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Louis Burton, skipper français : «Confiné dans des conditions beaucoup plus confortables qu'en mer»

Louis Burton prépare actuellement le prochain Vendée Globe.[Vincent Olivaud ]

Comme la majorité des Français et des sportifs, Louis Burton est actuellement confiné chez lui. Si cela le freine dans sa préparation notamment en vue du prochain Vendée Globe (départ le 20 novembre), le skipper IMOCA Bureau Vallée en tire du positif et partage quelques conseils.

Comment se passe ce confinement ?

Pour l’instant, ça va, ça ne fait pas encore trop longtemps. Je suis à Saint-Malo avec ma femme et mes deux enfants. On essaie de faire les cours des enfants toute la matinée, même si ça nous prend plus de temps. A côté de ça, on essaie d’organiser un maintien de l’activité de mon projet parce qu’on aimerait bien pouvoir avancer sur mon bateau. Le problème, c’est qu’on a du mal à recevoir les pièces et on ne veut pas que les gens soient en contact. Donc on réfléchit à envoyer les préparateurs un par un sur le chantier.

Cela doit vous ralentir dans votre préparation…

Oui, nous prenons pas mal de retard. On était dans une phase de restructuration du bateau avec toutes les pièces neuves, pour la préparation du Vendée Globe. On avait prévu de toucher l’eau mi-avril. Mais chaque semaine qui va passer va nous faire reculer cette échéance. On avait aussi une date limite pour les qualifications mais on pense que les organisateurs vont mettre un peu plus de souplesse. On espère surtout que les courses vont être maintenues ou décalées dans le temps.

Avec moins de courses au programme, vous risquez d’être moins performant ?

C’est plutôt le cas pour les nouveaux bateaux qui n’ont pas eu le temps de beaucoup naviguer. Nous, on a de la chance, avec Bureau Vallée, car c’est la quatrième année avec ce bateau. Mais c’est vrai que pour la préparation, ce n’est pas bon. C’est un vrai problème.

Si cette crise peut nous faire réfléchir à repenser notre mode de vie…

Concernant le confinement, en tant que skipper, vous êtes habitué…

Oui, c’est sûr… Enfin là, je suis confiné dans des conditions beaucoup plus confortables. Quand on part sur nos courses en solitaire, c’est un confinement qui est voulu, choisi, préparé. Là, la grande difficulté, c’est la rapidité à laquelle les mesures sont tombées et la capacité des uns et des autres à s’adapter.

Quelles sont les différences entre les deux confinements ?

Quand on se retrouve en mer, ce qui est un peu douloureux, c’est de ne plus avoir de nouvelles des proches, et d’avoir un petit accès à l’information. Pour moi, c’est très important de recevoir des nouvelles de la terre quand je suis en mer et d’avoir des nouvelles de sources différentes pour continuer à me faire ma propre opinion de ce qu’il se passe dans le monde. Après, en ce moment, c’est très particulier, on nous a mis un gros frein sur une de nos libertés qui est la liberté de mouvement.

Quel conseil donneriez-vous pendant ce confinement ?

Prenez un maximum de nouvelles de vos proches. Il faut continuer à échanger, à débattre. Continuez à faire de l’activité sportive, surtout. Continuez à bien trouver le sommeil et à garder un rythme comme celui de la vie normale. Positivons.

Vous n’avez pas de course réelle mais vous allez disputer la Virtual Regatta en ligne…

C’est assez sympa comme logiciel, surtout qu’on navigue comme dans les conditions du réel prévu par la météo. Il y a une vraie stratégie à tenir, c’est sympa.

Et cela permet d’échanger avec les autres skippers…

On échange déjà pas mal pour savoir comment les uns et les autres s’organisent. On parle beaucoup avec ceux de notre classe (la sienne, c’est IMOCA). On a mis en place une réunion de crise hebdomadaire pour voir vers quelle orientation on va pour essayer d’aller tous dans le même sens.

Les skippers ont un regard très écologique sur la planète. De voir le monde à l’arrêt et laisser la Terre respirer, ça vous plaît ?

C’est le côté positif. J’ai halluciné en voyant les images de Venise où on voit le fond de l’eau. Mais aussi de voir les cartes d’émission de CO2. Il y a un message de la nature qui nous donne un avertissement. C’est sûr qu’après ce passage, il va falloir repenser notre mode de vie, de consommation. On est particulièrement sensibilisé quand on est en mer, on voit des nappes de pollution plastiques, que les conditions météorologiques sont changeantes d’année en année. C’est sûr que si cette crise du Covid-19 pouvait nous permettre de réfléchir à une autre façon de consommer, de vivre, ce serait le côté positif.

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