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Tabagisme : interdiction de vente avant 21 ans, hausse des taxes… Voici les propositions chocs du comité de lutte

«La mesure la plus efficace serait d augmenter les prix des cigarettes de 10% par an, par le biais des hausses des taxes», selon Yves Martinet, le président de la CNCT. [Vicky gharat/Pixabay]

Yves Martinet, le président du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) détaille pour CNEWS les propositions fortes faites par son association pour lutter contre les dérives du tabac en France.

Des pistes pour combattre la première cause de mortalité prématurée et évitable en France. Pneumologue et professeur au sein de l’université de Lorraine, Yves Martinet, également président du Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) a livré à CNEWS les propositions fortes faites par son association pour lutter contre les dérives du tabac en France.

Alors que le tabagisme provoque 75.000 décès par an dans l’Hexagone, les pistes énumérées par son association, créée en 1868, pourraient servir de base de travail au ministère de la Santé pour le prochain Programme National de Lutte contre le Tabac (PNLT), qui doit être annoncé dans les prochaines semaines.

Quels sont les objectifs du Livre blanc réalisé par la CNCT avec le soutien financier de l’Alliance contre le tabac (ACT) et du fonds de lutte contre les addictions ?

Le but est d’arriver à une génération sans tabac en 2032 comme l’a dit le président Emmanuel Macron. C’est-à-dire qu’en 2032, on vise l’objectif de moins de 5% de fumeurs majeurs en France. Voici l’objectif global. 

C’est quelque chose qui est faisable car des pays y sont arrivés. Pour parvenir à une génération sans tabac, il faut savoir que 90% des jeunes qui fument commencent à fumer avant 18 ans. On part de cette observation pour arriver à l’objectif. 

Quels sont les mesures fortes proposées pour parvenir à ces objectifs ?

Ce que l’on propose, c’est d’abord le report de l’âge légal de vente de produits du tabac et de la nicotine de 18 à 21 ans. Il y a déjà des pays qui le font, ce n’est pas du tout exceptionnel.

La deuxième chose serait d’instaurer des contrôles des interdictions de vente des produits du tabac et de la nicotine aux moins de 18 ans. Actuellement, ce n’est pas le cas. En France, les buralistes ne respectent pas la loi et vendent du tabac à des mineurs alors que la loi leur interdit. A ce sujet, quand Gabriel Attal (actuel ministre de l’Action et des Comptes publics) dit qu’il est le ministre des buralistes, il devrait s’intéresser un peu plus au fait que ces buralistes ne respectent pas la loi. 

Le troisième point serait consacré à l’augmentation des prix des cigarettes de 10% par an, par le biais des hausses des taxes. Il a été démontré que cette mesure était la plus efficace.

Quatrièmement, nous proposons d’interdire les cigarettes jetables de type «puff», ainsi que les autres cigarettes jetables de ce style. Il faut aussi interdire les «pouches» (les petits sachets de Nicotine à glisser sous la lèvre) et les NicoPods (petites billes de Nicotine à glisser sous la gencive). 

Pour prévenir l’entrée des jeunes dans le tabagisme, la cinquième mesure serait d’interdire complètement les filtres. Ils sont composés de plastique nitrocellulose qui permet aux jeunes d’entrer plus facilement dans le tabagisme car il réduit le côté acre de la fumée de cigarette. 

On est dans le bon sens car l’enquête ESCAPAD 2022 montre qu’il y a eu une baisse importante du nombre de fumeurs parmi les jeunes de 17 ans. On est actuellement à 15,6%, on a baissé de 7 points depuis la dernière enquête en 2017. C’est très positif mais c’est encore insuffisant donc il faut aller plus loin. 

Ce qu’il faut en parallèle, c’est faire en sorte de sortir du commerce du tabac. Pour l’instant, plus un buraliste va vendre de tabac, plus il va gagner de l’argent. Cette incitation au profit, il faut essayer par tous les moyens de la supprimer. Pour cela, on pourra faire payer une somme forfaitaire aux buralistes quelle que soit la quantité de tabac vendue. L’objectif est de réduire progressivement le nombre de bureaux de tabac en France.

Vos propositions ont-elles une chance d’être reprises par le ministère de la Santé pour figurer dans le prochain Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027 ?

Il est clair que certaines mesures ont des chances de se retrouver dans le PNLT 2023-2027. Nous, on est là pour travailler sur le plus long terme. Cinq ans, c’est relativement court, on fait plutôt des propositions sur dix ans. 

Il faut réellement prendre le taureau par les cornes. Ce n’est pas en faisant la danse de la pluie, ou plus précisément celle de l’arrêt du tabac, qu’on va y arriver. Il faut que la volonté politique soit partagée à l’Élysée, à Matignon et à Bercy. Là, c’est un point faible puisqu’on a un ministre qui se dit ministre des buralistes. Il ferait mieux d’être ministre de la Santé des Français. 

Le mercredi 31 mai, lors de la journée mondiale sans tabac, plus de 130 acteurs de la santé et de l’environnement ont demandé l’interdiction des filtres à cigarettes. Ce soutien de poids peut-il aboutir à une interdiction complète des filtres en France ?

L’interdiction ne se fera pas seulement en France mais au niveau européen. Il y a déjà d’autres pays qui sont en première ligne dans ce combat, en particulier la Belgique et les Pays-Bas.

Le filtre est une insulte à la fois à la santé des consommateurs, parce que ça ne les protège absolument pas et c’est une insulte pour la santé de la planète. Le filtre à cigarettes est composé de plastiques toxiques.

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