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Didier Raoult : des médecins demandent des sanctions pour l'essai thérapeutique «sauvage» sur le Covid mené par le professeur

Dans une tribune, des sociétés savantes de médecine mettent en cause l'étude de Didier Raoult sur l'hydroxychloroquine. Menée durant la pandémie de Covid-19 elle n'a, selon elles, pas respecté le cadre juridique.

L'étude de Didier Raoult sur l'hydroxychloroquine est le «plus grand essai thérapeutique "sauvage" connu», selon seize sociétés savantes de médecine. Dimanche 28 mai, elles ont interpellé les autorités dans une tribune, demandant des sanctions pour l'ancien patron de l'Institut hospitalier universitaire (IHU) Méditerranée Infection.

Le texte, publié par Le Monde, reproche notamment aux équipes de l'IHU de Marseille «la prescription systématique, aux patients atteints de Covid-19 (...) de médicaments aussi variés que l'hydroxychloroquine, le zinc, l'ivermectine ou l'azithromycine (...) sans bases pharmacologiques solides, et en l'absence de toute preuve d'efficacité».

Des «effets indésirables qui peuvent être graves» 

Sans compter que, selon ces sociétés impliquées dans la recherche, ces traitements ont été poursuivis «pendant plus d'un an après la démonstration formelle de leur inefficacité». Pire : en avril dernier, l'Agence du médicament (ANSM) a estimé que l'utilisation de l'hydroxychloroquine «expose les patients à de potentiels effets indésirables qui peuvent être graves».

Ce, alors que le Pr. Raoult avait publié, un mois auparavant, un «pre-print», c'est- à-dire une version non-relue par ses pairs, de son étude menée sur plus de 30.000 patients atteints du Covid-19. Voilà pourquoi les auteurs de cette tribune demandent aux autorités de prendre «les mesures adaptées aux fautes commises», au nom de la «sécurité des patients» et de la «crédibilité de la recherche médicale française».

En juillet 2022, une information judiciaire pour «faux en écriture», «usage de faux en écriture» et «recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle» avait déjà été ouverte par le parquet de Marseille, à la suite d'un rapport de l'ANSM. A l'heure actuelle, il n'y a toutefois pas eu de mise en examen.

L'enquête «est en cours»

Un rapport d'inspection accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (Igesr) avait par ailleurs dénoncé les dérives médicales, scientifiques et managériales de l'IHU sous le pilotage de Didier Raoult. Il avait conduit le gouvernement à saisir la justice le 5 septembre dernier mais, sur ce volet, le parquet de Marseille est toujours en phase d'analyse.

Le ministre de la Santé, François Braun, a indiqué dimanche que l'enquête sur le mode de fonctionnement de l'IHU de Marseille «est en cours». «Je n'en dirai pas plus», a-t-il prévenu, avant de préciser que les investigations portent bel et bien sur le nouvel essai clinique «sauvage».

Depuis l'été 2021, Pierre-Edouard Fournier a pris la suite de Didier Raoult à la tête de l'IHU Méditerranée. A la retraite, le Pr. Raoult reste professeur émérite et encadre deux thèses ayant commencé avant son départ, selon un porte-parole de l'institution.

Tous les essais cliniques impliquant la personne humaine ont été suspendus depuis l'arrivée du Pr. Fournier au sein de l'établissement. Sans donner d'horizon temporel, un porte-parole de l'agence du médicament a indiqué que «la prochaine étape est le suivi et, potentiellement, la levée des injonctions faites à l'IHU, comme sur les essais cliniques. Il faut qu'ils démontrent qu'ils ont répondu aux attentes».

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