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Joe Wright lève le rideau sur son "Anna Karénine"

Keira Knightley dans Anna Karénine de Joe Wright Keira Knightley dans Anna Karénine de Joe Wright[
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Après avoir adapté Orgueil et préjugés de Jane Austen en 2005 et Expiation de Ian McEwan avec Reviens-moi en 2007, Joe Wright porte à l’écran le classique de la littérature russe Anna Karénine de Léon Tolstoï. Le réalisateur britannique retrouve une fois de plus son actrice fétiche Keira Knightley dans ce drame audacieux tourné dans un ancien théâtre et livre une magnifique partition sur le sentiment amoureux.

 

Pourquoi adapter ce classique de la littérature russe?

J’ai relu ce roman durant une période de ma vie où je commençais à m’interroger sur le mariage, la famille... J’ai été très ému par la méditation de Tolstoï sur l’amour et sa démarche pour montrer que celui-ci nous ouvre les yeux sur notre cheminement dans l’existence. Anna Karénine est un roman complexe qui possède différentes strates. Il ne s’agit pas seulement de l’histoire du personnage d’Anna Karénine, il y a d’autres histoires tout aussi intéressantes, celle de Levine et de Kitty et des autres personnages comme les Oblonski.  

 

Adapter un roman qui a déjà été porté plusieurs fois à l’écran est-il un défi supplémentaire?

Quand je regarde une peinture de Rembrandt, assiste à une pièce de Shakespeare ou lis un roman de Tolstoï, j’essaie de me faire ma propre opinion. Je n’ai donc pas vraiment prêté attention aux autres adaptations cinématographiques. Peut-être aurais-je dû… 

 

Anna Karénine est un roman très ample, très dense. Quel était l’aspect que vous vouliez mettre particulièrement en avant ?

L’idée de départ est vraiment d’examiner l’amour sous ses différentes formes. Avec Tom Stoppard, quand on a s’est attaqué au scénario, on a décidé de ne garder que les pages qui concernaient l’amour et de laisser de côté les pages sur l’Histoire russe de l’époque.

 

Justement, que dit le roman de la société russe d’alors ?

Le livre nous parle de l’hypocrisie de cette époque, la crise d’identité que subissait la Russie à cette époque. Ils avaient du mal à se positionner, à savoir s’ils appartenaient à l’Ouest ou à l’Est. Ils voulaient ressembler à la société française. Ils parlaient français, s’habillaient comme les Français, lisaient des livres sur l’éducation à la française. Leurs salles de bals avaient de grands miroirs partout. Ainsi ils pouvaient s’admirer arborant la mode française.

 

Vous avez tourné la plupart des scènes du film dans un théâtre délabré...

Cette idée d’utiliser un théâtre comme décor m’a permis de montrer que les Russes, à cette époque, vivaient comme s’ils étaient en représentation, comme s’ils jouaient un rôle sur scène. Je trouvais cette métaphore bien sentie pour illustrer l’artificialité de cette identité. De manière plus subjective, je la trouvais intéressante également pour ce qu’elle disait du personnage d’Anna. Cette femme joue un rôle qui ne lui convient plus. Elle va essayer de se libérer du statut de femme mariée, mais en subira les conséquences.

 

Quel challenge ce parti pris a-t-il représenté pour l’équipe du film ?  

Ca a été un immense défi pour le département artistique et beaucoup de travail pour ma chef costumière Sarah Greenwood. Mais il y a aussi eu beaucoup d’avantages à tourner dans un lieu unique. C’était comme utiliser un lieu pour une installation ; le faire évoluer, changer au gré des besoins.

 

Vous avez travaillé avec le célèbre chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui, pour les séquences de bal, mais pas seulement. Il a aussi régler les mouvements des acteurs…

Je m’intéresse beaucoup à l’exploration des mouvements du corps. Et je voulais explorer une performance physique plus expressive. J’ai donc convaincu Sidi de venir travailler avec moi et de trouver un moyen de traduire cette recherche.

 

Vous travaillez presque toujours avec la même équipe. Pourquoi cette fidélité ?

Pour deux raisons. D’abord parce que je pense qu’ils sont brillants. Ils me comprennent et je les comprends. Ensuite, parce que je trouve que durant le processus de la réalisation d’un film, on est vulnérable. C’est une expérience émotionnelle très forte durant laquelle il faut être bien entouré. Je me sens en sécurité avec eux. On est comme une famille, on prend soin les uns des autres.

 

Votre film est très visuel. Avez-vous pensé le tourner en 3D ? Est-ce une technologie qui vous attire ?

Je n’ai jamais vu un film en 3D ! Et pour être honnête, je n’ai jamais eu le budget pour faire un film en 3D. Ca prend beaucoup de temps et donc ça coûte beaucoup plus cher. Pour l’instant, ce n’est pas une option.

 

Qu’avez-vous prévu de faire après la sortie d’Anna Karénine ?

Je vais prendre un peu de temps pour faire du théâtre l’année prochaine. Je vais notamment monter A Season in Congo au Young Vic de Londres. Il s’agit d’une pièce écrite par Aimé Césaire sur Patrice Lumumba et l’indépendance du Congo. 

 

Anna Karénine, de Joe Wright, avec Keira Knightley, Jude Law et Aaron Taylor-Johnson. En salles.

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