En direct
A suivre

La 5G est-elle vraiment plus dangereuse que la 4G ?

Une antenne 5G installée à Pékin (Chine). [© NICOLAS ASFOURI / AFP]

Alors que l'on devrait compter plus d'un milliard d'abonnés à la 5G dans le monde d'ici à 2023, selon un rapport Ericsson Mobility, le nouveau réseau n'en finit pas d'enflammer le débat autour de son impact sur la santé mais aussi sur la société.

Alors que des théories non-fondées avancent que la 5G pourrait «occasionner des lésions sur l'ADN» et que la polémique autour de l'impact des ondes sur la santé s'éternise, les chercheurs s'accordent à relativiser la question.

«L’expertise nationale et internationale ne conclut pas à l’existence de risques sanitaires liés à une exposition aux champs électromagnétiques émis par les antennes relais de téléphonie mobile, dès lors que les valeurs limites d’exposition du public (…) sont respectées», a rappelé le gouvernement français le 22 septembre dernier.

UN IMPACT SUR LA SANTÉ À MODÉRER ?

«Il faut savoir que les normes sont déjà assez restrictives», rappelle Alain Sibille, chercheur et professeur à Télécom-Paris (Institut Polytechnique de Paris) interrogé par CNEWS. Et de poursuivre : «On ne peut formellement affirmer que le risque n'existe pas, mais il n'y a toujours pas de cause physiologique identifiée». Une inquitéude qui est née dès les années 1950 avec les premières antennes émetrices pour la télévision notamment et qui rebondit régulièrement depuis.

«Concernant la 5G, il faut tenir compte des différences de fréquence avec la 2G, la 3G et la 4G. Il faut savoir que plus on monte en fréquence moins les ondes pénètrent dans le corps. Il faut donc relativiser l'impact des ondes sur nos organes. Ainsi, les ondes millimétriques entre 25 et 28 GHz ne pénètrent pas plus loin que la peau et quelques millimètres», ajoute le chercheur. 

Il reste très difficile de mesurer l'exposition liée au contact des terminaux.

Publié en septembre, le rapport intitulé «Déploiement de la 5G en France et dans le monde : aspects techniques et sanitaires» et réalisé par plusieurs organismes de l'Etat souligne qu'«en France, les mesures actuelles de l’exposition sont largement en-deçà des valeurs limites fixées par la réglementation (...)», mais ce document tempère : «il est néanmoins très difficile de mesurer l’exposition liée aux usages (c’est-à-dire au contact des terminaux) qui, pourtant, en représentent usuellement la part prépondérante». En clair, la réponse concernant les effets sur la santé n'est pas vraiment tranchée et les inquiétudes, comme pour toutes les générations de réseaux mobiles, portent le contact du téléphone avec les parties du corps. 

«Du côté des terminaux (smartphones, tablettes...), il peut y avoir une concentration des énergies sur un endroit en particulier (oreille, main) mais il n'est pas du tout évident que ceci puisse être facteur de risque. Par ailleurs, les inquiétudes exprimées concernent souvent les antennes réseaux et le fait qu'elles se rapprochent des utilisateurs. Or, pour avoir une bonne couverture réseau, il faut un certain niveau de puissance et donc plus une antenne est loin, plus elle doit être puissante. Dans le cas des antennes 5G, celles-ci seront plus proches mais également moins puissantes car l'atténuation est nettement plus faible, la puissance moyennée sur l'ensemble d'un réseau est donc plutôt moindre de ce seul fait», explique Alain Sibille.

Les antennes 5G exposent moins les utilisateurs

Les antennes 5G évoluent et ne sont pas comparables à celles des précédentes générations, y compris la 4G. Ainsi, les nouvelles antennes à faisceaux orientables rayonneront vers les utilisateurs actifs, avec des faisceaux plus fins qui exposent moins les utilisateurs inactifs. Concrètement, «les antennes 5G intègrent des modes silencieux et semi-silencieux, c'est à dire qu'elles ne rayonnent pas en permanence, notamment pour des raisons écologiques, mais aussi pour réduire la facture énergétique, car une antenne qui fonctionne en permanence consomme beaucoup d'énergie. Parallèlement, les antennes 5G intègrent des panneaux qui permettront de communiquer de manière différenciée vers les utilisateurs et très peu dans les autres directions, contrairement à la 4G qui rayonne quant à elle en permanence dans tout un secteur», résume Alain Sibille.

Toutefois, cette technologie adaptative devrait être capable de supporter plusieurs connexions en même temps. «A usage équivalent, on peut donc dire que la 5G rayonnera moins que la 4G. En revanche, les usages vont augmenter et les besoins de communication réseau devront suivre. Donc globalement, ça ne devrait pas baisser. Il ne faut pas oublier aussi qu'à un moment la 2G et la 3G vont finir par disparaître. Il y aura donc une augmentation progressive et plus modérée», tempère Alain Sibille.

La 4G toujours en déploiement

Si la 5G devrait accompagner les mobinautes, l'industrie comme l'agriculture connectées durant les années 2020, il ne faut pas oublier que ces prochaines années seront consacrées à son déploiement. Un déploiement qui devra aussi se poursuivre pour la 4G.

«Le déploiement de la 4G, enjeu majeur d'aménagement du territoire, est en cours d'achèvement en France. Au 31 mars 2020, selon les opérateurs, entre 97 % et 99 % de la population métropolitaine est desservie et entre 88 % et 89 % des sites sont couverts, avec un objectif de couverture des zones blanches résiduelles d’ici fin 2022», rappelle les autorités française dans le rapport cité plus haut. Il faut donc comprendre que la 4G n'a pas totalement achevé son déploiement qui a pourtant commencé à la fin des années 2000. Et les deux réseaux vont donc coexister encore, comme la 2G et la 3G qui seront quant à elles vouées à disparaître dans les prochaines années.

L'installation des antennes 5G plus encadrée

Autre point important, la 5G ne fera pas l'objet d'installation «à la sauvage». Une loi, promulguée en 2015, «hausse le niveau d’exigence en matière de transparence et d’information sur l’exposition du public aux ondes électromagnétiques notamment lors de l’implantation ou de la modification substantielle des installations radioélectriques soumises autorisation ou avis de l’ANFR, telles que les antennes de téléphonie mobile», explique le texte. 

Retrouvez toute l'actualité sur la 5G ICI

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités