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Séan Garnier, champion du monde de «street foot» : «Si on fait rêver les gens, qu’on nous laisse faire»

Séan Garnier est la figure du football freestyle en France depuis 15 ans. [Said El Abadi]

Champion du monde de «street foot», Séan Garnier est la figure du football freestyle en France depuis quinze ans. L’occasion pour lui de se confier à CNews sur sa discipline qu’il a vu évoluer toutes ces années.

Rencontré pour la sortie d’un jeu vidéo (Street Power Football) dans lequel il est l’un des «héros», Arnaud Garnier, aka Séan, a effectué quelques petits gestes techniques dont il a le secret, mais est également revenu sur son ascension et notamment le regard des gens sur lui.

Vous êtes dans le «métier» depuis quinze ans. Comment avez-vous vécu l’évolution du «street foot» ?

Aujourd’hui, tout le monde a déjà vu un «freestyleur», que ce soit sur une vidéo, ou en direct. Avant, c’était quelque chose d’inédit, ils étaient considérés comme des extra-terrestres. On se demandait comment il faisait. Maintenant, on les voit partout. Le freestyle s’est très bien développé, et encore plus aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux notamment. Il y a de plus en plus de jeunes qui s’y mettent.

Avant, il s’agissait de jeunes qui étaient d’abord passés par un centre de formation. Ce n’est plus forcément le cas…

Exactement. Ils n’ont pas forcément envie de se confronter à l’adversité du football mais de jouer au ballon. Certains vont se tourner vers le «street football» pour la création et l’esprit libre, d’autres un moyen d'expression sur un terrain réduit. Le seul problème, et il est immense, c’est qu’il n’y a pas encore de plate-forme dédiée. Pareil pour l’organisation des grands événements. On a un championnat du monde dans chaque discipline mais si on avait un Mondial tous les deux, trois mois, on aurait des écoles et des clubs qui se créeraient. Ce serait une bonne chose, surtout que les vidéos ne remplacent pas les vrais conseils que l’on peut donner.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

HPBD LEGEND!@zidane Between 2011 and 2015 I had the privilege to play against you almost every year for charity, sponsors event and your birthday aswell. It was such an honor to get your respect and your word after those events. In my childhood I was looking up at you as an inspiration because of your way to master the ball, I even got your name written on my socks during my football games when I was 15 years old . Later on in my life sharing the pitch with you was one of my biggest achievement ever . Thanks for all the inspiration you gave me and I am sure to million of football fans. That little smile on your face when I had the ball means the world to me, I want to precise I lost that game in 2011 #zidane #zidanebirthday #seangarnier #seanfreestyle #urbanballer #football #skills #nutmeg #panna

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Vous aimeriez vous impliquer également ?

J’aimerais mettre en place des tournées justement pour ça, comme un peu «And1 mixtape» (une marque de vêtements qui organisait des tournois street basket aux Etats-Unis et dans le monde et qui les ont ensuite sorti en DVD pour faire la promotion de leurs joueurs). Il faut un endroit pour que les futurs talents puissent s’exprimer. Un peu comme des centres de formation. Surtout qu’aujourd’hui, le freestyle ça reste de l’expression, il n’y a pas encore de sport. Le but pour moi, ce serait de créer cette plate-forme pour développer ça.

Comme le 3x3 au basket désormais aux Jeux olympiques, serait-ce possible avec le «street football» ?

Complètement. Il peut enfin y avoir une sélection comme des équipes de France… Ça peut être quelque chose qui se met en place dans le temps. On a énormément de talents en France et on brille à l’international. Et bientôt, il y aura les Jeux olympiques 2024 à Paris, ce serait plutôt une belle idée de pousser à ce que notre discipline soit présente. D’ailleurs, si la ministre des Sports me lit et veut discuter avec moi, je suis disponible. Il y a vraiment plusieurs manières de voir ce que l’on peut faire et tout le monde sera gagnant.

Ce serait une belle idée d'avoir notre discipline aux JO de Paris en 2024Séan Garnier

Votre discipline a beaucoup évolué, et même les footballeurs professionnels l’acceptent désormais…

Il y a en effet un véritable rapprochement. Avant, la relation avec les footballeurs pro était froide. Je me souviens lorsque la génération «France 98» venait de s’arrêter, il y a environ quinze ans, ils étaient invités à quelques événements et moi je débutais. Donc, j’étais souvent invité. J’ai eu quelques différends avec Christophe Dugarry. Je lui ai fait plusieurs gestes techniques et cela ne lui a pas plu. A la fin d’un match, j’ai voulu discuter pour expliquer mon objectif mais il ne voulait pas. Quelques années plus tard, j’ai pu discuter avec Bixente Lizarazu en lui expliquant que si je n’avais pas saisi ces opportunités de me montrer, je n’aurai jamais eu cette image. Si aujourd’hui, je suis Séan, c’est parce que je ne me suis pas mis de limite. Si j’avais été trop respectueux, ça n’aurait pas fonctionné pour moi. C’est vrai que la première génération que j’ai côtoyée (entre 2000 et 2010), c’était compliqué. Ensuite, entre 2010 et 2015, j’ai «percé» avec les vidéos avec Neymar, Eden Hazard… mais ils avaient encore un peu peur de  jouer contre moi, par honte. Désormais, ils jouent beaucoup plus le jeu. Après, parmi les anciens, il y en a un qui a bien suivi l’évolution, c’est Zinédine Zidane. Je n’ai jamais eu de problème avec lui. J’ai même fêté ses 40 ans, il y a eu un vrai respect entre nous. Aujourd’hui, avec la nouvelle génération (avec Pogba notamment), j’ai pu faire des vidéos libres. L’évolution est incroyable.

Quels étaient vos joueurs préférés ?

Zidane, Maradona et Ronaldinho. Ce sont les trois qui m’ont influencé. Maradona avant chaque match, il s’entraînait en mode freestyle, c’était dingue. Zidane, ce n’est pas un freestyleur mais quand il jouait c’était magique. Et Ronnie, il associe les deux.

Aujourd’hui, dans le football, vous êtes plutôt Messi ou Ronaldo ?

Cristiano Ronaldo. Il a su faire évoluer son jeu. Messi, j’aime bien mais il trop discret. Il pourrait se dévoiler un peu plus auprès des gens et donner des conseils. Comment il est arrivé là, etc. On veut tout savoir. Je trouve que c’est dommage qu’il ne donne pas assez de messages.

Vous concernant, votre évolution est également incroyable…

C’était un rêve de gosse. Ce n’est pas de voir les stars qui me touchent c’est juste que j’ai toujours voulu être footballeur et affronter les grands joueurs. Même si ce n’est pas du football pur, la boucle est bouclée, le rêve est là. Mais je ne m’arrête pas là. Maintenant, mon but, c’est de faire sortir des nouveaux talents, de se développer, d’avancer. C’est ça mon combat aujourd’hui. J’essaie aussi de démocratiser la discipline auprès des footballeurs en disant qu’il n’y a pas que moi, il y en a d’autres.

On ne veut pas être comparés aux footballeurs professionnelsSéan Garnier

Et désormais, les «freestyleurs» ne sont plus les clowns de service…

C’est exactement ça. On s’entraîne 8 heures par jour. Le nombre d’entraînements est conséquent. Certains footballeurs diront que ça ne sert à rien sur un terrain, mais on ne cherche pas à être performant sur un terrain à 11. Tu me prends sur un match de Ligue des champions, tu me mettras la note de 3 sur 10 voire 4. Mais dans l’ensemble, je ne serai pas nul. Par contre, tu mets le meilleur joueur de foot, plus technique, il ne passe pas le tour préliminaire des mondiaux de freestyle. On ne voit jamais dans l’autre sens. C’est ce que j’aimerais souligner, on ne veut pas être comparés aux footballeurs, on ne cherche pas à être comparés. Si on fait rêver les gens avec nos gestes, qu’on nous laisse faire.

Vous avez toujours été quelqu’un de confiant ?

C’est l’impression que je donne. Quand j’étais petit, je voulais vraiment rencontrer les gens, je voulais m’exprimer avec eux, mais je ne savais pas comment le faire. J’étais timide, je n’étais pas sûr de moi, réservé. Mon vrai prénom, c’est Arnaud, on m’appelle «Séan». On m’appelait comme ça parce que j’avais inventé que j’étais Brésilien et lors d’une compétition un mec m’a appelé Sean Paul (comme le chanteur) parce que j’avais les tresses. J’avais honte de mon vrai prénom. J’ai vu que les gens ont aimé alors j’ai demandé à ce qu’on m’appelle Séan. J’ai commencé à être moins timide et j’ai pu délivrer des messages positifs et c’est comme ça que je me positionne.

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