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Qui est Patrick Buisson ?

Patrick Buisson le 15 octobre 2012 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives] Patrick Buisson le 15 octobre 2012 à Paris [Miguel Medina / AFP/Archives]

Très droitier conseiller de l'ombre, l'historien et politologue Patrick Buisson est une figure complexe, controversée, désormais accusée d'avoir trahi la confiance de Nicolas Sarkozy qu'il a fasciné par ses capacités d'analyse.

 

Cet homme de 64 ans érudit, paradoxal - "catholique de tradition", il a signé une somme sur l'érotisme pendant l'Occupation allemande - rêvait d'inspirer aussi la campagne présidentielle de 2017.

Et ce, même si à l'UMP beaucoup lui imputent une responsabilité majeure dans la défaite de 2012, pour cause de rapprochement avec les thèses du Front national.

Buisson "a contribué à décomplexer une grande partie de l'électorat UMP", commentait en juin 2012 Marine Le Pen, la présidente du FN.

"Il voulait faire gagner Charles Maurras", accusait la porte-parole de campagne Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) contre celui qui se dit "royaliste".

"Sarkozy, je ne l'ai pas fini", avait confié le conseiller à l'été 2013 à un journaliste.

La publication d'enregistrements sauvages, effectués par ses soins, de réunions élyséennes et de conversations privées, risque fort désormais de doucher cette ambition.

D'autant que si l'on en croit l'UMP Henri Guaino, il y a des centaines d'heures en réserve... Leur diffusion au goutte-à-goutte relèverait du supplice chinois pour son mentor Sarkozy, auquel il ressemble par sa faconde laissant peu de place aux interlocuteurs.

Grand, marchant légèrement voûté, physique austère - crâne chauve, lunettes - Patrick Buisson est "un homme d'intuition", selon un de ses anciens clients sondeurs, qui salue sa capacité à être "intéressé par les choses iconoclastes".

En 2005, il surprend et séduit Nicolas Sarkozy en prophétisant un non massif au référendum constitutionnel européen, quand presque tous prévoyaient la victoire du oui.

 

- Visiteur sans bureau -

 

A l'Elysée, après la victoire de 2007, il était un visiteur régulier du président mais sans bureau ni fonction dans l'organigramme.

Tous alors sollicitaient ses conseils, son éclairage, se rengorgeait-il en privé, dans son bureau de la chaîne Histoire qu'il dirige, envahi par les livres.

Y compris, selon lui, François Baroin ou NKM, ses critiques les plus résolus.

C'est à ce titre de conseiller que M. Buisson se retrouve au cœur de l'affaire de sondages commandés, notamment à sa société Publifact, par l'Elysée, sans appel d'offres, qui font l'objet d'une enquête judiciaire.

Docteur en Histoire - sa thèse portait sur les relations France-Algérie - M. Buisson, intellectuel hypercultivé, est un avocat de l'union des droites, jusqu'à l'extrême.

Discours sur l'identité nationale, sécurité, immigration, suspension de Schengen, référendum pour réformer l'assurance-chômage: autant de trouvailles martelées dans les meetings sarkozystes, attribuées à cette éminence grise ("l'Hémisphère droit de Sarkozy" avait titré Le Monde).

Dans les adresses du candidat Sarkozy "aux petits, aux sans-grade", beaucoup voyaient une partition signée de cet expert friand d'enquêtes d'opinion.

Un de ses objectifs: reconquérir les classes moyennes paupérisées, exilées aux marges périurbaines qui se tournent vers le FN.

On ne prête qu'aux riches: c'est aussi à celui qui se dit "politologue et non politique" qu'on attribue la "droite décomplexée" théorisée par Jean-François Copé.

Ce regroupement voulu des droites, M. Buisson l'a illustré par son propre parcours: de l’hebdomadaire Minute qu'il a dirigé, à l'UMP, en passant par le souverainiste Philippe de Villiers et même une offre de service aux centristes, selon un haut responsable.

"Plus personne ne lit Marx", s'indignait M. Buisson l'an dernier, "même pas Mélenchon", qui avait assisté en 2007 à la remise de la Légion d'honneur à Buisson par le président Sarkozy.

Le conseiller serait-il "le poison de la droite" comme l’affirme le socialiste Julien Dray?

Dans une très surprenante tribune au Point datant du 12 juin 2013, son propre fils, Georges Buisson, traçait un portrait en demi-teinte de son père, "passé maître dans l'art de déceler les ressorts cachés de l'opinion".

Le texte s'achevait par une formule énigmatique: "le Semeur lançait aussi ses graines dans les buissons d'épines"...

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