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NBA : Comment le destin s’est acharné en faveur des Warriors

Stephen Curry et les Warriors peuvent remercier leur bonne étoile.[EZRA SHAW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP]

Arrêtez de lui jeter des pierres. Kevin Durant n’a fait que suivre le dessin tracé par les forces célestes de l’Univers. Critiqué pour sa décision de rejoindre les Golden State Warriors, l’ancien ailier du Thunder ne pouvait pas lutter contre un alignement parfait des planètes.

Car si on y regarde de plus près, il est difficile de ne pas voir la formation de cette équipe comme étant l’œuvre implacable et inéluctable du destin. Oui, je sais, ça fait un choc. Mais c’est la seule manière intelligible d’expliquer la multitude d’évènements concordants qui ont dû se produire pour que la signature de Kevin Durant aux Warriors soit possible. Une probabilité infinitésimale qui rend toute cette opération encore plus fascinante. On récapitule :

Eté 2010 

Andre Iguodala, Kevin Durant et Stephen Curry se découvrent un même attrait pour la religion lors des Championnats du monde de basketball en Turquie pendant lesquels ils prient régulièrement ensemble. Selon Ethan Strauss du site ESPN, cette expérience commune aurait forgé les fondations de leur réunion.

Eté 2012 

Stephen Curry est considéré comme un joueur à risque à cause de ses blessures répétées aux chevilles. Son extension avec les Warriors, signée juste après le recrutement d’Andrew Bogut en provenance de Milwaukee, est de 44 millions de dollars sur quatre ans, soit 11 millions annuel. Un contrat qui paraît ridicule aujourd’hui mais qui a notamment permis aux Warriors de recruter Andre Iguodala en 2013, et de prolonger Klay Thompson et Draymond Green ces dernières saisons. Sans pour autant mettre en péril la situation financière du club.

Eté 2013

Dwight Howard refuse d’approuver un transfert (un «sign and trade» dans le jargon NBA) avec un contrat de quatre ans à la clef pour jouer aux Warriors. Il décide de quitter les Los Angeles Lakers pour rejoindre l’effectif des Houston Rockets en tant qu’agent libre.

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Octobre 2014 

Le nouveau contrat pour les droits de diffusion TV et digitaux atteint la somme record de 24 milliards de dollars. Le problème ? La convention collective signée en 2011 après plusieurs semaines de grève ne contient pas de mesure particulière pour contrôler la hausse de la limite salariale directement liée à cette formidable entrée d’argent qui va se déverser dans la ligue dès la fin de la saison 2016. La NBA essaiera de négocier avec le syndicat des joueurs une diffusion progressive de tout cet argent. Ce que ces derniers refuseront de faire.

Octobre 2015 

Bien qu’il vient de remporter le titre de champion NBA quelques mois plus tôt, le trio des Warriors – Curry, Thompson, Green – a déjà commencé à recruter Kevin Durant. Plusieurs SMS et autres appels téléphoniques seront échangés tout au long de l’année pour tenter de le persuader de rejoindre le club à l’été 2016.

2016 - Premier tour des playoffs 

Face aux Rockets, Stephen Curry glisse sur le parquet. Quelques secondes auparavant, Donatas Motiejunas, ailier jouant pour l’équipe de Houston, venait de glisser sur le sol, sa sueur créant une zone humide et glissante alors que le meneur se retrouve balle en main. Stephen Curry finira par déraper dessus, se blessant dans la foulée. Il fera son retour à la fin de la série face aux Blazers au tour suivant, mais avec des performances en dent de scie peu communes pour le joueur comparées à sa saison de MVP.

2016 - Finale de conférence Ouest 

Après avoir réussi l’exploit d’éliminer les Spurs au tour précédent, le Thunder parvient à prendre un avantage décisif face aux Warriors, 3 manches à 1. A ce moment, la probabilité de voir Golden State s’incliner est immense puisque seules 9 équipes sur 232 dans l’histoire ont réussi à revenir d’un tel déficit. Soit moins de 4% d’entre elles. Quelques jours plus tard, après avoir vu Klay Thompson planter 11 paniers à trois points (un record NBA) au Game 6 à Oklahoma, Kevin Durant assiste à la qualification des Warriors pour les NBA Finals après une défaite au match 7. Si le Thunder s’était qualifié, Kevin Durant aurait-il quitté le club pour rejoindre Golden State ?

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2016 - NBA Finals 

Les Warriors semblent s’envoler irrémédiablement vers un 2e sacre consécutif après avoir dominé Cleveland lors du Game 4. Ils mènent la série 3-1. Aucune équipe en  finale NBA n’a jamais réussi à revenir d’un tel déficit. 0%. Personne. Jamais. Nada. Mais Draymond Green est suspendu après une énième faute flagrante (qui sera requalifiée comme telle après coup par la NBA, et non pendant le match. Une décision controversée qui fera couler beaucoup d’encre) juste avant le match 5. Et lors de ce match 5, Andrew Bogut se blesse. Portés par un Lebron James au sommet de son art, les Cavaliers remportent le premier titre de leur histoire. Le premier dans un sport majeur pour la ville de Cleveland depuis 52 ans. Les Warriors, rongés par la défaite, se préparent à rencontrer Kevin Durant.

Si Golden State remporte un 2e titre consécutif, les Warriors tentent-ils de recruter Kevin Durant malgré tout ? Celui-ci ose-t-il signer avec un club qui vient de devenir la meilleure équipe de l’histoire sans lui ? Probablement pas.

Epilogue

Ce qu’il faut retenir de cette énumération chronologique d’événements sans liens directs les uns avec les autres est que la signature de Kevin Durant aux Warriors, qui ne manque pas d’enrager une large portion de fans de la balle orange, a été rendue possible grâce, ou à cause, de l’émergence d’une situation unique dans l’histoire de la NBA, tant d’un point de vue systémique - principalement la hausse des recettes non prise en compte par la convention collective (alors que tout le monde savait que ce jour arriverait) provoquant l’obsolescence de la barrière virtuelle représentée par la limite salariale supposée garantir l’équité au sein de la ligue – que managérial (le contrat ridiculement bas signé par Curry avant que le joueur n’explose ces deux dernières saisons) et sportif (deux équipes ont réussi à remonter un déficit de 3-1 coup sur coup quand cela n’arrive pratiquement jamais).

Le 30 mars dernier, le propriétaire des Warriors Joe Lacob avait parlé de la franchise comme étant à «des années lumières» devant la concurrence en terme de management et d’organisation. Ce qui lui avait valu de devenir la risée du web après la défaite de son club en finale NBA. Le 4 juillet dernier, c’est probablement lui qui arborait un large sourire au moment où il prenait connaissance de la décision de Kevin Durant de rejoindre son équipe. Mais la réalité est que ni lui, ni Bob Myers, le général manager, ne sont des génies capables de prédire l’avenir. Ils ont seulement su saisir une opportunité unique née d’un concours de circonstances qui ne se reproduira, peut être, jamais.

C’est le destin, on vous dit.

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