Les images de la bagarre générale qui a éclaté au cours du match du 2 juin 2013 entre l’équipe 3 de l’US Ivry et l’AS Val de Fontenay, ont largement choqué l’opinion publique. Les deux clubs mis en cause dans cette histoire ne partagent pas le même statut dans le monde du football. Car si Ivry peut se targuer de voir son équipe fanion évoluer en CFA (Championnat de France Amateur, la 4e division nationale), le "Val", lui, végète à l’échelle départementale. Là où, la violence dans le foot est quasi omniprésente.
Chaque mardi soir au District du-Val-de-Marne, c’est la même rengaine. Munis de leur convocation, joueurs, éducateurs ou dirigeants coupables d’avoir commis lors d'une rencontre un acte s’exposant à une suspension, défilent timidement dans une petite pièce exiguë du siège située à Champigny.
Assis face à une dizaine de "juges" (en réalité des dirigeants de clubs du département volontaires pour siéger), ils tentent, tel un accusé à la barre, de se défendre tant bien que mal dans l’unique but d’échapper à la sanction maximale. La commission de discipline du district du Val-de-Marne, certains clubs du "94", la fréquentent plus que d’autres.
Intimidations, insultes, menaces, violences
C’est le cas de l’AS Val de Fontenay, deuxième club de la ville derrière l’officielle US Fontenay, et, dont le stade, enclavé en pleine cité, n’a jamais été le théâtre de jeu idéal des autres joueurs du département. Intimidations, insultes, menaces, violences … mieux vaut le savoir, un déplacement à Fontenay se prépare d’abord mentalement. L’aspect sportif passe après, tant pis pour la victoire.
En témoignent les procès-verbaux établis lors des deux dernières saisons par la commission de discipline du district du Val-de-Marne. Plus d’une centaine de cartons jaunes, environ le quart de cartons rouges. Pour un club qui dispose uniquement de deux équipes seniors. Ses comptes bancaires en pâtissent aussi : le District sanctionne un avertissement de 8 euros et une exclusion d’une somme variable allant de 30 à 45 euros. Autant d’argent gaspillé pour la formation des plus jeunes.
Radié à vie, il rejoue au foot et tape deux joueurs
Une anecdote cette saison au sujet de l’équipe 2 de l’AS Val de Fontenay est révélatrice de cette ultra violence qui ronge le football amateur francilien. L’un de ses joueurs a récemment été victime d’un coup de folie à la fin d’un match. Vexé d’avoir perdu, il s’est acharné sur deux adversaires en sortant des douches des vestiaires. L'une des victimes a été sérieusement touchée au tympan et s’est vue prescrire une ITT.
L’affaire a été portée devant la fameuse commission de discipline qui s’est vite rendu compte que le dossier comportait un souci de taille: le jeune homme incriminé avait déjà été radié à vie de la FFF (Fédération française de football) après avoir agressé un joueur et son père à la bombe lacrymogène au cours d’un match de jeunes il y a plusieurs années. Comment a-t-il donc réussi à reprendre une licence de footballeur amateur ? Une erreur administrative, sans doute.
Il a donc été décidé qu’il serait de nouveau radié à vie et condamné à 350 euros d’amende (dont il ne s’est toujours pas acquitté). Le match retour avait lui été classé à haut risque avec notamment la présence d’un car de policiers aux abords du terrain. Une scène de vie presque banale de la 3e division de district, l’avant-dernier échelon du football amateur...
Vidéo : bagarre générale lors d'un match de foot amateur à Ivry