En direct
A suivre

A l'UMP, les semaines catastrophiques se suivent et se ressemblent

Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, membres du triuvirat à la tête de l'UMP, et Luc Chatel, secrétaire général par intérim du parti, donnent une conférence de presse à Paris, le 8 juillet 2014  [Kenzo Tribouilard / AFP/Archives] Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin, membres du triuvirat à la tête de l'UMP, et Luc Chatel, secrétaire général par intérim du parti, donnent une conférence de presse à Paris, le 8 juillet 2014 [Kenzo Tribouilard / AFP/Archives]

L'UMP vient d'achever une nouvelle semaine désastreuse pour son image: ses ténors ont rivalisé d'attaques et de révélations croisées, un audit financier a révélé une dette abyssale du parti et Nicolas Sarkozy est menacé par une nouvelle enquête.

La première semaine de juillet avait déjà été particulièrement rude: Nicolas Sarkozy, mis en examen pour "corruption active" et "trafic d'influence", mettait en doute l'indépendance des juges dans une retentissante interview accordée à TF1 et Europe 1.

Une nouvelle enquête vise désormais l'ancien président, cette fois pour "abus de confiance": la justice s'intéresse au paiement par l'UMP d'une partie des pénalités infligées personnellement à Nicolas Sarkozy pour avoir dépassé la limite de dépenses pour la campagne de 2012.

Le reste de l'UMP s'est lui débattu dans une avalanche de révélations visant principalement les proches de Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé.

La première salve a été lancée dimanche dernier. Mis en cause: Jean-François Copé, qui a fait régler par son parti 24.000 euros de billets d'avion pour sa femme lorsqu'il dirigeait encore la formation. Un "rôle de représentation", a-t-on assumé dans l'entourage du député-maire de Meaux.

Brice Hortefeux entouré de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, arrive à la "Fête de la Viollette", un rassemblement de partisans de Nicolas Sarkozy le 5 juillet 2014  [Guillaume Souvant  / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
Brice Hortefeux entouré de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, arrive à la "Fête de la Viollette", un rassemblement de partisans de Nicolas Sarkozy le 5 juillet 2014

Autres mis en cause: Brice Hortefeux et Geoffroy Didier, deux sarkozystes, pour la rémunération (6.200€ nets) que le premier accordait au second, sur les fonds de l'UMP, en tant que collaborateur.

C'est ensuite Rachida Dati qui s'est agacée de se voir accusée de faire rembourser par l'UMP des factures de téléphone astronomiques.

M. Copé, muet depuis sa démission de la présidence de l'UMP mi-juin, est sorti de sa -courte- réserve pour dénoncer "les règlements de comptes personnels (qui) rendent l'UMP inaudible", accusant à demi-mot, comme ses proches, les "fillonistes" d'être à l'origine des révélations.

Mais celles-ci ont aussi touché, par ricochet, d'autres camps. Le non-aligné Xavier Bertrand a produit des factures pour prouver qu'il ne s'était pas fait payer par l'UMP un réveillon familial à Center Parcs, tandis que les entourages de Jean-François Copé et Bruno Le Maire ont dû assurer que l'emploi de leurs femmes comme collaboratrices à l'Assemblée n'était pas des emplois fictifs.

Dernier visé, François Fillon lui-même, dont des allers-retours en jet et en hélicoptère en 2006 et 2007 ont été rappelés au bon souvenir des Français, des déplacements "justifiés" et "transparents" selon son entourage.

Pendant ce temps, le grognard Henri Guaino s'est dit "fatigué des leçons" prodiguées par Alain Juppé à M. Sarkozy sur l'indépendance de la justice tandis que Rachida Dati s'en est pris dans une série de tweets assassins à son meilleur ennemi, François Fillon...

- 'Des boules puantes pour tout l'été' -

La députée européenne Rachida Dati participe à la "Fête de la Violette" à  La Ferte-Imbault, le 5 juillet 2014 [Guillaume Souvant  / AFP/Archives]
Photo
ci-dessus
La députée européenne Rachida Dati participe à la "Fête de la Violette" à La Ferte-Imbault, le 5 juillet 2014

"Il faut se serrer les coudes!" "Je n'en peux plus, c'est insupportable!" Tel Don Quichotte, le secrétaire général intérimaire de l'UMP Luc Chatel, a tenté de colmater les brèches avec d'aussi inaudibles qu'innombrables appels à l'unité et au calme envers sa famille politique. Plusieurs figures du parti ont elles aussi appelé au cessez-le-feu.

Cette série sans fin de micro-scandales moraux a tout de même réussi un exploit, celui de faire passer au second plan les conclusions de l'audit financier de l'UMP: une dette abyssale de 74,5 millions d'euros.

L'UMP est-elle en danger de "mort", comme l'affirment certains? Non, a répondu Alain Juppé mardi, à condition de se plier à des "exigences fortes", et notamment à une très forte réduction de la voilure.

Mais même avec une discipline de fer, l'avenir s'annonce sombre: après-2017, l'UMP aura encore 55 M d'euros de dette en suspens, selon le cabinet d'audit.

L'UMP va-t-elle réussir à aller de l'avant? Luc Chatel a lancé une mission d'inspection pour comprendre d'où viennent les "boules puantes", dont pourrait être chargé un ancien ministre dès vendredi.

Objectif? Apaiser les tensions, alors que Jean-Pierre Raffarin (et même M. Juppé, selon certaines sources) a songé lui-même à lâcher la barque du triumvirat à la tête du parti.

Mais jusque dans l'entourage de l'un des trois membres du triumvirat, on exprimait un fort scepticisme sur l'opportunité et le succès de cette mission.

"L'ambiance est vraiment lourde, tout ça devient vraiment du cirque", se désolait vendredi un ancien ministre.

"Il y a des boules puantes pour tout l'été. Chacun a des munitions sur les autres", prévient un proche de l'un des mis en cause.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités