "Bien sûr, je serais heureux qu'un Japonais soit couronné".

Trois de ses compatriotes, Jirô Taniguchi, Katsuhiro Otomo et Akira Toriyama, font partie des 16 candidats soumis au vote des auteurs lors de ce 40e Festival.

Un marathon Albator et des rencontres sont organisées vendredi à Angoulême pour ses fans, avec la diffusion de l'intégralité de ses dessins animés: 14 heures de projection...

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