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«Xolair» : ce traitement contre l'asthme serait particulièrement efficace contre les allergies alimentaires, selon une étude

L'allergie à l'arachide se développe généralement chez les enfants âgés entre 14 et 24 mois et peut conduire aux urgences. [THOMAS COEX / AFP]

Une nouvelle étude révèle que le Xolair, un médicament pour lutter contre l'asthme, peut également s'avérer efficace pour combattre certaines allergies alimentaires.

Une petite révolution dans la lutte contre les allergies alimentaires. Une nouvelle étude publiée ce dimanche 25 février dans le New England Journal of Medicine a démontré l’efficacité d’un médicament initialement utilisé pour des patients asthmatiques dans la lutte contre les allergies alimentaires comme les arachides, le lait, les oeufs ou encore le blé. La molécule appelée «omalizumab» et commercialisée sous le nom de Xolair a vu son autorisation de mise sur le marché étendue par la Food and Drug Administration (FDA). 

«Il s'agit d'une avancée extraordinaire dans notre domaine», a déclaré le docteur Sharon Chinthrajah, auteure de l'étude et professeure à l'université de Stanford. «Le Xolair offre aux personnes souffrant d'allergies alimentaires une protection contre une exposition accidentelle qui pourrait entraîner une réaction allergique grave, parfois mortelle, et qui nécessite un traitement médical immédiat», a-t-elle ajouté.

Développé par le laboratoire «Genentech et Novartis» aux États-Unis, le Xolair a été approuvé en 2003 pour le traitement de l'asthme allergique persistant, modéré à sévère. Pour obtenir l'autorisation de mise sur le marché pour les personnes souffrant d'allergies alimentaires, la FDA a exigé un essai de phase 3, contrôlé par placebo, comprenant un «ensemble complet de données sur les personnes allergiques à l'arachide», explique Robert Wood, autre auteur de l'étude. Le choix de l’arachide s’explique par le fait qu’il s’agit de l’une des allergies alimentaires les plus courantes, en particulier chez les enfants. 

Des résultats positifs sur 67% des patients

Pour cette étude, les chercheurs ont testé 180 personnes ayant des antécédents d'allergie à la cacahuète ainsi qu'au moins deux autres allergies alimentaires. Chacune d'entre elles a été répartie au hasard dans un groupe recevant une injection d'omalizumab ou un placebo toutes les deux à quatre semaines, pendant 16 à 20 semaines. Tous les participants, sauf trois, étaient âgés de 17 ans ou moins. Les adultes participant à l'étude avaient entre 19 et 28 ans. Lors de l'analyse des résultats, les chercheurs ont examiné les 177 participants âgés de 1 à 17 ans, dont 68 étaient âgés de 5 ans ou moins. Au total, 118 participants ont reçu de l'omalizumab et 59 un placebo.

Après 16 semaines de traitement, l'étude a montré que 79 des 118 participants - soit environ 67% - ayant reçu de l'omalizumab répondaient positivement au test principal, c’est-à-dire qu’ils étaient capables de tolérer 600 milligrammes ou plus de protéines d'arachide. En comparaison, environ 7% des participants qui ont reçu des injections de placebo ont répondu positivement à ce test. Dans le groupe omalizumab, 44% des participants ont même réussi à consommer une dose cumulée de 6.044 milligrammes de protéines d'arachide, ce qui équivaut à environ 25 cacahuètes, ont constaté les chercheurs. Les participants ayant reçu de l'omalizumab étaient également plus susceptibles de tolérer d'autres allergènes tels que la noix de cajou, l'œuf et le lait que le groupe placebo, selon l'étude.

Une double efficacité 

Enfin, cette étude apporte également une autre piste de reflexion intéressante. En effet, les médicaments normalement utilisés pour lutter contre les allergies alimentaires fonctionnent essentiellement en exposant les patients à des doses contrôlées de protéines de l'allergène en question, jusqu'à ce qu'ils atteignent un niveau de régulation naturelle. Or le Xolair n'expose pas les patients à un allergène spécifique. Contrairement à l'immunothérapie orale, le traitement au Xolair est une injection d'anti-IgE, qui sont des anticorps produits par notre système immunitaire et qui sont spécifiquement liés au développement de l'allergie.

En d'autres termes, une fois que notre corps produit des anticorps IgE qui répondent à un allergène spécifique, comme le lait ou l'arachide, une véritable réaction allergique est déclenchée lorsque ces anticorps sont exposés à l'aliment en question. Le but du Xolair est de se lier à ces anticorps IgE et de les bloquer, empêchant ainsi une réaction allergique. Par ailleurs, le Xolair présente une double efficacité puisque de nombreuses personnes asthmatiques qui reçoivent le médicament souffrent également d'allergies alimentaires, et qu'il traite les deux maladies.

Toutefois, les chercheurs estiment que l’étude présente également quelques limites, notamment en raison de la faible quantité de personnes dans l’échantillon observé, ainsi que son faible niveau de diversité. De plus amples études ont donc été lancées sur la question. Par ailleurs, le prix de vente estimé du Xolair pour le traitement des allergies alimentaires devrait varier d'environ 2.900 dollars par mois pour les enfants à 5.000 dollars pour les adultes, ce qui le rend particulièrement cher. 

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