Un incident qui fera date. L'affaire de racisme qui a secoué le match de Ligue des Champions mardi soir entre le Paris Saint-Germain et l'Istanbul Basaksehir, provoquant l'arrêt de la rencontre et son report, a suscité de nombreuses réactions, en France comme en Turquie.
Rappel des faits : à la 14e minute de ce match dans un Parc des Princes à huis clos, comptant pour la dernière journée de la phase de groupes de la Ligue des champions, un membre de l'encadrement de l'équipe turque, l'ancien joueur camerounais Pierre Achille Webo, s'est emporté contre le quatrième arbitre, le Roumain Sebastian Coltescu, lui reprochant de l'avoir qualifié de «negro».
Un incident qui a provoqué la colère de tout le staff du club turc, et de vives discussions entre les arbitres et les joueurs, sous l'impulsion de l'attaquant de Basaksehir Demba Ba. Après une dizaine de minutes d'échanges, les joueurs stambouliotes ont finalement pris la direction des vestiaires, suivis par les Parisiens, entraînant le report du match à ce mercredi (18h55).
Kylian Mbappé
Après avoir déjà pris position sur la pelouse, en lançant à l'arbitre principal Ovidiu Hategan au sujet de son adjoint «On ne peut pas jouer avec un arbitre pareil», Kylian Mbappé a apporté son soutien à Pierre Achille Webo sur Twitter. «Dites non au racisme. M. Webo nous sommes avec vous», a-t-il écrit en anglais.
SAY NO TO RACISM.
M.WEBO WE ARE WITH YOU.— Kylian Mbappé (@KMbappe) December 8, 2020
Roxana Maracineanu
La ministre des Sports Roxana Maracineanu a salué «la symbolique forte» du «geste» et de la «solidarité» des joueurs du PSG et de l'Istanbul Basaksehir, qui ont décidé de quitter la pelouse après les accusations de racisme visant le quatrième arbitre.
Ce soir des sportifs, des athlètes ont pris une décision historique face à une attitude qu’ils ont jugée inacceptable. Une expression de racisme ordinaire.
Nous attendons les résultats de l’enquête mais je ne peux que saluer la symbolique forte de leur geste et leur solidarité— Roxana Maracineanu (@RoxaMaracineanu) December 8, 2020
«Ce soir des sportifs, des athlètes ont pris une décision historique face à une attitude qu’ils ont jugée inacceptable. Une expression de racisme ordinaire», a-t-elle tweeté mardi, expliquant tout de même attendre «les résultats de l’enquête» de l'UEFA.
UEFA
Sur Twitter, l'instance dirigeante du football européen, l'UEFA, a affirmé mardi soir qu'une «enquête approfondie» allait être menée sur cet incident raciste. «Le racisme et la discrimination sous toutes ses formes n'ont pas leur place dans le football», a-t-elle ajouté, utilisant le hashtag #NoToRacism («Non au racisme»), le slogan de sa campagne contre le racisme dans les stades.
UEFA is aware of an incident during tonight’s Champions League match between Paris Saint-Germain and Istanbul Basaksehir and will be conducting a thorough investigation.
Racism, and discrimination in all its forms, has no place within football.
#NoToRacism— UEFA (@UEFA) December 8, 2020
Istanbul Basaksehir
Sur Twitter, l'Istanbul Basaksehir a tweeté quelques minutes après l'incident mardi soir une image utilisée habituellement par l'UEFA, sur laquelle on peut lire ses slogans «No to racism» et «Respect». Le club turc a accompagné sa photo du texte «No to racism» et du hashtag #Respect, avec des emojis représentant des poings levés, blanc et noir.
NO TO RACISM | #Respect pic.twitter.com/Ic1BzfANoi
— İstanbul Başakşehir (@ibfk2014) December 8, 2020
Paris Saint-Germain
Après avoir retweeté l'image partagée par l'Istanbul Basaksehir, le PSG a publié un communiqué, dans lequel il indique que «toute forme de racisme va à l’encontre des valeurs véhiculées par le Paris Saint-Germain, son Président, son staff et ses joueurs».
Toute forme de racisme va à l’encontre des valeurs véhiculées par le Paris Saint-Germain, son Président, son staff et ses joueurs.
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) December 8, 2020
Recep Tayyip Erdogan
Preuve de la résonance de cette affaire, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui-même réagi sur Twitter. «Je condamne fermement les propos racistes tenus à l'encontre de Pierre Webo, membre du staff technique de Basaksehir, et suis convaincu que l'UEFA prendra les mesures qui s'imposent», a écrit le chef de l'Etat turc, très proche de l'Istanbul Basakeshir, au point que le club est surnommé le «FC Erdogan» par ses rivaux.
Temsilcimiz Başakşehir’in teknik ekibinden Pierre Webo'ya karşı sarf edilen ırkçı sözleri şiddetle kınıyor, UEFA tarafından gereken adımların atılacağına inanıyorum.
Sporda ve hayatın tüm alanlarında ırkçılığa ve ayrımcılığa kayıtsız şartsız karşıyız. #Notoracism— Recep Tayyip Erdoğan (@RTErdogan) December 8, 2020
«Nous sommes inconditionnellement opposés au racisme et aux discriminations dans le sport et tous les autres domaines de la vie», a ajouté Recep Tayyip Erdogan.
Mevlüt Cavusoglu
Le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a également réagi, disant soutenir «l'attitude honorable de Basaksehir face au racisme, qui est un crime contre l'humanité». «No to racism !», a-t-il également écrit, tout en relayant le tweet du club stambouliote.
İnsanlık suçu olan ırkçılığa karşı Başakşehir Futbol Kulübü’nün onurlu duruşunu destekliyoruz.
NO TO RACISM!#Respect @ibfk2014 https://t.co/qVittUQc2m— Mevlüt Çavuşoğlu (@MevlutCavusoglu) December 8, 2020
Ionut Stroe
Cet incident a également fait beaucoup parler en Roumanie, l'arbitre accusé de racisme étant roumain. Le ministre des Sports du pays, Ionut Stroe, a ainsi condamné «fermement tout propos qui peut être interprété comme raciste, xénophobe ou discriminatoire», sur la chaîne locale DigiTV.
«Je présente mes excuses au nom du sport roumain pour cet incident malheureux, qui ne nous représente pas», a-t-il ajouté.
Noël Le Graët
Le président de la Fédération française de football Noël Le Graët a tenu, dans un communiqué, à «saluer l'attitude des deux équipes qui ont pris une décision forte et exemplaire en quittant le terrain». «Ces incidents inacceptables n'ont pas leur place dans un stade», a-t-il dénoncé, appelant l'UEFA à «faire la lumière sur ces incidents» et à «prendre les sanctions nécessaires si des propos racistes ont été tenus».
En septembre dernier, le patron du foot français avait déclaré à la télévision que «le phénomène raciste dans le sport, et dans le foot en particulier, n'existe pas, ou peu», des propos qui avaient créé la polémique.
Gabriel Attal
Invité sur CNEWS ce mercredi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a lui aussi réagi à cette affaire. «Tout racisme est intolérable», a-t-il déclaré, affirmant que «la solidarité entre les joueurs de différentes équipes (...) doit être saluée».
Rio Ferdinand
L'ex-international anglais Rio Ferdinand, légende de Manchester United, et dont le frère Anton avait été victime d'insultes racistes en 2011 de la part du capitaine de Chelsea John Terry, a appelé les instances dirigeantes du football à «prendre position avec force».
"We're at a disturbing tipping-point, not a week goes by without an incident involving race."
"The players walking off is a step in the right direction, but it can't just be left to them."@rioferdy5 calls for a stand to be made following tonight's incident in Paris. pic.twitter.com/Pv7aB3VCIe— Football on BT Sport (@btsportfootball) December 8, 2020
«Le départ des joueurs du terrain est un pas dans la bonne direction. Mais on ne peut pas laisser aux joueurs la responsabilité de faire ça», a-t-il estimé sur le plateau de la chaîne britannique BT Sport.