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Top 14 : Oyonnax, petit mais costaud

L'équipe de rugby d'Oyonnax, le 8 septembre 2013 au stade Charles-Mathon  [Philippe Merle / AFP] L'équipe de rugby d'Oyonnax, le 8 septembre 2013 au stade Charles-Mathon [Philippe Merle / AFP]

Oyonnax, promu cette saison, affiche le plus modeste budget du Top 14 mais compense sa relative faiblesse économique par une solide dose de bon sens et un ancrage local qui n'a pas de prix, au cœur d'un territoire vierge de toute concurrence.

Dans l'Ain, pas d'Afflelou, pas de Michelin, pas de Mourad Boudjellal ni de Thomas Savare, les présidents mécènes de Toulon et du Stade Français, désormais alter ego du championnat.

A Oyonnax, c'est Jean-Marc Manducher qui tient le manche et partage le pouvoir avec une équipe d'entrepreneurs locaux qui ont fait carrière dans l'incontournable Plastics Vallée, une bande de 20 km sur 5 dont les quelque 700 entreprises font vivre, et plutôt bien, toute la région.

En bons "industriels paysans" comme il aime à définir les habitants d'une ville dont la devise --"Elle s'est élevée grâce au labeur de ses habitants"-- résume tout, Manducher refuse le spectaculaire quand il s'agit de gérer son club. "S'il nous arrivait un mécène avec 2 millions d'euros, on se poserait des questions, dit-il. Le problème des mecs comme ça, c'est qu'ils arrivent à un moment à vous arracher votre âme."

Résultat, l'US Oyonnax a bâti son économie sur le modèle de la vallée industrielle qui nourrit la ville de 23.000 habitants, également la plus petite des cités de l'élite: aucun sponsor titre, aucun partenaire star, mais une multiplicité de contributions à la richesse du club. "On a près de 300 sponsors. Sur les 300 plus grosses entreprises d'Oyonnax, il n'y en a pas plus de cinq qui nous échappent et je me sens moins vulnérable ainsi qu'avec un gros partenaire. Ce sont des entreprises qui ne sont pas dans le superfétatoire, dans le people, et ça nous correspond."

En mettant tout bout à bout, le promu va culminer cette année à 3,5 millions de recettes de sponsoring, soit 40% de plus que l'an dernier, pour un budget de 11 millions, soit près de trois fois moins que les gros bras du Top 14. "Le problème, déplore Manducher, c'est que je n'ai plus rien à vendre! Mon budget est fait, ce qui est plutôt réconfortant en début d'année."

L'Eldorado suisse

 

L'accession à l'élite a accéléré la réfection et l'agrandissement du stade Charles-Mathon, passé à 11.500 places et équipé désormais de 15 loges (600.000 euros par an de recette) et de 1200 places VIP. La billetterie et les abonnements (de 1800 à 4000) devraient rapporter 1,2 MEUR cette saison, soit +300%!

Car la chance d'Oyonnax, c'est sa grande solitude. Aucun club de foot ni de rugby à des dizaines de kilomètres à la ronde. Aucune attraction capable de concurrencer le spectacle offert au stade Charles-Mathon, d'attirer les fonds des sponsors, ou de faire la pub de la deuxième ville de l'Ain avec autant d'efficacité.

"C'est la deuxième mission du club de faire connaître le nom d'Oyonnax, reprend son président. On est soutenu par tout le tissu économique parce qu'on fait de la promotion pour le recrutement des cadres, et par la Ville et le Département parce que quand Midi Olympique ou l'Equipe titrent +Ain prenables+ ou +Formule Ain+, c'est pain béni pour eux".

Arrivé au maximum de sa capacité de croissance et de séduction envers les partenaires locaux, Oyonnax lorgne désormais vers les territoires voisins où le rugby reste incongru: le Jura, la Bourgogne, la Haute-Savoie et même la Suisse.

A 80 km, Genève est le prochain Eldorado de l'USO. On y trouve des Britanniques amateurs de rugby et surtout des sponsors potentiels dont les premiers devraient s'engager dans les trois mois à venir.

"On ne peut pas construire une ville de 200.000 habitants en deux ans. Il faut donc étendre notre réseau d'influence", estime Manducher. "Mais pour cela, il faut rester deux ans au moins en Top 14."

C'est là une toute autre histoire. Mais en étant toujours invaincu à domicile avant la réception du Stade Français (samedi) et de Toulon (28/09), l'USO peut nourrir quelques solides raisons d'espérer.

 

 

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