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Cancer : les Français minimisent le rôle du tabac et de l'alcool en tant que facteurs de risque

A peine plus d'une personne interrogée sur deux considère que boire de l’alcool favorise certainement l’apparition d’un cancer. [Unsplash/Kelsey Chance]

Ce lundi 30 janvier, l'Institut national du cancer et Santé publique France ont publié le Baromètre cancer 2021, qui pointe une sous-estimation en France du lien entre alcool, tabac et cancer.

S'il est scientifiquement avéré que le tabac et l'alcool sont les deux premiers facteurs de risque évitables de cancer, leur implication est toujours minimisée par les Français. Publié ce lundi 30 janvier, le baromètre 2021 de l'Institut national du cancer et Santé publique France montre que cette mise à distance du risque concerne surtout les consommateurs, qui tentent ainsi de se rassurer.

La perception globale du risque de cancer lié au tabac est élevée puisque plus de huit personnes sur dix en font état. Mais, dans le détail, 1 fumeur sur 2 place au moins un des seuils de dangerosité (nombre de cigarettes fumées par jour ou nombre d’années de tabagisme) au-dessus du niveau de sa propre consommation.

Ces seuils sont en recul depuis 2005 mais restent très élevés en raison de cette minimisation. Ainsi, les fumeurs pensent que le risque de cancer lié au tabac existe à partir de 9,2 cigarettes fumées par jour et 13,4 années de tabagisme. Plus d’un fumeur sur cinq considère même qu’il existe un risque de cancer lié au tabac seulement au-delà de 20 cigarettes fumées par jour.

En réalité, les effets négatifs du tabac sont observés même chez ceux qui ne fument qu'une cigarette par jour. Le risque de développer un cancer lié au tabac dépend de la consommation quotidienne mais surtout de la durée du tabagisme. Plus on fume longtemps, même peu, plus les risques augmentent.

Le tabac est impliqué dans 80% des cancers du poumon, 70% des cancers des voies aérodigestives et 50% des cancers de la vessie. L'arrêt total et définitif est le seul moyen de se protéger, selon l'Institut national du cancer.

Concernant l'alcool, la population semble moins bien informée qu'elle le pense. Si les trois quarts des interrogés disent connaître les risques, à peine plus d'une personne sur deux considère que boire de l’alcool favorise certainement l’apparition d’un cancer. 80% des Français pensent que «certaines personnes peuvent boire beaucoup toute leur vie sans jamais avoir de cancer». Cette opinion est plus fréquemment exprimée par les consommateurs.

Par ailleurs, 82,2% de la population continue à penser que le principal danger de l’alcool demeure les accidents de la route et la violence. 57,4% des Français sont convaincus que la pollution provoque plus de cancer que l’alcool et 1 personne sur 2 seulement indique qu’un verre d’alcool par jour augmente le risque de cancer. 23,5 % des interrogés pensent même que boire un peu de vin est plus efficace pour diminuer le risque de cancer que le fait de ne pas boire du tout.

28.000 nouveaux cas de cancers sont pourtant liés à une consommation excessive d'alcool chaque année. Les recommandations officielles conseillent de ne pas dépasser dix verres par semaine ou deux verres par jour, et d'observer au moins deux jours sans alcool par semaine. En 2020, 23,7 % de la population âgée de 18 à 75 ans dépassait ces seuils de consommation.

L'idée d'instaurer des mesures contraignantes pour réduire la consommation reste source de résistance, en particulier concernant l'alcool. L’augmentation du prix remporte l'adhésion de 23,8 % des personnes interrogées pour le tabac, contre seulement 14,6 % pour l’alcool. La tendance est la même pour l’interdiction de vente, à respectivement 17,5 % et 9,6 %.

Des inégalités selon les catégories sociales

Les Français préfèrent miser sur l'accompagnement des buveurs et fumeurs qui souhaitent arrêter. L'idée qui remporte l'adhésion la plus forte est celle qui consiste à renforcer l'interdiction de vente aux mineurs. Une mesure qui ne concerne donc pas les propres habitudes des interrogés, en très grande majorité majeurs.

L'Institut national du cancer souligne qu'en matière de perception des risques, des inégalités apparaissent selon les catégories sociales. D'après les données, les Français les moins diplômés et aux revenus plus faibles sont plus nombreux à sous-estimer les facteurs de risque avérés de cancers auxquels ils s'exposent. Ils sont plus susceptibles d'adopter des comportements moins protecteurs de leur santé.

La question de la sensibilisation à ces problématiques est donc cruciale, mais 56,1% des interrogés estiment «qu’il y a tellement de recommandations différentes concernant le cancer qu’il est difficile de savoir lesquelles suivre». D'après le baromètre, la télévision est la première source d'information des Français (55,9%), qui la considèrent fiable à seulement 27%. Viennent ensuite Internet et les réseaux sociaux (36,6%), dont la fiabilité est évaluée à 17,4%.

A l'inverse, l’information par les professionnels de santé bénéficie d’un capital confiance très élevé (83,3 %), mais ils ne sont cités comme source d’information sur les cancers que par 20,2 % des interrogés. L'institut national du cancer insiste donc sur la nécessité de renforcer le rôle des médecins et soignants dans l'information et l'accompagnement des Français face aux cancers, notamment en matière de prévention.

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