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Rima Ayadi : «Ouvrir la porte d’une salle de boxe m’a sorti de la dépression»

Rima Ayadi est invaincue en 10 combats de boxe chez les professionnelles. Rima Ayadi est invaincue en 10 combats de boxe chez les professionnelles. [Baptiste Fernandez/Icon Sport]

La boxeuse française Rima Ayadi va combattre, ce jeudi, pour un titre européen face à sa compatriote Licia Bourdersa au Casino d'Enghien-les-Bains. L’occasion pour l’élève d'Abadila Hallab de se confier à CNEWS sur son incroyable parcours, elle qui a découvert la discipline à 26 ans.

C’est le combat d’une vie. Opposée, ce jeudi, au Casino d'Enghien-les-Bains à Licia Bourdersa (21 victoires, 1 nul, 2 défaites), qui remplace la Belge Delfine Persoon, pour le titre européen vacant des super-plumes, la boxeuse Rima Ayadi (29 ans), invaincue en 10 combats, va tenter de poursuivre son rêve avec un titre continentale. Pour CNEWS, elle revient sur son début de carrière, les moqueries et ses envies de couronne mondiale.

Comment vous sentez-vous à l’approche de ce combat pour le titre vacant européen ?

Je me sens étrangement bien. Tout va bien. Je suis contente d’être enfin au combat. J’ai passé une préparation très rude. C’était vraiment l’enfer. Elle était intense, je me demandais quand elle s’arrêterait. C’est la préparation la plus dure et éprouvante que j’ai réalisée. J’en ai bavé.

Sur quels points avez-vous mis l’accent ?

Évidemment avant le combat, on évite de dévoiler ces choses-là, mais ce que je peux dire c’est qu’on a tellement travaillé physiquement que je me sens prête pour tenir un long combat. On a vraiment poussé la limite du corps. A plusieurs reprises, je pensais que j’étais à bout, mais on a été plus loin. Mon entraîneur Abadila Hallab et mon préparateur physique Valentino ont vraiment été exceptionnels. Comme toujours.

C’est votre 11e combat professionnel. Quel bilan faites-vous de votre parcours depuis vos débuts ?

C’est dingue tout ce que j’ai pu faire depuis mes débuts en 2016. Je pense que moi-même je n’avais pas autant d'ambition. Ce que je rêvais à l'époque, c'était de devenir juste championne de France. C’était déjà énorme. Non pas parce que je n’avais pas d'ambition, mais compte tenu de mon background et du fait que je n’avais pas beaucoup d'expérience. J'ai commencé à me mettre à la boxe à 26 ans sans expérience (elle a 34 ans aujourd'hui). Je viens d’un milieu pas du tout sportif donc je n’étais pas du tout attendue. Et sur le papier, ce n’est pas forcément logique qu'une fille qui commence à 26 ans avec des kilos en plus puisse devenir championne. Donc déjà pour moi, devenir un jour championne de France, c'était l'objectif. Et aujourd'hui l'objectif, c’est d’être championne d’Europe. Mais aussi du monde.

Vous êtes un OVNI dans cet univers qu’est la boxe anglaise…

Oui, je suis complètement un OVNI. Généralement, les sportifs disent tous qu’ils ont commencé très jeune. Alors que moi, pas du tout. Jusqu’à mes 26 ans, je n’avais jamais fait de sport.

Quand je monte sur le ring, je pense à toutes les moqueries que j'ai reçues !

Justement pourquoi avez-vous choisi la boxe ?

J’étais serveuse à l'époque (elle a également été chauffeur VTC la nuit pour gagner sa vie) et je travaillais dans un restaurant, il y avait des clients qui étaient boxeurs, qui sont devenus des habitués et des amis. Et moi, à ce moment-là, je n’allais pas bien du tout dans ma vie personnelle. Le travail, la vie… et j’avais besoin de me défouler. Ils ont insisté pour que je tente ma chance dans une salle de boxe. J’y suis allé pour leur faire plaisir sauf que je ne m'attendais pas à avoir un coup de cœur. Dès que j’étais face au sac, j’ai eu des émotions cachées à l’intérieur de moi qui sont sorties. Et là, j'ai compris que ça pouvait m'aider. Ca m'a réellement sauvé de la dépression d’aller dans une salle de boxe. Ca m'a redonné le goût de faire une activité, de me voir progresser, de me défouler, de rentrer chez moi complètement vidé de mes émotions négatives. Ca m'a redonné confiance en moi.

Et lorsque vous montez sur un ring, vous devez repenser à ces années de galère…

Je pense à ce qui m'est arrivé avant et surtout, je pense à tous ceux qui se sont moqués de moi, parce que quand j'ai annoncé très rapidement le fait que je voulais faire une compétition, beaucoup de monde s'est moqué de moi.

Après ce combat, sur quoi vous projetez-vous ?

Le titre mondial, je vais tout faire évidemment. Et j'aimerais aussi boxer en Angleterre, aux États-Unis. Là-bas, la boxe chez les femmes est très respectée. Il y a une forte médiatisation, les gymnases sont remplis, les salaires des boxeuses sont respectables. C'est un autre monde.

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