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Vendée Globe : «la course est terminée, enfin presque !», l'avis de Christopher Pratt, co-skipper Charal

[AFP]

Remplaçant de Jérémie Beyou sur le Vendée Globe 2020, le skipper professionnel Christopher Pratt, aussi entrepreneur chez Marsail, ne participe pas cette année à la reine des courses au large en solitaire. Il n’en demeure pas moins un observateur averti et livre chaque semaine à CNEWS son éclairage sur le déroulé sur ce tour du monde à la voile qui s'annonce historique.

«Les premiers concurrents sont arrivés il y a un peu plus d’une semaine. Une arrivée complétement dingue avec 8 bateaux en moins de 24 heures ! Ils nous ont offert le scénario le plus incroyable de toutes les éditions du Vendée Globe. Un régal ! Douze skippers dont une femme, Clarisse Cremer, ont déjà embouqué le chenal des Sables. Pourtant, le Vendée Globe n’est pas fini. Il n’est pas fini car, à l’heure où j’écris ces lignes, treize marins sont encore en mer. D’ailleurs, le grandissime favori, Jérémie Beyou (reparti des Sables neuf jours après le départ suite à une série d’avaries majeures sur son IMOCA Charal) est attendu sur la ligne ce samedi. C’est même loin d’être fini, car les derniers concurrents ne devraient pas rejoindre la ville hôte avant la fin du mois. Notons que la courageuse Samantha Davies, qui a décidé de continuer son tour du monde hors course, devrait, elle aussi, arriver à la fin du mois. Nous nous devons de saluer la performance de tous les marins qui boucleront ce tour du monde. Alors, cela sera fini quand chacun d’eux aura été au bout de son aventure. Et puis, le public sablais sait accueillir tous les marins, quel que soit leur classement ! 

Classement

Le scénario inattendu de cette édition a accouché d’un classement grandement impacté par les bonifications. Nous en avions déjà parlé, l’idée n’est en aucun cas de contester les compensations en temps dont ont été crédités les marins qui se sont déroutés lors du sauvetage de Kevin. 

- Charlie Dalin, premier à franchir la ligne est second au classement. 

- Louis Burton, second sur la ligne d’arrivée est classé troisième. 

- Yannick Bestaven, troisième à franchir la ligne est classé premier. 

- Thomas Ruyant, quatrième sur la ligne est quant à lui sixième au classement. 

- Jean Le Cam, huitième sur la ligne est classé quatrième. 

Bref, Kevin, tu as mis un sacré bazar ! 

Je pense qu’in fine, nous retiendrons avant tout la victoire de Bestaven, parce que seul le nom du vainqueur reste. Toutefois, je suis certain que nous n’oublierons pas les courses extraordinaires de ses dauphins. Nous n’allons pas tous les citer mais, chacun à leur manière, ils ont un peu gagné aussi. J’ai vraiment été bluffé par l’intensité et le niveau de cette tête de flotte. Les gars et les filles (jusqu’aux abandons de Samantha et Isabelle) ont mené leurs bateaux de manière admirable. Ils ont tous fait face à des avaries conséquentes avec résilience et efficacité. Je dis chapeau vraiment. Ça fait du bien d’admirer des héros des temps modernes, des personnes qui vont au bout de leurs rêves, qui repoussent au plus loin leurs limites, et qui, de surcroit, le font avec une grande humilité. 

Météo

Ce scénario improbable, que personne n’aurait imaginé, c’est Éole, le dieu du vent, qui l’a sculpté ! Une météo, nous sommes déjà revenus sur le sujet à plusieurs reprises, vraiment particulière. 

Celle-ci a toujours favorisé les poursuivants, et n’a permis à aucun leader de faire définitivement le break avec ses adversaires. Une météo atypique pour l’été Austral, qui, selon les spécialistes aurait eu deux à trois semaines de retard expliquant les tempêtes violentes et les calmes inhabituels subis par les skippers dans le grand sud. 

Cette météo inédite place les vainqueurs de cette édition à plus de six jours du record de l’épreuve, à tel point que certains d’entre eux en sont arrivés à manquer de nourriture dans les derniers milles de leur parcours ! Ils avaient prévu un tour en 70 jours, ils en ont mis dix de plus ! 

Une météo terrible donc, pour les protagonistes, mais absolument parfaite pour nous spectateurs plus ou moins éclairés. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’en termes de suspens, nous avons été servis ! Les bookmakers n’auraient pas parié grand-chose sur ce podium final, ou encore sur la quatrième place de Le Cam !

Mes coups de cœurs

Yannick Bestaven, vainqueur, a réalisé une préparation et une course exemplaire. Il courrait après ce premier Vendée Globe depuis 20 ans, il ne l’a pas raté. Il a mis du temps à se mettre dans le rythme, pour ensuite être très rapide dans le grand sud. Il a été le seul à continuer d’appuyer sur le champignon dans les conditions dantesques. Malgré sa petite erreur de stratégie le long des côtes brésiliennes, il n’a rien lâché pour venir arracher le trophée dans le sprint final. Je dis Bravo ! 

- Pipe Hare

On n’en a peu parlé, mais ce petit bout de femme a réalisé un tour du monde de dingue. Elle me fait penser à Ellen Mac Arthur. Avec un bateau à la hauteur de son talent, elle pourrait sans doute connaître la même réussite.

- Jean Le Cam

Le roi a incontestablement écrasé ce Vendée globe médiatiquement parlant. Son sens de la formule, son humanisme et son humour nous ont régalé ; sans parler de la performance sportive, ni du sauvetage de Kevin ! Big up for the king ! 

- Louis Burton

Il était si près de l’exploit que l’on en aurait presque un pincement au cœur pour lui. Quelle course, quelle ténacité, quelle résilience. Il est vraiment dans son élément sur cette course où il faut faire avec ce que l’on a et où il ne faut pas avoir peur !

- Damien Seguin

Quelle performance ! Sans même parler de son handicap, terminer cette course à ce classement avec ce bateau… Faire tout ça, avec une seule main force notre admiration. 

- Jéremie Beyou

Parce que repartir 9 jours après les leaders, faire la course à l’arrière à des milliers de milles de la tête de course, alors que tu étais le favori attendu de l’édition… Waw ! Je sais qu’il faut une bonne dose de courage, d’humilité, de philosophie pour le faire. Bravo à toi mon ami. On se retrouve demain dans un chenal des sables qui saura reconnaître la valeur de ton Vendée Globe, j’en suis certain ! 

Et puis il y a tous les autres. Je ne peux pas tous les citer, la révélation Benjamin Dutreux, l’abnégation Thomas Ruyant, la maîtrise Charlie Dalin, la philosophie Armel Tripon, l’authenticité Clarisse Cremer, la simplicité Romain Attanasio, la vérité Isabelle Joscke, la force tranquille Boris Herrmann, le sourire Samantha Davies, le Qui va piano va sano Giancarlo Pedote, et tant d’autres souvenirs.  Bref, vivement le prochain dans quatre ans ! Et pour ma part, en 2024, j’espère que vous ne lirez pas mes chroniques mais mes carnets de bords !

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