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Crise de l'hôpital : face à la pénurie de médecins, les syndicats militent pour le maintien des praticiens étrangers

Depuis un an, les Padhue sont obligés de «passer des épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour pouvoir continuer à exercer». [Adobe stock/Yakobchuk Olena]

Ce jeudi 18 janvier, les syndicats hospitaliers ont appelé à un rassemblement devant le ministère de la Santé afin de défendre les droits des Padhue, ces médecins étrangers titulaires d'un diplôme non-européen et dont les emplois en France sont menacés.

Ils sont moins payés, moins reconnus mais portent la même blouse blanche. Les praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) sont des médecins étrangers exerçant en France et qui ne bénéficient pas des mêmes statut et salaire sous prétexte que leur diplôme n'est pas européen. Alors que plusieurs milliers d'entre eux risquent de perdre leur emploi, une intersyndicale a organisé un rassemblement ce jeudi 18 janvier, au ministère de la Santé, à Paris.

La CGT Ufmict (Union fédérale médecins, ingénieurs, cadres techniciens), le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH FO), l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et l'Ipadec, un syndicat réunissant des médecins à diplôme étranger, ont profité d'une conférence de presse de Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, pour organiser un événement «alternatif» et se faire entendre.

Ils dénoncent la précarité financière et administrative dans laquelle sont maintenus les Padhue, alors même que le système de soin français est en crise. Mardi dernier, lors de sa conférence de presse organisée à l'Elysée, Emmanuel Macron a lui-même dit vouloir «régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent parfois à bout de bras nos services de soins» pour «mettre fin au scandale des déserts médicaux».

Une prise de position que les syndicats jugent en décalage avec la réalité du terrain puisque, selon eux, environ 2.000 de ces médecins étrangers exerçant déjà en France risquent actuellement de perdre leur emploi et d'être expulsés.

Dans une tribune publiée par le Point le 17 janvier, plus de 220 praticiens hospitaliers, dont de nombreux chefs de services d'urgences, ont en effet expliqué que de nouvelles règles «obligent depuis un an ces médecins à passer des épreuves de vérification des connaissances (EVC) pour pouvoir continuer à exercer».

Or, beaucoup ont échoué à ce concours et se retrouvent désormais en «rupture de contrat». Mais, selon les professionnels, ce n'est pas toujours dû à un niveau insuffisant puisque nombre de ces médecins au statut précaire ont été «"séniorisés" et sont submergés de charges qui ne leur permettent pas de préparer dans de bonnes conditions les EVC». Une «sévérité extrême» a par ailleurs été observée dans certaines spécialités, au point que des candidats «ont été recalés avec plus de 15 de moyenne».

Les quelque 2.000 Padhue non-lauréats perdent le renouvellement de leur contrat et s'exposent même à une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). En situation instable, leur seul «espoir» consiste désormais à s'engager à repasser ces épreuves, contre une «autorisation d'exercice limitée» et temporaire.

Sans eux, «nous n'y arriverons pas»

Sachant que les Padhue représentent, selon les syndicats, environ un quart des praticiens exerçant aujourd'hui à l'hôpital, leur perte fragiliserait grandement un système de soins déjà éprouvé par les crises successives. Leur nombre avait notamment grossi lors de la pandémie de Covid-19, lorsque la France manquait cruellement de médecins.

Aussi, dans une pétition publiée début janvier, l'intersyndicale demande le maintien ou la réintégration de ces professionnels à diplôme non-européen qui «sont nombreux à faire fonctionner les services des Ehpad, de Gériatrie et de Psychiatrie et donc à maintenir l’offre de soins aux populations les plus vulnérables». Ils permettent, d'après leurs pairs, de «maintenir l’offre de soins dans les zones dites de déserts médicaux qui représentent 87% du territoire français».

«Nous tenons notre service public à bout de bras. Sans nos confrères à diplômes hors Union européenne, nous n'y arriverons pas. Nos efforts et les leurs ne sont pas payés en retour. À chaque fois, les décisions prises dans l'anonymat du ministère fissurent encore plus le système dont on se demande comment il tient encore», écrivent les professionnels signataires de la tribune du 17 janvier.

Ils poursuivent : «On nous demande de renforcer nos équipes pour les Jeux olympiques. Comment faire quand on perd des médecins ? [...] Certains services seront peut-être contraints de fermer. Beaucoup devront réduire la présence médicale. Certaines urgences encore ouvertes devront demander aux Samu de réguler l'accueil des patients là où ce n'est pas déjà le cas. Les patients les moins malades seront renvoyés.»

Pour éviter cela, l'intersyndicale souhaite que les médecins étrangers puissent accéder à la régularisation en fonction de leur expérience avant tout. Elle appelle également à la fin des OQTF «pour les professions médicales dont nous avons tant besoin» et recommande «l'ouverture d'un vecteur législatif redéfinissant le plein exercice des Padhue», leur salaire et leur statut, «comme en Allemagne et en Suisse».

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