Ex-gloire de la NBA dans les années 1970/1980, Kareem Abdul-Jabbar a ouvertement critiqué Michael Jordan pour son manque d’engagement personnel pour les causes politiques et sociales concernant la communauté afro-américaine.
Invité d’une émission de radio, l’ex-joueur des Milwaukee Bucks et des Los Angeles Lakers s’est longuement exprimé à propos de l’importance pour les athlètes de prendre position sur des sujets de société, même si cela doit leur causer des problèmes.
"Parfois, on n’a pas le choix. Lorsqu’il arrive quelque chose, peu importe si ça vous arrange ou pas. Si c’est le moment de parler, il faut parler. Il ne faut pas avoir peur" a-t-il martelé avant de critiquer ouvertement Michael Jordan pour, selon lui, son manque d’engagement politique. "On ne peut pas avoir peur de perdre des ventes de chaussures quand on se préoccupe de ses droits. Il a choisi le commerce plutôt que sa bonne conscience. C’est malheureux pour lui, mais il doit vivre avec" poursuit l’ancienne star des parquets.
Des critiques injustifiées ?
Pourquoi ces critiques de la part de Kareem Abdul-Jabbar ? L’ex-pivot des Lakers fait directement allusion à une phrase lancée par Michael Jordan en 1990. Alors au fait de sa gloire, le joueur des Bulls de Chicago avait refusé d’apporter son soutien au démocrate Harvey Gantt, candidat opposé au républicain Jesse Helms – un homme connu pour ses positions hostiles envers la population afro-américaine – dans la course au Sénat. Pour expliquer sa décision de se tenir à l’écart du débat politique, Michael Jordan, connu pour vendre des millions de ses chaussures à travers le monde avec l’équipementier Nike, avait alors déclaré : "Les Républicains aussi achètent des paires de baskets".
Une prise de position controversée qui continue de le poursuivre aujourd’hui. Mais qui ne saurait résumer les véritables convictions qui animent celui qui est considéré comme le meilleur joueur de tous les temps. Interrogé par le site américain TMZ, Ron Harper, qui fut le coéquipier de Michael Jordan aux Bulls à la fin des années 1990 a tenu à rétablir la vérité à ce propos. "Michael est une personne consciencieuse. Il ne s’exprime pas dans la presse pour prouver au monde ses valeurs humaines… mais il est une des personnes les plus intelligentes que je connaisse" a-t-il déclaré.
"Les choses qu’il fait ne sont peut être pas diffusées à la télévision comme aiment le faire d’autres athlètes qui veulent apparaître comme étant des Américains irréprochables, mais Michael… il sait ce qu’il fait dans la vie, et il se soucie de ce qui se passe" poursuit-il.
Dans un article datant de décembre 2014, le journaliste du site sportif ESPN, Scoop Jackson, avait justement démontré l’influence de Michael Jordan sur la communauté noire aux Etats-Unis, rappelant notamment qu’il reste aujourd’hui le seul afro-américain à être propriétaire majoritaire d’un club (et cela est valable pour l’ensemble des sports majeurs américains), et qu’il est un des seuls à employer des personnes issues des minorités à des postes à haute responsabilité. Il en est de même au sein de sa marque, Jordan Brand, où des afro-américains occupent des postes clefs, à l’instar de Larry Miller, président de la société.
"Il a toujours été préoccupé par le fait de créer des sociétés qui réussissent et à donner le pouvoir à des responsables issus des minorités, comme moi-même, en leur offrant l’opportunité de grandir et de progresser au sein de l’entreprise" explique Larry Miller dans cet article qui démontre comment l'influence économique de Michael Jordan est toute aussi importante pour la communauté afro-américaine que celle qu'il pourrait avoir à l'échelle sociale et politique.