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L'affaire Bygmalion, un obstacle de plus sur la route du retour de Sarkozy

L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, avant un discours, à Nice, le 9 mars 2012 [Valery Hache / AFP/Archives] L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, avant un discours, à Nice, le 9 mars 2012 [Valery Hache / AFP/Archives]

Les rebondissements de l'affaire de fausses factures autour du financement de la campagne présidentielle de 2012 rendent encore plus incertain le retour de Nicolas Sarkozy, qui devra écarter de nombreux obstacles politiques et judiciaires avant d'espérer une revanche en 2017.

M. Sarkozy va-t-il prendre la parole publiquement ? Pour l'instant, c'est Brice Hortefeux, seul proche réellement habilité à parler en son nom, qui s'est plié à l'exercice sur RTL: l'ex-chef de l'Etat, qui se trouvait lundi en Israël et a rencontré Mariano Rajoy et le roi Juan Carlos mardi à Madrid, est "très mécontent de voir son nom associé à cette curieuse actualité".

La curiosité, c'est l'affaire Bygmalion, devenue lundi "l'affaire des comptes de campagne" de M. Sarkozy selon l'avocat de cette société de communication fondée par deux proches de Jean-François Copé. Le président de l'UMP, poussé à la démission mardi matin, était jusqu'ici la principale cible des révélations de presse dans ce dossier.

Mais lundi soir, dans une hallucinante interview accordée à BFM TV, son plus proche collaborateur, Jérôme Lavrilleux, par ailleurs directeur-adjoint de la campagne de M. Sarkozy en 2012, a confirmé les accusations de Me Patrick Maisonneuve, avocat de Bygmalion. Des prestations fournies par cette société ont été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées à des comptes de campagne, déjà rejetés par le Conseil constitutionnel avec à la clé une ardoise de 11 millions d'euros effacée par la générosité des militants et sympathisants lors d'un "Sarkothon" inédit.

La première salve de la riposte n'a pas tardé avec le démenti, dès lundi soir, de l'ex-trésorier de la campagne, Philippe Briand. Surtout, M. Lavrilleux "n'avait jamais informé Nicolas Sarkozy de ces sujets", a pris soin de souligner Brice Hortefeux.

Outre le fait qu'elle rebat entièrement les cartes à l'UMP, cette affaire est un nouvel obstacle pour un retour de M. Sarkozy dans la perspective de l'élection présidentielle de 2017.

- "Il est plus en réaction qu'en initiative" -

L'ancien chef d'Etat et candidat à la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy, lors d'un meeting de campagne à Toulon, le 3 mai 2012 [Claude Paris / Pool/AFP/Archives]
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L'ancien chef d'Etat et candidat à la présidentielle de 2012, Nicolas Sarkozy, lors d'un meeting de campagne à Toulon, le 3 mai 2012

Depuis sa défaite de 2012, l'ancien président s'est régulièrement rappelé au souvenir des Français en envoyant des "cartes postales" régulièrement aux Français mais en restant avare en déclarations publiques: un communiqué laconique sur la Syrie en août 2012, un autre annonçant son départ du Conseil constitutionnel après le rejet de ses comptes de campagne, quelques messages sur Facebook pour remercier les militants et sympathisants ayant donné leur argent pour payer l'ardoise.

Plus récemment, entre des conférences internationales, une apparition à un meeting de Nathalie Kosciusko-Morizet et l'inauguration d'un établissement médical à Nice, l'ancien maire de Neuilly a pris sa plume à deux reprises pour livrer une charge au vitriol contre les écoutes judiciaires le concernant puis, la semaine dernière, pour distiller quelques propositions sur l'Europe. Une ultime contribution à "l'impact extrêmement faible" sur le scrutin de dimanche, selon Frédéric Dabi, de l'Ifop.

"La stratégie des cartes postales est plutôt bonne. Une défaite à la présidentielle vous marque au fer rouge et un retrait du champ politique vous fait prendre le risque de vous faire oublier par les Français. (...) Le problème, depuis plusieurs mois, est que ce n'est plus Nicolas Sarkozy qui maîtrise l'agenda de son retour, il est plus en réaction qu'en initiative", poursuit M. Dabi.

L'ex-chef de l'Etat est déjà entravé dans sa stratégie par plusieurs autres affaires judiciaires autour de lui ou de certains de ses proches: les accusations de financement libyen, l'affaire des sondages de l'Elysée, celle de l'arbitrage Tapie avec la garde à vue infligée lundi à son ex-collaborateur Claude Guéant, l'affaire Pérol-BPCE, le dossier Karachi et les soupçons de trafic d'influence avec un magistrat de la Cour de cassation. Sans oublier les enregistrements sauvages de son ex-conseiller venu de l'extrême droite, Patrick Buisson.

Mais les contrariétés sont aussi politiques: M. Sarkozy, selon plusieurs échos distillés par la presse, ne veut pas entendre parler d'une primaire de l'UMP, à laquelle sont prêts à participer les autres ténors du parti. Selon une étude récente de l'Ifop testant les candidats potentiels auprès des sympathisants, il a perdu dix points entre novembre 2013 et mars 2014, à 50%. Alain Juppé (23%), qui reste distancé, a gagné dix points sur la même période.

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