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Roland-Garros 2023 : pourquoi le public français fait-il polémique ?

Roland-Garros Le public français fait polémique depuis le début du tournoi de Roland-Garros. [Thomas SAMSON / AFP]

Depuis le début du tournoi, les spectateurs de la 122e édition de Roland-Garros se sont fait remarquer à de nombreuses reprises. Capable d’acclamer Gaël Monfils jusqu’au bout de la nuit, le public du Grand Chelem a commis quelques impairs, pas toujours tès appréciés.

Tout avait pourtant bien commencé. Lors de la semaine de qualification du 122e Roland-Garros, le public français avait montré qu’il pouvait être incroyable. Le soir du 1er tour, Gaël Monfils, poussé jusqu’au bout de la nuit par quelques milliers d’irréductibles, avait réussi à se qualifier face à l'Argentin Sebastian Baez, alors qu’il était mené 4-0 dans le 5e set. Malheureusement, la suite n’est pas des plus glorieuses. 

l'Américain Taylor Fritz s’est fait copieusement siffler lors de son match contre le Français Arthur Rinderknech. Novak Djokovic s’est lui fait huer par le public du Central lorsqu’il a laissé s'exprimer un certain mécontentement sur son propre niveau. Kader Nouni, célèbre arbitre français, s'est fait, lui aussi, réprimander lorsqu’il a tenté d’expliquer quelque chose à Holger Rune lors de son 1/8e contre Francisco Cerundolo.

Le public français s’est aussi permis de huer la joueuse russe Daria Kasatkina après sa défaite contre l’Ukrainienne Elina Svitolina, alors que la première nommée n’a cessé de s’exprimer contre la guerre en Ukraine. Pire, deux jours plus tard, le public du Philippe-Chatrier a sifflé l'Ukrainienne qui a refusé de serrer la main d'Aryna Sabalenka.

«Il y a des individus ou des groupes qui adorent huer»

Face à cette multitude d’actes, que l’on pourrait qualifier d’irrespectueux, certains joueurs ont pris la parole après leur match. «Le public français est un peu difficile. Je n’aime pas trop quand ils sifflent. Ils veulent que les Français gagnent, c’est normal. Dans les autres pays, même si je fais un bon coup ou un truc comme cela, ils aiment bien. Ici, ce n’est pas forcément le cas», a déclaré la Tunisienne Ons Jabeur après son match contre la Française Océane Dodin. 

«Il y a des individus ou des groupes qui adorent huer. Je trouve ça irrespectueux et je ne comprends pas cela. Mais ils ont payé, ils font ce qu’ils veulent, d’ailleurs la plupart du temps, je ne dis rien, mais parfois quand quelqu’un a un comportement irrespectueux, je réponds», a lâché, de son côté, Novak Djokovic. 

«Il ne faut jamais faire de généralités»

Pour Guy Forget, ancien directeur du tournoi de Roland-Garros, il ne faut pas forcément cataloguer le public français comme étant un public de «mauvais élèves». «Il ne faut jamais faire de généralités, on parle du public, mais souvent ce sont quelques individus qui font du bruit. Il ne faut pas faire une généralité de quelques personnes qui sont mal intentionnées ou qui ont envie de manifester une frustration qui est peut-être autre que ceux qui peut se passer sur le terrain. Il y a des joueurs et des joueuses qui ont eu des mauvais comportements sur le terrain. Il y a aussi des joueurs et des joueuses qui ont commis des maladresses. Ce qui fait que le public s'est retourné contre eux», a confié l'ancien joueur français à CNEWS.

«Un professionnel, c'est quelqu'un qui va réussir à mesurer l'état émotionnel du public et qui, comme Yannick Noah à l'époque, va réussir à se le mettre dans la poche. Quand Taylor Fritz dit au public de se taire, c'est maladroit, s'il fait ça en Italie, il se passera littéralement la même chose. S’il fait ça en Amérique du Sud, il va prendre des cannettes dans la figure. On sait que le public est versatile et parfois très exigeant. C'est partout pareil, il y a peut-être les Anglais, qui sont parfois plus respectueux. Les Américains sont très bruyants, très chauvins», a ajouté le double vainqueur de la Coupe Davis avec l'équipe de France. 

Jo-Wilfried Tsonga, ancien n°5 mondial, partage le même sentiment. «Ce n'est pas un public de mauvais élèves et c'est d'ailleurs ce que moi, j'aime. C'est un public qui aime quand le joueur se donne à fond et peu importe le résultat. On a quand même une citation qui dit que le principal, c'est de participer. Non, ce n'est pas ça, le principal, c'est de se déchirer. Une fois que tu arrives là, tu donnes le meilleur, tu ne lâches rien, tu te bats sur tous les points. Tu essayes d'avoir cet état d'esprit de vainqueur et je pense que c'est ça que les gens aiment», a rapporté Jo-Wilfried Tsonga à CNEWS.

«J'aime quand il y a un peu d'électricité»

De son côté, Fabrice Santoro, joueur professionnel durant vingt-et-un ans, ne comprend pas le public français, qui s’est énormément plaint d’une ambiance trop monotone durant de nombreuses années. «Moi, le public, il ne m'a pas dérangé. Moi, j'aime quand il y a un peu d'électricité. Ce qui est très paradoxal, c'est d'entendre des gens se plaindre d'un public chauvin, un peu bruyant et à l'inverse, j'entends des gens, toute l'année, qui sont nostalgiques des années 1980, 1990, des gens qui me disent qu'aujourd'hui le tennis est beaucoup trop lisse, qu'il y a moins de caractère, qu'il y a moins d'ambiance sur le terrain. Certes, ça joue très bien, mais on a envie de voir des joueurs qui ont du caractère. On a un public qui se contredit, mais en tout cas moi, j'aime ce que j'ai vu pendant la première semaine de Roland-Garros». 

L’avis du public est, lui, partagé. «J’étais sur le court Suzanne-Lenglen pendant le match de Taylor Fritz contre Arthur Rinderknech. J’ai été choqué de voir autant de personnes qui s’en fichaient du tennis et qui étaient sur leur téléphone pendant les points et qui venaient crier avant que Fritz serve ou pendant que les deux joueurs étaient sur la chaise. C’était hallucinant. Pourquoi les gens viennent et payent des places alors qu’ils s’en fichent ? Derrière, vous avez des milliers de personnes qui rêveraient de regarder ce match et qui rêveraient d’y mettre une ambiance de rêve», a déclaré Théo, 21 ans, à CNEWS.

«Le problème du public français, c’est qu’il est beaucoup trop en faveur de l’outsider. C’est comme cela qu’on se retrouve à voir un Novak Djokovic se faire siffler sur le court Philippe-Chatrier. C’est important de soutenir le plus faible, parce qu’on a envie que le match s’éternise, parce qu’on a payé, donc on en veut pour notre argent, mais il y a un juste milieu. On siffle des mecs qui sont des légendes et qui nous font rêver toute l’année», a rapporté Arthur, 30 ans.

«Il faut dire les choses. J’ai honte du public français. Elina Svitolina vient de se faire siffler parce qu’elle n’a pas serré la main d’Aryna Sabalenka. Elle a expliqué des tas de fois pourquoi elle faisait ça. Franchement, le court Central est rempli de beaucoup de 'débiles' parfois», a conclu, agacée, Justine, fan de tennis depuis plus de quinze ans. 

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