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Calvi : "je n’ai pas encore réussi à mettre ma patte" sur RTL Matin

[Elodie GREGOIRE pour RTL ]

C’est un nouveau défi. Après avoir abandonné, cet été, la présentation de Mots croisés sur France 2, Yves Calvi présente, depuis le 25 août, RTL Matin de 7h à 9h30, tout en continuant à proposer C dans l’air sur France 5. Un exercice radiophonique qu’il aborde sereinement même s’il avoue chercher encore ses marques.

 

Quelles sont vos premières sensations à la tête de la matinale de RTL ?

J’ai l’impression qu’on fait notre boulot, d’être avec une équipe compétente, et je crois que nous faisons une très belle matinale. Dans ce flux d’informations, et on est gâté car l’actualité est très riche depuis qu’on a démarré (le 25 août, ndlr) puisqu’il y a eu une crise politique qui est devenue une crise gouvernementale, un remaniement, etc., il y a beaucoup de choses à amener à nos auditeurs et je pense que nos rendez-vous sont bons. Et je voudrais, dans ce qui s’apparente un peu à un saut d’obstacles pendant deux heures et demi, trouver mon tempo, mon rythme, et ce côté un peu plus détendu et plus chaleureux qui correspond à ma nature et que je n’arrive pas encore à imposer car je subi encore un peu la grille (de l’émission, ndlr), même si j’en suis le co-auteur.

 

Comment comptez-vous y remédier ?

C’est quelque chose d’un peu particulier, car tout repose sur le présentateur, en même temps celui-ci n’est qu’un passe-plat, mais ce doit être un passe-plat intelligent, amical et rigoureux. Toute la matinée, on se pose des questions sur ce que nous allons mettre ou pas dans nos journaux, comment on les construit, jusqu’où nous devons aller. Il faut bien équilibrer les choses. Je pense qu’il faut que je me libère un peu plus de mon costume de "matinalier" pour redevenir Yves Calvi. Je ne peux pas le dire autrement. Je suis sur un circuit dont je ne connais pas encore parfaitement les allés, les endroits où je peux accélérer et où je peux ralentir.

 

Vous êtes un peu un chef d’orchestre de l’information qui cherche la bonne manière de diriger…

Voilà, et je n’ai pas encore réussi à mettre vraiment ma patte. Mais je sais que l’orchestre est bon et je sais que la symphonie est belle. Là-dessus, je n’ai aucun doute.

 

Vous aviez refusé par le passé de présenter des matinales. Pourquoi avoir accepté cette proposition ?

J’ai simplement senti que c’était le moment, que ça valait le coup. Nous sommes cette année dans de l’hyperconcurrentiel. Je démarre une matinale au moment où Laurent Ruquier vient remplacer, enfin, succéder à Philippe Bouvard – parce qu’on ne remplace pas Philippe Bouvard et je le pense sincèrement – et cette proposition s’est imposée à moi. Je n’avais pas de fantasme de la matinale. Il est clair que j’ai plutôt tendance à aimer faire de la radio le matin, que je trouve agréable de venir assez tôt, et je pense que découvrir le monde avec nos auditeurs est quelque chose de formidable. C’est très motivant. Et là je me suis dit que j’avais envie de le faire. RTL, 1ère radio de France, c’est un super objectif. Il se passe des choses dans ma radio, il y a du mouvement, et en face, ils sont tous très bons, donc je me suis dit "vas-y". C’est un challenge pour moi. Cela fait 25 ans que je n’avais pas présenté la matinale, et c’est un exercice qui exige d’être prêt physiquement et psychologiquement.

 

Les matinales à la radio se font une concurrence féroce. L’audience de RTL est en baisse. Cela ajoute-t-il une pression particulière ?

Aucunement. Cela ne fait qu’ajouter de la motivation. C’est très étrange, mais je suis serein. Et je le suis d’autant plus que notre force, c’est de parler à tout le monde. On pense à nos auditeurs, on a tout ce qu’il faut pour donner des éclairages sur l’actualité, et on n’oublie pas que la première chose dans notre métier est de donner l’information avant de la commenter. Et en même temps, nous avons d’excellents commentateurs. J’aborde donc cela avec sérénité tout en sachant que c’est dur, qu’on doit se battre, et qu’il faut savoir se remettre en question. Il y a Patrick Cohen à France Inter, j’ai débuté avec lui à Rfi, on a été jeunes journalistes ensemble à France Info, et je vous le dit franchement, je le tiens pour un grand talent, et cela me fait extrêmement plaisir de savoir qu’il est là-bas. Notre combat pour faire la meilleure matinale de France n’en prend que plus d’intérêt. Tout cela me stimule.

 

Quels sont les ingrédients nécessaires pour s’imposer ?

Il faut penser à ceux qui nous écoutent, et il se trouve que c’est la signature de RTL depuis toujours. Je suis en accord avec le journalisme que j’ai envie de pratiquer, avec la rédaction qui vit et travaille avec moi, et avec ce que cette antenne montre depuis des années. On a toujours été une radio grand public qui n’oublie pas qu’il peut y avoir des chefs d’entreprises et des leaders d’opinion qui nous écoutent, tout comme des personnes au chômage, et que tous les publics doivent, à un moment ou à un autre, pouvoir se reconnaître dans la couleur de RTL.

 

Vous êtes passé chez Europe 1 et France Inter auparavant. En quoi RTL est-elle différente de ses principales concurrentes selon vous ?

Le climat de travail et le souci de l’auditeur. J’ai été très heureux dans toutes les radios où j’ai travaillé, pour des raisons différentes. À RTL, il y a un climat de travail qui est exceptionnel parce que toutes les difficultés sont transcendées par ce qu’on appelle l’antenne. C’est-à-dire qu’à un moment, les tensions – tout à fait légitimes qu’il peut y avoir, les problèmes d’egos, la volonté de décrocher les meilleurs invités, d’avoir la meilleure émission, et même les tensions internes inhérentes à une grande maison de radio – sont dépassées par le souci de ce qu’on va ramener à l’antenne et la façon dont on va servir nos auditeurs. Je suis sûr que Marc-Olivier Fogiel pense la même chose, Stéphane Bern également. Et c’est apaisant. Surtout dans cet environnement concurrentiel.

 

Arrêter "Mots croisés" sur France 2 a-t-il été un choix difficile ?

Non. Et là aussi, je suis parfaitement serein. J’ai présenté Mots Croisés pendant huit ans avec énormément de plaisir, avec une équipe que j’avais choisi. C’est une émission qui m’a été donné dans de bonnes conditions par Arlette Chabot – et je pense aujourd’hui la confier dans de bonnes conditions à Anne-Sophie Lapix – et j’ai l’impression d’avoir fait mon travail. RTL était là, j’ai dit oui à cette proposition presque comme une évidence, et il était hors de question que j’arrête C dans l’air qui est l’autre pilier de ma vie professionnelle et que j’aime tellement faire. Qu’est-ce qui restait ? Il y a un moment où même les gros gourmands comme moi doivent faire un choix. Alors j’ai décidé d’arrêter France 2. J’y ai plein de copains, j’ai travaillé avec des directions qui m’ont fait confiance, avec des équipes techniques et des journalistes avec lesquels j’étais en très bonne harmonie, et voilà. J’ai fait huit ans, et c’est très bien que quelqu’un d’autre vienne apporter un peu de "peps" dans tout cela.

 

"C dans l’air" continue d’enchaîner les succès d’audience. Comment expliquez-vous un tel plébiscite de la part des téléspectateurs ?

Nous vivons la chose la plus formidable qui puisse arriver à une équipe de journalistes, c’est-à-dire que nous avons un public qui nous fait confiance. Dans un univers où les sollicitations sont absolument monstrueuses et faramineuses, où la concurrence est énorme et où les journalistes sont mis en cause - au même titre que les hommes politiques, les professeurs à l’école, les pompiers qui se prennent des frigos quand ils arrivent dans une cité ou les patrons du CAC 40 - cette émission reste un espace où, visiblement, les téléspectateurs pensent encore qu’on les informent et que cela est fait correctement, proprement, honnêtement. Moi, j’en atteste. Nous ne sommes pas encore trop touchés par cette société française qui se méfie de tout, et de son contraire, et de son voisin.

 

Vous avez pourtant eu votre lot de controverses, notamment à propos du manque de parité homme-femme chez vos invités.  

Oui. (Pause) L’émission est carrée. Elle a été conçue intelligemment par un producteur (Jérôme Bellay, ndlr) qui y a mis le fruit de son expérience. Un jour, il a dit qu’il y aurait quatre ou cinq invités, trois reportages avec une marque "C dans l’air", etc. Il voulait également un présentateur qui parle à son public, et cette alchimie-là, elle a fonctionné, elle est née dans sa tête, et je pense qu’elle peut durer très longtemps. Après, c’est tout à fait normal qu’on fasse l’objet de critiques. La présence des femmes, il fallait que nous fassions un effort et, vous l’imaginez bien, il n’y avait aucune volonté de notre part de ne pas les représenter. Nous avons la chance d’avoir établi un lien de confiance avec les téléspectateurs et ils sont là. Encore faut-il qu’on fasse notre boulot. Il y a une pression quotidienne qui est assez saine.

 

Est-ce imaginable que vous puissiez quitter "C dans l’air" pour vous consacrer entièrement à la matinale de RTL ?

Non, je ne le conçois pas. Dans la décision qui a été la mienne, j’ai soustrait France 2. Ce n’était pas facile à faire car il s’agit tout de même de la première chaîne du service public, que j’étais fier d’y travailler et que j’avais de très belles équipes avec moi. J’ai en revanche autour de moi une direction à RTL et un producteur à France 5 qui ont accepté d’aménager au mieux ma vie professionnelle pour que cela fonctionne.

 

Pensez-vous qu’il y ait un style "Yves Calvi", notamment cette capacité à formuler des questions simples comme le ferait n’importe quel citoyen et qui est parfaitement illustré par les questions SMS dans "C dans l’air" ?

On me dit ça. Je vais vous dire que pour moi, ce n’est pas un style. Je ne vais pas me cacher derrière mon petit doigt. Je suis assez surpris de voir qu’il y a encore des intervieweurs qui ne se demandent pas en permanence les questions que se posent les personnes en train de les regarder. C’est une règle du journalisme. Nous sommes payés pour nous intéresser au monde qui tourne, je considère cela comme un immense privilège, et partant de là, je souhaite que, si j’écris, qu’on lise mon journal, quand je parle à la radio, je veux qu’il y ait le plus grand nombre d’auditeurs de l’autre côté, pareil à la télévision. Pas à n’importe quel prix. Parce que le journalisme fonctionne avec des règles. Une des choses qui me fait le plus plaisir, c’est quand on me dit "souvent je me pose une question, et vous la posez à ce moment-là". J’essaie de toujours me demander ce que peuvent ressentir les téléspectateurs à la télévision, ou les auditeurs sur RTL.

 

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