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Affaire Bettencourt: Guaino en correctionnelle pour "outrage à magistrat"

Henri Guaino, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy à Paris, le 2 février 2014 à Paris [Eric Feferberg / AFP/Archives] Henri Guaino, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy à Paris, le 2 février 2014 à Paris [Eric Feferberg / AFP/Archives]

Henri Guaino, ancien conseiller du président Nicolas Sarkozy, est renvoyé en correctionnelle pour "outrage à magistrat" pour ses propos contre le juge de l'affaire Bettencourt Jean-Michel Gentil, qu'il avait accusé d'avoir "déshonoré la justice", a-t-on appris jeudi de source proche du dossier

Le député UMP est également poursuivi pour "discrédit jeté sur une décision de justice".

Une première audience destinée à fixer la date du procès devant la 17e chambre correctionnelle de Paris doit avoir lieu le 27 mai.

Le 22 mars 2013, Henri Guaino avait estimé que le juge Jean-Michel Gentil avait "déshonoré la justice" en mettant en examen l'ex-chef de l’État Nicolas Sarkozy pour "abus de faiblesse" dans l'affaire Bettencourt.

"Je conteste la façon dont il fait son travail", avait lancé le député UMP sur Europe 1. "Je la trouve indigne, je trouve qu'il a déshonoré un homme, les institutions, la justice".

Ces propos avait suscité notamment l'indignation de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) qui avait saisi le parquet de Paris. Ce dernier avait ouvert une enquête préliminaire, qui a débouché sur ces poursuites.

Après l'ouverture de cette enquête, l'ombrageux Henri Guaino avait à nouveau marqué sa singularité en disant qu'il ne répondrait aux demandes des policiers chargés d'enquêter sur cette affaire.

Dans un communiqué, le syndicat de magistrats a exprimé sa "satisfaction" devant cette citation devant le TGI qui, dit-il, "vient opportunément rappeler que les décisions de justice se contestent dans les prétoires et non dans les médias, et que le respect dû aux institutions de la République, et à ceux qui les servent, s'impose à tous".

L'USM appelle "ceux qui, prompts à stigmatiser l'action de la justice, ne manqueront pas de contester cette poursuite, à respecter les décisions de justice et à ne pas récidiver en prononçant des propos plus scandaleux encore".

Après la saisine du parquet par l'USM, Henri Guaino avait reçu le soutien d'une centaine de parlementaires de l'UMP qui s'étaient étonnés, dans une lettre ouverte au procureur de Paris, de l'ouverture d'une enquête préliminaire visant leur collègue.

"Comme lui, nous affirmons que le juge (...) a déshonoré la justice en mettant Nicolas Sarkozy en examen", écrivaient les parlementaires en reprenant à leur compte les attaques de l'ancien conseiller de l'ex-président de la République.

"Nous faisons nôtres tous (c)es propos" et "nous entendons assumer toutes les conséquences", avaient-ils expliqué.

Parmi les signataires figuraient notamment Jean-François Copé et ses principaux lieutenants Christian Jacob et Michèle Tabarot. D'autres poids lourds du parti, comme Xavier Bertrand ou Benoist Apparu avaient également signé le document. Les fillonistes, eux, étaient moins nombreux, à l'exception notable de Laurent Wauquiez.

Henri Guaino pour sa part avait justifié sa rébellion en se référant à l'affaire Dreyfus. "Dans l'affaire Dreyfus, ce n'était pas Zola qui contestait l'autorité de la chose jugée, c'était le juge qui avait condamné un innocent", avait-il fait valoir.

A gauche, la porte-parole du PS Laurence Rossignol avait déploré que "la droite sarko-copéiste tente, une fois de plus, d'impressionner les magistrats".

La garde des Sceaux Christiane Taubira avait, elle, saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avis sur "les conséquences pour le bon fonctionnement de la justice" des commentaires visant le juge Gentil. Elle avait également appelé à "la conscience éthique" des élus, en rappelant que "dans un Etat de droit", la parole parlementaire "ne peut se porter inconsidérément sur l’institution judiciaire".

L'ancien président Nicolas Sarkozy a finalement bénéficié d'un non-lieu dans l'affaire Bettencourt.

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