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Cyclisme : le malaise paradoxal du sprint français

Les sprinteurs français Grégory Baugé, Michael D'almeida et Kévin Sireau lors de l'épreuve par équipes aux Mondiaux de Cali, le 26 février 2014 [Luis Acosta / AFP/Archives]

Le sprint français traverse un malaise profond et paradoxal compte tenu des résultats exceptionnels de François Pervis dans les Championnats du monde de cyclisme sur piste à Cali.

"François est un cas à part. Il ne faut pas que ça cache la misère", a estimé Michael d'Almeida, l'un des piliers de l'équipe de France de vitesse, en plein désarroi. Tout comme Grégory Baugé, son compagnon d'entraînement, lui aussi en détresse.

Tous deux, avec Kévin Sireau, ont sauvé les apparences par une troisième place dans la vitesse par équipes aux Mondiaux de Cali. Au contraire de joueurs de football faisant "plonger" leur entraîneur, ils ont donné leur meilleur.

Mais les résultats en baisse de l'ensemble des sprinteurs, à l'exception de Pervis, illustrent la crise latente qui a suivi la déception des JO de Londres (deux médailles d'argent). Et la fermeture du pôle de Hyères, dont l'entraîneur Benoît Vêtu fait les beaux jours à Cali de la délégation chinoise.

Aujourd'hui, la fracture semble profonde entre bon nombre de pistards (jeunes compris) et leur nouvel entraîneur, le Néo-Zélandais Justin Grace, arrivé l'été dernier pour remplacer Florian Rousseau. En démissionnant avec fracas quelques mois plus tôt, Rousseau, la légende du sprint français, avait espéré provoquer un choc salutaire.

- Surplace et reconstruction -

Un an plus tard, le sprint fait "du surplace" selon l'expression de Baugé, dans la perspective des JO de Rio. Les méthodes d'entraînement de Justin Grace, technicien non-francophone arrivé dans un contexte très difficile, ont désorienté ses coureurs, toujours orphelins de Rousseau.

Le Français François Pervis célèbre sa victoire en keirin, le 27 février 2014 aux Mondiaux de cyclisme sur piste de Cali [Luis Acosta / AFP/Archives]
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Le Français François Pervis célèbre sa victoire en keirin, le 27 février 2014 aux Mondiaux de cyclisme sur piste de Cali
 

"Ce n'est pas moi qui ai fait partir Florian, ce n'est pas Justin non plus", rétorque le DTN Vincent Jacquet, nommé l'été dernier lui aussi.

Dans le camp français, Pervis fait figure d'exception. D'autant qu'il affiche une grande autonomie, ne serait-ce que par ses longs séjours au Japon pour la tournée annuelle du keirin.

Le Lavallois, critique envers Rousseau avec lequel il était en désaccord pour les JO de Londres, défend son entraîneur actuel. Mais lui aussi insiste sur la nécessité de mettre les bouchées doubles en vue de Rio: "Il faut progresser sur tous les aspects."

Pervis, qui soutient l'encadrement actuel ("je sais que chaque partie fera son maximum", dit-il), demande des moyens indispensables pour rivaliser avec les maîtres britanniques.

Car, derrière les critiques et le désarroi, pointe le reproche majeur qui avait motivé le départ voici un an de Rousseau: tout n'est pas fait pour performer. En ce sens, le cyclisme français ne doit pas se satisfaire seulement du superbe outil qu'est le nouveau vélodrome national à Saint-Quentin-en-Yvelines.

"Ces championnats du monde sont une étape, répond le DTN. En six mois, on a changé beaucoup de choses. J'entends ce que disent les athlètes mais je ne peux pas entendre qu'ils ne soient pas acteurs de leurs propres performances. Mettre autour de Justin (Grace) la meilleure équipe, c'est mon challenge. On est en phase de reconstruction".

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