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Les coupes d'Europe de rugby sont-elles vraiment menacées ?

L'Aviva Stadium de Dublin, qui avait accueilli la finale de H Cup, le 18 mai 2013 [Franck Fife / AFP/Archives] L'Aviva Stadium de Dublin, qui avait accueilli la finale de H Cup, le 18 mai 2013 [Franck Fife / AFP/Archives]

Depuis leur création en 1995, les compétitions européennes de rugby ont connu plusieurs menaces de boycott, à l'image de la crise déclenchée par une alliance franco-anglaise et qui compromet la tenue de l'édition 2014-2015.

 

QUESTION: Quelles sont les origines du blocage ?

REPONSE: Le conflit actuel à des airs de déjà-vu. D'un côté, une coalition franco-anglaise de clubs estimant fournir la majorité du spectacle et des revenus, sans en tirer les bénéfices proportionnels. De l'autre, des Celtes - Irlandais, Gallois, Ecossais - et Italiens qui ne brillent guère par leurs résultats (à l'exception des Irlandais) mais pèsent lourd dans la gouvernance de l'European Rugby Cup (ERC), société commerciale organisatrice des tournois. En 2006 déjà, les clubs français représentés par Serge Blanco à l'époque, et les Anglais, réclamaient une plus grosse part du gâteau européen puis, en 2007 une meilleure répartition du pouvoir. Un accord avait été signé pour sept ans en mai 2007 après plusieurs mois de bras de fer sur fond de menace de boycott. Puis il a été dénoncé en juin 2012, respectant le préavis de deux ans requis, dans le but d'établir un nouveau protocole à l'horizon de la saison 2014-2015.

 

Q: Quelles sont les pierres d'achoppement ?

R: La première concerne les formules des compétitions, notamment celle de la Coupe d'Europe qui met aux prises actuellement 24 clubs répartis en six poules de quatre: six sont issus du Top 14, six du championnat anglais, onze de la Ligue celtique auxquels il faut ajouter le vainqueur de la précédente édition. Les Français et les Anglais réclament un passage à 20 clubs et un vrai processus de qualification au sein de la Ligue celtique qui envoie donc 11 de ses 12 clubs. L'autre point de blocage concerne les droits télévisuels. Contre l'avis de certains de ses actionnaires, l'ERC a prolongé son contrat avec Sky jusqu'en 2018. En parallèle, les clubs anglais ont, eux, vendu les droits de leurs matches à British Telecom (BT), dans le cadre d'un "package" global incluant aussi le championnat. Un contrat qualifié d'"illégal" par l'ERC et qui mène à un imbroglio juridique.

Il y a bien sûr aussi la question de la répartition financière des bénéfices, que les Français et Anglais souhaiteraient voir réévaluer en leur faveur. En 2011-2012, la Ligue nationale de rugby a ainsi touché 11,3 millions d'euros de l'ERC, dont 8,7 M EUR ont été ventilés entre les clubs. Enfin, flotte un parfum plus politique. L’alliance franco-anglaise reproche à l'ERC un tropisme celte, n'hésitant pas à souligner que le siège est à Dublin et que le président français Jean-Pierre Lux, s'était fait réélire en 2011 avec les voix des Gallois, Irlandais et Ecossais...mais sans le soutien de la LNR ! D'ailleurs, longtemps vice-président de la LNR, Lux n'a pas été réélu au comité directeur en novembre 2012...

 

Q: Que peut-il se passer ?

R: Les clubs français et anglais engagés dans leur championnat respectif estiment qu'il y a urgence car ils ne savent pas encore quelles places seront qualificatives pour les éditions 2014-2015 de la Coupe d'Europe et du Challenge européen... si elles ont lieu. En effet, les Français et les Anglais menacent de boycotter les compétitions ERC et avancent même la possibilité de créer leurs propres tournois, à leurs conditions et ouverts aux autres nations. A la LNR, le discours est ferme et on assure que l'alternative est crédible - "on n'est plus dans la posture, mais dans l'action", assure ainsi une source en charge des négociations. Outre la difficulté de créer aussi rapidement ces nouvelles compétitions, compte tenu des aspects sportifs, organisationnels, marketing...il faut également obtenir l'agrément de l'IRB, organe suprême du jeu. Il sera aussi impératif trouver une solution au contrat télé BT/Premiership, qui ne pourra pas être longtemps gardé sous le tapis.

Quelle sera l'attitude des Fédérations, également actionnaires de l'ERC, face à la dissidence des clubs ? La FFR, par exemple, touche environ 10% du surplus annuel versé par l'ERC à la LNR. Quelle serait sa part dans une nouvelle formule ?

Dans la tempête, l'ERC s'efforce de temporiser.

Réunies mercredi à Dublin en comité directeur, les parties ont acté un retour à la table des négociations, plus de trois mois après les derniers pourparlers. Mais la date reste à fixer.

 

 

 

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